En souvenir de nos amis américains : Cassidy, Sabalot et Bob Schow

Notre camarade le général ERNOULT DE LA CHENELIERE nous rappelle opportunément ce que nos Services doivent aux attachés militaires USA en poste à Vichy de 1941 à fin 1942.

C’est par eux que l’essentiel de ce que nous savions parvenait aux alliés, c’est par eux que nous parvenaient les précieux encouragements à poursuivre la lutte.

Tom CASSADY, attaché de l’Air près l’ambassade USA avait rejoint volontairement en 1917 l’escadrille Lafayette ; 9 avions allemands descendus figuraient à son tableau de chasse. Il était titulaire de la Légion d’honneur et de la croix de guerre avec 5 citations. Fait prisonnier par les allemands en novembre 1942 à la suite de l’invasion de la zone dite libre, il fut libéré par échange en 1944 et fut affecté à l’O.S.S. jusqu’en 1946.

Un grand ami de la France, tout comme l’attaché naval SABALOT et Bob SCHOW, l’attaché de l’armée de terre.

Nous gardons avec reconnaissance leur souvenir.




Pierre MONDANEL a reçu les insignes de commandeur de la Légion d’Honneur

Une grande joie et un grand honneur pour notre Association : M. Pierre MONDANEL a reçu les insignes de commandeur de la Légion d’Honneur

L’historique court de l’Hôtel de Ville de PONT-DU-CHATEAU servait de cadre, samedi 24 Mars 1973, à une cérémonie en l’honneur d’un illustre enfant du pays, M. Pierre MONDANEL, Directeur honoraire au Ministère de l’Intérieur, ancien résistant, ancien déporté, Délégué Régional de l’ASSDN., à qui l’on allait remettre les insignes de Commandeur de la Légion d’honneur.

De nombreuses personnalités s’étaient donné rendez-vous pour apporter leur témoignage d’estime au nouveau promu. MM. BOULAY, député, président du Conseil Général ; PETIT, Secrétaire général de la Préfecture, représentant le Préfet de région ; le Colonel de GALEMBERT, commandant le B.A. 745 ; le Chef d’escadron NATALI, Adjoint au commandant du Groupement de Gendarmerie du Puy-de-Dôme ; CAMBE, Commissaire divisionnaire de la Police judiciaire ; BRIGE, Directeur inter­départemental, et BONAFOUS, Chef du Service départemental de l’Office des A.C.V.G. ; FLEURY, Secrétaire général du Rectorat, représentant M. HABY ; le Colonel PAILLOLE, Président National de l’A.A.S.S.D.N. ; Pierre CHENEVIER, Président de la Fédération des Amicales des Réseaux de la France Combattante, et le Colonel BOITTE, de l’A.A.S.S.D.N. (tous deux parrains du décoré) ; Robert HUGUET, Compagnon de la Libération ; BAC, LALLEMAND, et de nombreux déportés ; plusieurs Conseillers généraux et Maires étaient accueillis par M. Jean ALIX, Maire de PONT­-DU-CHATEAU, entouré de ses Adjoints et Conseillers municipaux.

La Cérémonie du 24 Mars 1973

Autour du perron de l’Hôtel de Ville, sur lequel allait se dérouler la cérémonie, on remarquait une délégation de l’A.A.S.S.D.N., les membres des Associations locales d’Anciens Combattants et Victimes de guerre et leurs drapeaux ; différentes organisations locales, etc… Le public ceinturait l’enceinte de la place pour suivre la cérémonie.

Avant de procéder à la remise de la décoration, M. Pierre CHENEVIER prononça une émouvante allocution. Après avoir souligné tout le plaisir et l’honneur qu’il avait de décorer un ami de vieille date, il tint à évoquer longuement la carrière exceptionnelle et les brillants états de service dans la Résistance de M. Pierre MONDANEL. « Non content de vivre l’Histoire, vous l’avez écrite !». II salua ensuite avec émotion la mémoire de Madame MONDANEL, décédée des sévices de la Gestapo lors de l’arrestation de son mari. Puis, après avoir prononcé la formule rituelle, il fixa la cravate de Commandeur de la Légion d’honneur autour du cou de notre prestigieux Délégué régional.

Allocution de M. Jean ALIX, le 11 Septembre 1972

« Monsieur le Directeur,

« Je saluerai tout d’abord l’enfant de PONT-DU-CHATEAU, d’origine paysanne modeste, l’adolescent travailleur, studieux, sportif aussi. Les anciens de la Jeune Gaule s’en souviennent. Mais ce que l’on connaît de vous maintenant, c’est le retraité de la Place aux Echalas, dont le temps se partage entre la recherche historique, l’amitié et le jardinage.

« Vous avez comblé PONT-DU-CHATEAU en lui donnant l’histoire qu’il méritait bien. Vous avez retracé les portraits de DULAURE, des Frères BROSSON, le Conventionnel et les Self Made Men du XIXem siècle, maîtres de l’Allier, dont les barques, partant du port de PONT-DU-CHATEAU, portaient à PARIS des pierres de VOLVIC et les moissons de LIMAGNE.

« Vous êtes le Président fondateur de l’Association des Amis du Vieux PONT- DU-CHATEAU, dont le riche Bulletin annuel vous doit tant.

« Vous avez donné au Bureau d’Aide Sociale de notre ville vos droits d’auteur et vous savez qu’une part importante de ceux-ci ont contribué au financement du Centre Aéré de MONTMORIN.

« Si nos compliments vont à l’historien, notre admiration va à Pierre MONDANEL, Directeur au Ministère de l’Intérieur. Pierre MONDANEL qui ne se contentait pas d’écrire l’histoire mais qui la faisait.

« Monsieur le Directeur, lors de nos premières rencontres, je vous ai taquiné avec l’affaire Prince et vous avez bien voulu m’ouvrir votre registre secret des confidences. Vous avez su me passionner, au travers de l’affaire Prince, de l’affaire Stavisky et sur toute une époque que vous avez vécue et marquée de votre action prestigieuse.

« Vous avez été au coeur de tous les événements qui ont marqué l’avant-guerre. Vous me permettrez de rappeler encore l’assassinat de MARSEILLE. Vous étiez le collaborateur direct du président BERTHOIN. J’ai relu avec intérêt l’hommage que vous décerne VLADETA MILICEVIC dans son ouvrage consacré à l’assassinat d’Alexandre Ier et du Président BARTHOU.

Vous-même écrivez à Milicevic, après l’arrestation des Oustachis : « Nous venions ainsi, vous vous en souvenez, de vivre ensemble des heures fiévreuses et passionnantes. La satisfaction que nous donnaient, dans l’intérêt de la vérité les premiers et fort remarquables résultats obtenus, les nouvelles, perspectives entrevues pour déceler et établir les hautes responsabilités encourues à l’étranger nous faisaient oublier la fatigue et les heures de sommeil qui nous manquaient. Les uns et les autres, nous sentions l’importance internationale de notre travail. »

Pour votre souci « d’apporter au tribunal de l’Histoire les premières preuves des manoeuvres occultes internationales se trouvant à l’origine de l’attentat », vous combattiez le fascisme qui allait s’étendre sur l’Europe puisque vous, aviez déterminé le rôle de PAVELITCH qui bénéficiait du total appui et de la complicité de MUSSOLINI. MUSSOLINI qui devait nommer PAVELITCH Gauleiter de CROATIE. PAVELITCH dont la domination dura trois ans et coûta au peuple Serbe 600.000 vies humaines.

Vous aviez déjà choisi en 1934 de combattre la montée de l’hitlérisme et du fascisme.

Je relisais récemment KAPUT de CURZIO MALAPARTE et, dans le portrait hallucinant de PAVELITCH ouvrant une bourriche qui, au lieu de contenir des huîtres, était garnie d’yeux humains, je pensais à vous, Monsieur le Directeur, qui fûtes certainement un des premiers français à voir de près la bête qui allait ronger l’Europe pendant si longtemps.

C’est le « Journal Officiel » de Janvier 1938 qui publie votre nomination dans l’Ordre de la Légion d’honneur, à titre exceptionnel, cette distinction vous récompensant pour les services rendus d’ans les affaires Stavisky, Prince, dans l’enquête sur le complot de la Cagoule. Le « Journal Officiel » de cette même date annonçait votre nomination à la tête de la Sûreté Nationale. C’était le jour où Hitler inaugurait, dans les Alpes Bavaroises, une nouvelle école de Chefs, où seuls les enfants robustes et d’une hérédité irréprochable devaient être admis. Les porteurs de lunettes en étant exclus.

Monsieur le Directeur, outre votre action implacable qui a permis l’échec du complot que l’on connaît sous le nom de la Cagoule, vous avez été aussi le haut fonctionnaire spécialiste de droit pénal international, représentant la France à HELSINKI, BELGRADE, BERLIN, NEW YORK et surtout GENEVE.

Vous m’avez souvent rappelé votre action auprès de Marx DORMOY, de même que votre admiration pour Léon BLUM. Vous avez su évoquer leur angoisse qui était aussi la vôtre.

Devant la montée du péril, vous avez connu la douleur de la défaite et, je sais, par une confidence que vous permettrez sans aucun doute, en ce jour, de révéler que vous étiez de ceux qui devaient partir pour LONDRES, de sorte que votre républicanisme est coté par Jules MOCH auquel vous avez permis une sortie discrète du Casino de VICHY où les pleins pouvoirs venaient d’être votés au Maréchal PETAIN.

Le Général RIVET écrit à votre propos :

« La grande épreuve de l’occupation et les courants « collaborateurs, »qui traversèrent notre politique à cette époque trouvèrent ce fonctionnaire égal à lui-même et fidèle aux grandes consignes de la résistance à l’ennemi. MONDANEL à VICHY est resté MONDANEL de la place Beauveau, accroché à l’ennemi de notre Pays, lucidement entêté à le combattre.

« Il ne convient pas dans le cas MONDANEL de glaner et d’éplucher des faits. Il a fait son métier. Et les actes qui l’honorent étaient de tous les jours. Inversement, je crois, ce serait peine perdue que de rechercher l’acte qui ne fut pas droit, intégralement Français. »

« Pour me résumer, ma conviction est celle-ci :

« 1° MONDANEL est un fonctionnaire de grande classe qui domine nettement tous ceux qui j’ai connus dans les fonctions que lui-même a occupées ;

« 2° II a fidèlement servi aux côtés de ses camarades de la Guerre engagés dans la lutte contre l’Allemand. Pas de défaillance, jamais d’attitudes équivoques. Mais l’acceptation courageuse des tâches que nous lui demandions ;

« 3° A VICHY, il a résolument joué sa carrière et aussi sa vie – pour rester dans le rang de ceux qui mettaient la libération du Pays, au-dessus des ambitions personnelles et des intérêts les plus légitimes, intransigeant dans son patriotisme, il n’a pas transigé avec le devoir. »

« A vous qui ainsi avez fait l’Histoire, je voudrais renouveler les témoignages d’affection et d’admiration de notre collectivité castelpontine en relisant votre conclusion de « PONT-DU-CHATEAU A TRAVERS LES AGES ». Vous vous adressez aux jeunes vous qui avec su le rester magnifiquement – et leur dites :

« Je ne doute point que vous ayez pour votre petite patrie, pour « cette terre où vous attachent tant de liens d’affection, cet amour fier et passionné des enfants pour leur mère, cet orgueil du paysan d’autre­« fois pour son village qu’il entretenait par le récit des vieilles légendes « dont beaucoup restent à conter. »

« Votre légende – pardon, votre vérité – il fallait bien l’amorcer davantage aujourd’hui, en cette journée qui est la vôtre, et si des jeunes, demain, doivent compléter l’histoire de PONT-DU-CHATEAU, c’est certainement au travers de votre histoire qui nous honore tous, qu’ils devront le faire. »

Prenant à son tour la parole, le Colonel PAILLOLE apporta à M. Pierre MONDANEL le témoignage d’affection et de reconnaissance des Anciens des Services Spéciaux de la Défense Nationale :

« L’oeuvre que vous avez accomplie est de celles qui méritent hautement la décoration que vous avez reçue. Et pour l’exemple que vous avez donné, c’est avec une grande émotion et une grande admiration que je vous dis merci. »

Enfin, M. MONDANEL, dans un discours de remerciement improvisé, sut avec le talent oratoire que nous lui connaissons à la fois charmer et émouvoir l’assistance.

Il exprima tout d’abord, en termes choisis, sa gratitude àà tous ceux

qui avaient pris part à cette cérémonie ; au Maire et au Conseil Municipal qui avaient tenu à donner un éclat exceptionnel à l’événement et à lui offrir le Croix de vermeil qu’il portait; au Colonel PAILLOLE, â M. CHENEVIER, à ses amis HUGUET, LALLEMAND, BAC, etc… Il adressa ensuite une pensée émue aux Résistants tombés les armes à la main, à ceux qui étaient morts sous la torture, à ceux qui avaient disparu en camp de concentration.

« Je reporte sur PONT-DU-CHATEAU et sur mes parents tout le mérite de la distinction que je reçois aujourd’hui ». Appréciant à sa juste valeur la manifestation de sympathie des Castelpontins, il concluait : « C’est le plus grand honneur qui pouvait m’être fait et à chacun j’adresse un cordial merci ». Ce merci, il devait le réitérer à l’intention de l’enfant lui offrant, au nom de ses jeunes camarades, une superbe reproduction de la Croix réalisée par leurs soins.




Hommage à Pierre Mondanel

Dans le B. L. 77, nous avons rendu compte de la cérémonie au cours de laquelle M. Pierre MONDANEL a reçu les insignes de Commandeur de la Légion d’honneur. Nous publions ci-dessous le texte de deux discours prononcés à cette occasion.

Discours de M. Pierre CHENEVIER, Président de la Fédération des Amicales des Réseaux de la France Combattante.

 

Mesdames, Messieurs, Chers Camarades,

Votre présence à cette cérémonie est un témoignage de sympathie pour Pierre MONDANEL, qui me fait l’amitié de le recevoir dans un grade supérieur dans l’Ordre National de la Légion d’honneur. En me choisissant, il n’a pas vu en moi, le Président National de la Fédération des Amicales de Réseaux de la France Combattante, mais seulement l’un de ses anciens et proches collaborateurs, témoin privilégié d’une époque encore citée en exemple, à la Sûreté Nationale, même par ceux qui ne l’ont pas vécue, tant elle a marqué cette administration, je veux parler de l’époque MONDANEL.

Pour l’évoquer, je vais m’appuyer sur des notes, en raison de ma crainte de m’embrouiller, au delà des limites acceptables, en fouillant dans mes souvenirs et surtout de mon inaptitude à improviser. Mon cher Ami, vous avez toujours été opposé à la médiocrité d’où qu’elle vienne. Considérant, qu’il ne suffit pas de dire, mais de faire, vous avez fourni la preuve, en bien des circonstances, de votre attachement indéfectible aux principes et aux causes nobles. Ainsi, vous pouvez être fier de votre passé, marqué de tant d’épreuves pénibles, auxquelles vous avez su donner la mesure et faire face, car vous possédez la connaissance des grandes valeurs qui forment les hommes de votre catégorie.

Je vais évoquer succinctement, ce que furent les étapes principales de votre belle carrière administrative.

Le 31 Décembre 1913, alors que vous êtes âgé de 23 ans, et frais émoulu de la Faculté de Droit, vous faites vos débuts à la Sûreté Générale, qui n’était pas encore Nationale. Je passerai sur vos lointaines et premières années qui comprennent la guerre de 14-18, pour arriver de suite à cette période qui fut fertile en événements dramatiques.

Dans le courant de l’année 1933, vous êtes Commissaire Divisionnaire au Contrôle Général des Services de Police Judiciaire qui constituait l’Etat-­Major des Brigades Mobiles. Vous avez conscience que cette Direction n’est pas suffisamment structurée. Qu’elle ne possède pas assez de fonctionnaires qualifiés pour faire face à une criminalité déjà grandissante. Mais vos études, vos propositions ne sont pas suivies.

Vers la fin de cette même année 1933 éclate le scandale STAVISKY dont les escroqueries se chiffreront à des sommes considérables. L’une des premières mesures arrêtées en Conseil des Ministres est de vous placer à la tête de ce Contrôle Général. Dans la même heure, vous en remplaciez le Chef, et vous mettez immédiatement en application votre plan de réorganisation en créant des sections spécialisées de répression, tant en matière criminelle que financière et économique, et en prélevez les effectifs dans les Brigades Mobiles de PARIS et de Province.

Alors, vous pouvez faire face à la situation, dénouer les intrigues et faire toute la lumière sur les agissements de l’escroc qui avait jusque là obtenu 19 remises successives devant les Tribunaux. Se voyant acculé et ne pouvant plus compter sur ses habituelles protections, STAVISKY s’enfuit. Mais, il est retrouvé au petit village de SERVOZ à 1.800 m. d’altitude, dans une villa, le « VIEUX LOGIS ». Il y attend la venue de l’un de ses complices qui doit lui apporter une importante somme d’argent avant de passer clandestinement en ITALIE. Mais ce sont vos collaborateurs qui sont au rendez-vous ce 8 Janvier 1934. La villa est cernée par les gendarmes. STAVISKY refuse d’ouvrir et un coup de feu retentit. Il vient de se donner la mort.

Les partis hostiles au Gouvernement organisent alors des manifestations dans la rue. Ils ameutent la foule et c’est la marche hurlante sur la Chambre des Députés. C’est l’émeute du 6 Février 1934. Stoïquement, vous faites face à l’orage et vous apprenez ainsi que le haut fonctionnaire ami de la vérité entre facilement en lutte ouverte avec le mensonge, et la calomnie même dans le déchaînement des partis pris. Vous n’êtes pas au bout de vos peines.

Quinze jours plus tard, le 21 Février, on découvre sur la voie ferrée au lieu dit la « COMBE AUX FEES », près de DIJON, le cadavre déchiqueté par un train, d’un homme rapidement identifié. Il s’agit de Monsieur Albert PRINCE, Conseiller à la Cour d’Appel de PARIS, ancien Chef de la Section Financière du Parquet de la Seine. Personne, à ce moment-là, ne sait que le jour même où il est découvert sur la voie ferrée, le Conseiller PRINCE devait être entendu comme témoin par une Commission d’enquête administrative et judiciaire chargée de rechercher les compromissions à l’aide desquelles, pendant plusieurs années, l’escroc STAVISKY avait pu bénéficier de l’impunité. Enfin, après plusieurs semaines d’enquête, vous avez été en mesure d’entériner les efforts de vos collaborateurs qui ont conclu au suicide.

Une certaine presse crie au scandale et veut absolument qu’il y ait eu crime. Une contre-enquête est effectuée par la Préfecture de Police. Ceux qui en sont chargés arrivent aux mêmes conclusions. Monsieur PRINCE avait en effet commis une négligence dans l’affaire STAVISKY, mais il avait un souci de l’honnêteté et de la loyauté poussé aux plus extrêmes limites. Son drame fut celui d’une conscience droite. L’émotion du public est à peine apaisée que se produit l’assassinat à MARSEILLE, le 9 Octobre 1934, du Roi ALEXANDRE DE YOUGOSLAVIE et du Président BARTHOU.

Le régicide est abattu sur place, mais il reste à identifier ses complices, une fois de plus vous intervenez pour centraliser toutes les opérations de police. Il est alors établi que ce crime est l’oeuvre d’une organisation terroriste croate, les « Oustachis ». La preuve est alors faite qu’elle est soutenue par l’Allemagne Hitlérienne et le fascisme italien. C’est tellement vrai, qu’après l’invasion de la YOUGOSLAVIE par les allemands et les italiens en 1941, ANTE PAVELITCH, Chef des Oustachis est nommé par HITLER, Président de la République de Croatie, et il s’em­presse de prendre comme Ministre de la Guerre, KVATERNIC, son principal adjoint « oustachi ».

Puis, c’est la Cagoule qui, par la force des événements devient le centre de vos préoccupations. Le public, en réalité, n’en sut jamais grand chose, cependant ce complot avait pour but l’alignement du régime de notre pays sur celui de l’Allemagne et de l’Italie. Les Cagoulards furent en France les agents les plus efficients de l’étranger dont ils recevaient argent et armement. Ils se livrèrent à diverses activités criminelles sur notre territoire afin de jeter le trouble dans les esprits et de créer une atmosphère de terreur sociale.

C’est ainsi que vous avez eu à connaître plus particulièrement des assassinats de NAVACHINE, au Bois de Boulogne, de LAETITIA TOUREAUX, dans le métro, des frères ROSSELLI à BAGNOLES-DE-L’ORNE, des attentats par explosifs de la place de l’Etoile et à l’Aérodrome de TOUSSUS-LE­NOBLE, ainsi que d’autres en Province. La liste est longue. Mais, je ne peux m’empêcher de rappeler que certains de ceux dont vous aviez chargé vos commissaires et inspecteurs d’identifier et d’arrêter, vous les avez retrouvés en 1940, à VICHY, au premier rang de la révolution nationale. Ils tenaient des leviers de commande dans le gouvernement. A noter que le IIIe Reich s’était empressé de faire libérer de prison tous ceux qui avaient été arrêtés.

Le 23 Juin 1941, c’est l’assassinat à MONTELIMAR, de Marx DORMOY qui, comme Ministre de l’Intérieur, avait porté de rudes coups à la Cagoule. Grâce aux dispositions immédiatement prises, les trois assassins, ex-cagoulards, sont arrêtés. Il était temps; car parmi les documents découverts se trouvait la liste d’autres personnalités à abattre. Mais, lors de l’occupation de la zone Sud, GEISLER, le Chef de la Gestapo, en poste à VICHY, s’empresse de faire remettre tout le monde en liberté.

En dehors de ces crimes retentissants, vous avez eu à coiffer bien d’autres affaires judiciaires. C’est encore à vous que revient le mérite d’avoir, grâce à votre organisation, fait détruire les premiers gangs, dits de « traction avant ». Leurs agressions souvent suivies de mort, inquiétaient le public, en raison de leur impunité. Il faut bien admettre que vos activités diverses commençaient à inquiéter l’occupant, car la Gestapo, au mois d’Avril 1942, obtenait que vous soyez relevé de vos fonctions d’Inspecteur Général des Services de Police Criminelle. Ainsi que vous le voyez, Mesdames et Messieurs, la carrière administrative de Pierre MONDANEL fut particulièrement brillante. Elle est restée un exemple pour la Sûreté Nationale.

Après avoir été fait Chevalier de la Légion d’honneur, il a été promu, en 1938, Officier dans le même Ordre, pour services exceptionnels. Son passé de Résistant est pour le moins aussi éloquent. Rien dans son tempérament, dans son caractère ne permettait une autre ligne de conduite que celle qu’il a choisie et poursuivie sans désemparer.

Lors de la défaite, les services centraux de Pierre MONDANEL ont été repliés avec le Gouvernement à VICHY. Dès Septembre 1940, il prend l’initiative d’organiser un groupe clandestin, appelé Section Spéciale, ayant pour mission exclusive de surveiller les Allemands en séjour ou de passage dans la Capitale provisoire et aux environs, ainsi que toutes personnes en relations avec eux. C’est par ce groupe que, pendant près de deux ans, furent surveillés aussi étroitement que possible les diplomates, les journalistes allemands et même les membres de la Gestapo.

Des renseignements précieux furent presque quotidiennement recueillis. Les plus urgents étaient communiqués directement par Pierre MONDANEL au Colonel PAILLOLE, Chef des Services de Contre-Espionnage qui nous fait l’amitié d’être ce jour parmi nous. Les autres étaient transmis aux Chefs de l’O.R.A. C’est ainsi que certaines conversations secrètes tenues dans son cabinet personnel, par KRUG VON NIDA, Consul d’Allemagne à VICHY, avec d”éminentes personnalités furent aussitôt signalées. Il en fut de même des propos confidentiels émanant de l’entourage de ce diplomate allemand. C’est ainsi que furent connues les intentions d’un Conseiller d’ABETZ d’envoyer des émissaires au TCHAD pour y accomplir la mission que vous pouvez supposer.

Il y eut aussi un code secret de la presse allemande habilement dévoilé. La désorganisation complète au réseau de propagande allemand désigné sous le nom de « RADIO MONDIAL » avec des antennes en SUEDE, à GENEVE, LISBONNE et MONTE-CARLO. Sa mission était d’agir sur l’opinion publique des pays anglo-saxons. Il y eut deux dangereux agents secrets, fraîchement arrivés de BERLIN, qui furent démasqués avant d’avoir pu effectuer leur mission. Il faudrait citer également les nombreuses enquêtes qui se terminèrent par de beaux rapports de recherches infructueuses, toutes les fois qu’il s’agissait de couvrir les services de contre-espionnage ou les réseaux qui se constituaient petit à petit.

Je n’en finirais pas non plus, si je devais énumérer l’action résistante de MONDANEL qui lui a valu deux perquisitions assorties de pillage à son domicile parisien et ici même. Cela lui a coûté seize mois de déportation à BUCHENWALD et à DACHAU et ce qui est infiniment plus triste encore, le décès prématuré de sa femme, à la suite des sévices dont elle a été victime au moment de l’arrestation de notre ami, par la Gestapo. N’oublions pas qu’avant de lui passer les menottes, quatre balles furent tirées dans sa direction, alors qu’il tentait de s’enfuir.

La grande épreuve de l’occupation et les courants « collaborateurs » qui traversèrent notre politique à cette époque trouvèrent Pierre MONDANEL égal à lui-même et fidèle aux grandes consignes de la résistance à l’ennemi. Il a fidèlement servi aux côtés de ses camarades de la guerre engagée contre l’allemand. Pas de défaillance, jamais d’attitude équivoque. Mais, l’acceptation courageuse des tâches qui lui étaient demandées. A VICHY, il a résolument joué sa carrière et aussi sa vie, pour rester dans le rang de ceux qui mettaient la libération du pays au-dessus des ambitions personnelles et des intérêts les plus légitimes. Intransigeant dans son patriotisme, il n’a pas transigé avec le Devoir.

Mesdames, Messieurs, ces dernières appréciations ne sont pas de moi, mais du Général RIVET qui fut le Chef du 2e Bureau de l’Armée Française.
Nommé Directeur au Ministère de l’Intérieur, c’est avec plaisir qu’il vit arriver l’heure de la retraite pour se consacrer à son violon d’Ingres « l’Histoire locale de sa chère Auvergne », qui nous a valu son premier livre :« PONT DU CHATEAU A TRAVERS LES AGES » qui a connu un large succès.

N’allez surtout pas penser qu’au fil des années Pierre MONDANEL a oublié ses anciens collaborateurs ou que ceux-ci l’ont oublié. II a de l’amitié une conception exigeante et totale qui rend la sienne précieuse à ceux qui l’ont reçue. Depuis son départ à la retraite, il fut convié par ceux-ci à un grand banquet annuel au cours duquel chacun lui manifestait sa sympathie et son attachement. Ces déjeuners amicaux arrivent à s’espacer de plus en plus. L’âge, la maladie, l’éloignement, la disparition de bien des participants en sont l’unique raison. Tous n’ont pas, il s’en faut, le dynamisme, la verdeur de leur grand ancien, qui ne m’en voudra pas de vous rappeler que, le mois dernier, il a franchi allègrement le cap de sa 83em année.




Hommage à Lucien Leluan, un acteur du débarquement allié

Il est émouvant de rendre hommage à une personne que l’on respecte et dont la vie est arrivée à son terme. Cette émotion je l’éprouve toujours lorsqu’il m’est confié le soin d’honorer la mémoire de l’un de nos Anciens.

Aujourd’hui, à Sainte Mère Eglise, un des hauts lieux de l’opération Overlord, je mesure pleinement l’honneur qui m’échoit en ce jour anniversaire du « D.Day », du 6 juin 1944, jour tant espéré et à jamais ancré dans notre histoire, qui vit tomber du ciel dans ses premières heures, ici et dans les terres environnantes, ces valeureux parachutistes de la 82ème Airborne du Général Ridgway, dont je salue les glorieux vétérans ici présents, et ceux de la 101ème Airborne commandée par le Général Taylor, en prélude immédiat du débarquement allié, début de l’implacable bataille de Normandie, début de la bataille de France et de la libération de l’Europe.

Dans cette France occupée depuis 4 ans, des françaises et des français courageux s’étaient levés pour continuer le combat clandestin de la Résistance. Parmi eux, exemple de courage et de patriotisme, Lucien Leluan, né à Valognes, a 20 ans lorsqu’il s’engage en 1942 dans cette Résistance, au sein du réseau O.C.M.-Centurie.

Il recueille dès lors de précieux renseignements sur les chantiers de l‘organisation Todt et, jusqu’à la veille du « Jour J », sur les unités allemandes, sur leurs mouvements, leur armement, leurs réserves de munitions, leurs installations. Dans ces semaines cruciales, il participe aux diverses actions menées dans le Cotentin par son groupe, notamment au sabotage, le 5 juin à Lieu-Saint, de la voie ferrée Paris-Cherbourg et, entre Valognes et Montebourg, à celui des lignes téléphoniques souterraines Saint-Lô-Cherbourg et Paris-Cherbourg.

Le 12 juin il franchit les positions allemandes et rejoint les unités de la 4ème Division d’Infanterie américaine débarquée à Utah Beach afin de les renseigner et de les guider jusque dans leur combat pour la libération de Cherbourg.

Début juillet, le Cotentin libéré, il s’engage avec 3 camarades, dont Emile Chausse, dans une unité relevant du BCRA de Londres et de la Direction Générale des Services Spéciaux ; détaché à l’O.S.S. auprès du 6ème groupe d’armée U.S. avec le grade de sous-lieutenant et sous le nom de Delagarde, il participe ainsi aux autres combats de Normandie et à l’avance alliée.

Au cours de missions périlleuses, il réussit à s’infiltrer dans les lignes allemandes et rapporte des renseignements importants, en particulier le 3 septembre à Verdun. Il sera cité à 2 reprises. Affecté ensuite au commando du 80ème régiment d’infanterie de la 1ére armée française du Général de Lattre de Tassigny, il participe à la campagne des Vosges ainsi qu’au franchissement du Rhin où il est blessé et à l’attaque de Fribourg.

La guerre terminée il est démobilisé et revient en juillet 1945 dans sa Normandie natale.

Unanimement respecté, chef d’une importante entreprise à Valognes qu’il eut le courage de créer et de développer, Lucien Leluan était titulaire de la Médaille Militaire, de la Croix de Guerre 39-45 avec 3 citations dont 1 à l’ordre de l’armée, de la Croix du Combattant Volontaire de la Résistance, de la Croix du Combattant Volontaire, de la Médaille des Vétérans du front de Normandie, de l’Interallied Distinguished Service Cross américaine et de plusieurs autres décorations.

Chevalier de la Légion d’honneur, il a été promu Officier par décret du 31 décembre 2008. Décédé, hélas, le 9 janvier 2009, il ne put en recevoir solennellement les insignes que nous sommes fiers de remettre aujourd’hui amicalement à Madame Leluan.




Affaire Farewell : l’espion de la DST au coeur de la guerre froide

Le propre des histoires d’espionnage est souvent d’être racontée par ceux qui en savent le moins. Les archives des services qui traitent ces affaires en professionnels, ne s’ouvrent jamais tout à fait et ne laissent entrevoir que ce qui est possible ou utile. Ainsi, jusqu’à maintenant, l’Histoire de la Deuxième Guerre Mondiale, pour sa partie française, a été étudiée sans tenir compte des archives (qui viennent de s’ouvrir) des services secrets français qui ont pourtant joué un grand rôle en particulier dans les opérations de déception préparant aux différents débarquements, ou dans la Libération du Pays.

La guerre de l’ombre que ce sont livrés les officiers de renseignement des deux blocs durant la guerre froide fait partie plus ou moins importante , certes, mais partie intégrale de l’histoire de cette période. Dans cette guerre, l’histoire des “taupes” recrutées par les deux camps au cœur des dispositifs adverses tient une place essentielle qui ne sera sans doute jamais connue dans tous ses détails.

Il convient d’ailleurs maintenant de rétablir un certain équilibre. La force de la propagande soviétique relayée par les “idiots utiles” et les partisans idéologiques faisaient de tous les “occidentaux” recrutés par le KGB, le GRU ou par les réseaux émanant du Komintern des héros positifs, puisque ayant choisi de servir le “camp de la Paix”; ainsi en a-t-il été des 5 de Cambridge (à vérifier ?), de l’Orchestre Rouge ou du Réseau Sorge .

Les membres des Services Soviétiques et assimilés qui choisissaient de travailler avec des Services Occidentaux étaient qualifiés, eux, de traîtres, souvent alcooliques, corrompus par l’argent capitaliste, etc. Qu’on se souvienne de l’affaire Kravtchenko ( J’ai choisi la liberté) , du sort réservé au général du GRU Krivitsky, etc.

Et pourtant, ces officiers de renseignement de l’Est qui ont choisi l’Occident, ont joué un grand rôle dans l’histoire du rapport des forces entre les deux blocs, en faveur de la Liberté, de notre Liberté… Les conditions de manipulation de ces “héros” par les services occidentaux qui les avaient abordés , recrutés, parfois formés, méritent certes de l’intérêt. C’est souvent la partie de l’histoire la plus spectaculaire, celle que l’on présente au public , toujours avide de films d’espionnage et de suspens.

Cette partie est importante du point de vue du contre espionnage, de la fiabilité de la source et donc des renseignements fournis; l’intoxication des adversaires est une arme à part entière. Mais le plus important semble être l’aspect global de l’affaire: quelle est la situation internationale au moment où l’affaire se déroule? Comment vont être utilisés les renseignements obtenus ? Quelle est la situation après, ou quels sont les effets obtenus?

Ainsi de Penkovsky, au moment de la crise de Cuba, et de bien d’autres que l’Occident ne saura jamais assez remercier. Ainsi en particulier de Farewell, dont on a d’autant plus tendance à négliger l’importance qu’il a coopéré avec un service français, la DST; de plus, ceux qui ont écrit sur lui étaient ou mal informés (normal dans ce genre d’investigation) ou mal intentionnés ( normal dans ce genre de guerre de l’information).

On connaît Farewell. De son vrai nom Vladimir Ippolitovitch Vetrov, ingénieur en chef de l’armement (un grade équivalent à celui de colonel); il a été en poste à Paris, où il se montre actif, recrutant des sources et les manipulant le soir ou le week-end en forêt de Fontainebleau; il lui est arrivé une mésaventure qui ne semble pas avoir été connue de sa hiérarchie: il a un accident de voiture, alors qu’il a un peu trop bu; c’est son ami/objectif, cadre de Thomson qui, appelé à l’aide, va faire réparer la voiture et lui permettre de rentrer sans problème; d’où une amitié réelle .

Le service français va tenter une première approche; sans succès. Puis c’est un poste au Canada, d’où il est rappelé avant la fin de son séjour: une indélicatesse connue de ses chefs lui aurait valu ce rappel, et sans doute la jalousie de quelque pistonné de son service qui pense que le meilleur moyen de prendre ce poste convoité est d’en faire chasser l’occupant; c’est une manœuvre habituelle , sans doute dans tous les services du monde.

Rentré à Moscou, il est affecté à la direction T (renseignement scientifique et technique) de la Première direction générale (PDG) du KGB. Il prépare les dossiers les plus pointus pour les présenter devant les plus hautes autorités afin d’obtenir leur aval pour le déclenchement des opérations de recherche par les postes KGB ou GRU à l’étranger.

A priori , il s’agit d’un poste de confiance, et, dans le système soviétique, le détenteur d’un tel poste n’a plus aucune chance de repartir à l’étranger, ou même de côtoyer des étrangers.

Parce que c’est un bon professionnel, il a constaté les lacunes et les vices du système soviétique; il souhaite améliorer la qualité de son travail et écrit un rapport sur les modifications qui, selon lui, doivent être apportées au système. Ces chefs n’y prêteront pas attention , d’où une certaine frustration.

 

C’est un bon vivant, qui aime rencontrer ses amis et faire la fête avec eux. Il adore son fils, sa fierté; il aime son pays, comme sans doute seul les Russes peuvent le faire, et cet amour est devenu charnel depuis qu’il a acheté une isba et un lopin de terre. Il admire sa femme, mais là c’est son problème; démon de la cinquantaine ou lassitude, chacun donne des coups de canif au contrat initial; et lui a “dans la peau” une de ses collègues, voisine de bureau.

Il pourrait vivre heureux … Mais rien n’est simple. A-t-il une tendance à boire, comme le laisse penser les commentaires inspirés après coup par les autorités soviétiques; sans doute comme tous les Russes de cette époque, pas plus.

Mais surtout, comme beaucoup de soviétiques ayant vécu à l’étranger, il a une tendance à la schizophrénie, phénomène étudié par exemple dans le livre “Les hommes doubles” de Dymov ; en Occident, il a vu le niveau de vie, il a apprécié la liberté des conversations grappillées de ci de-là avec des Français; et ici, chez lui à Moscou, avec ses collègues, il est obligé de jouer celui qui n’a rien vu, de dire le contraire de ce qu’il pense profondément. Et la situation internationale en ces années 80 lui donne à penser.

 

C’est la fin de la crise des SS 20, ces missiles dont la précision et la mobilité (qualités dues à l’apport de l’espionnage technologique) allait donner la supériorité stratégique au Camp de la Paix; “Échec et mat” pensait-on au Kremlin.

Mais cela ne s’est pas passé comme prévu: les Occidentaux, États-unis en tête ont répliqué par le déploiement des Pershings et par celui des missiles de croisière.

Il y a eu des cas de mutinerie sur des navires de la Flotte; il y a l’Afghanistan , la Pologne et ce diable de Pape Polonais qui dit: “N’ayez pas peur”.

Là où il est, il ressent parfaitement l’ambiance de guerre qui envahit la population mais surtout la classe dirigeante; il sait que la doctrine soviétique envisage l’emploi normal de l’arme atomique. Il connaît la capacité de riposte occidentale. Il comprend, par les papiers qu’il traite, que la nomenklatura essaye de reprendre l’avantage; des joueurs d’échec… Bien sûr, ses doutes et ses angoisses , il ne peut les partager avec personne;

Bien sûr, pour le journaliste russe Sergueï Kostine, ” rien dans le comportement de Vetrov ne permet de le considérer comme un combattant de l’ombre contre le système communiste ou un précurseur de la perestroïka. Cette supposition, qui se présente comme une certitude dans les publications françaises, a fait rire tous ceux qui ont connu Vetrov ” (1).

 

En 1981, il offre ses services à la DST, franchit l’étape la plus difficile rencontrée par tous les candidats à la défection: éviter de se faire repérer par le contre espionnage soviétique qui peut posséder des agents au sein des services occidentaux, et trouver rapidement le bon canal pour trouver la liaison et l’oreille du service auquel il va proposer sa collaboration.

Alors il va continuer à faire rire tous ceux qui l’ont connu; il va augmenter son côté pochard, et beaucoup viendront “boire avec lui” les innombrables bouteilles que lui procurera son traitant.

Pour lui, il est impératif d’apporter aux pays occidentaux la preuve que leur insouciance sécuritaire permet à l’URSS de piller leurs laboratoires en lui donnant ainsi de forger les armes qui doivent lui donner l’avantage.

Sa haine du système, ses diverses frustrations, son passé lui donnent la possibilité de passer à l’action, de trouver des amis avec qui il peut parler “po doucham” (à cœur ouvert) comme disent les Russes.

C’est un professionnel, il sait comment travaillent ceux qui sont chargés de protéger la sécurité et les secrets soviétiques; il convaincra ses traitants de lui faire confiance; mais il reste lucide: le pire peut arriver: pour lui, la balle dans la nuque; pour ses traitants successifs, ce devrait être l’accident de circulation, l’écrasement par un poids lourd, par un métro. Message qui serait compris par le service intéressé.

Tout cela , approche, semble-t-il, de la vérité.

Dans de telles affaires , bien malin qui peut sonder les reins et les cœurs. Les spécialistes de la DST se posent plus de questions qu’il n’y a de réponses; le doute envahira souvent la réflexion de ses responsables. Mais les documents arrivent, en masse. S’il y a machination, où en est l’intérêt, l’objectif ?

Au cours de l’année suivante, il fournira près de 4.000 documents de toute première importance sur la collecte et l’analyse scientifique et technique par le KGB. 70 % des informations de Farewell concernent les États-unis, parce que c’est ce pays qui a le meilleur potentiel technologique, mais tous les pays occidentaux sont concernés.

Grâce aux milliers de documents fournis par Farewell, ce n’est pas tant l’ampleur du pillage scientifique et technologique soviétique que les gouvernements occidentaux découvrent, que sa planification et son organisation systématiques par la VPK, la Commission de l’industrie militaire. Une collecte faite à la demande : les divers secteurs militaires et industriels faisaient connaître chaque année leurs insuffisances et leurs retards.

À charge pour les agents des services secrets soviétiques infiltrés (2) dans le monde entier de leur fournir les informations technologiques qui leur manquaient. Les économies ainsi réalisées sont méthodiquement chiffrées: 6,5 milliards de francs entre 1976 et 1980. Les bilans de la VPK montrent qu’entre 1979 et 1981, de nombreux systèmes d’armes soviétiques ont bénéficié chaque année de la technologie occidentale.

Vetrov ignore par contre l’identité des agents occidentaux au service des Soviétiques et ne peut qu’aider à en définir les caractéristiques. …

Il fournira par contre l’identité de 222 officiers du KGB de la ligne X sous couverture diplomatique dans l’ensemble des pays du bloc de l’Ouest et 70 agents clandestins de la Direction T.

Ce chiffre a d’ailleurs étonné certains professionnels qui n’ignorent pas le cloisonnement efficace existant entre les différents départements du KGB, mais qui n’ont pas compris qu’au poste où il se trouvait, il n’y avait plus ce cloisonnement, que les documents “Soverchenno sekret” quittaient les coffres forts où ils étaient conservés, pour transiter pendant quelques jours par le bureau de Vetrov qui en faisait profiter son traitant, avant de retourner dans l’espace cloisonné sécurisant.

 

Mais son apport à la cause du monde libre, et cela on le sait moins, n’a pas consisté qu’en informations d’ordre purement technologique.

En professionnel, il n’aimait pas être orienté sur des sujets qu’il ne dominait pas parfaitement; mais les réponses qu’il apportait dans divers domaines avaient une certaine valeur: l’évolution de la situation en Pologne, des évaluations sur l’implication soviétique dans l’attentat contre le Pape (Gromyko affirmant aux représentants des pays du Pacte que ce problème allait être réglé), etc.

C’est en témoin qu’il a pu raconter la réunion qui a eu lieu à Kaliningrad, en présence de Brejnev, qui tirait les conclusions du lancement de la première navette américaine, avec la participation du fin du fin du complexe militaro- industriel.; le directeur de la séance avait demandé à chacun de répondre en disant la vérité, pour une fois…

A la première question sur le danger représenté par la navette pour la sécurité du pays, la réponse avait été que cette nouvelle menace pouvait être mortelle. A la seconde question sur la capacité du complexe à y faire face, la réponse avait été positive, “mais en arrêtant tous les autres programmes…”.

La conclusion avait été qu’il fallait tout faire pour freiner au maximum l’effort technologique et militaire américain. Comment ? par des offensives de Paix, de désarmement… Cela annonçait la suite.

 

Mais brusquement, après février 1982, Farewell ne se présente plus aux rendez-vous fixés.

Non que son double jeu ait été découvert par le KGB, mais, comme le découvrira la DST à l’automne seulement (et cela grâce aux Américains), il a été arrêté pour crime de droit commun !

Selon la version officielle, il a tenté de tuer sa maîtresse, qui exerçait sur lui un chantage depuis qu’elle avait trouvé dans son veston des documents dérobés au sein de la centrale soviétique.

Surpris par un milicien, il l’aurait abattu à l’aide d’un couteau de chasse… Sur ce point, courent bien d’autres variantes, invérifiables (la vérité est sans doute dans le dossier de l’enquête du KGB- mais d’après les informations qui en ont filtré (Livre de Kostine d’après un résumé de l’enquête), on comprend que Vetrov, comme tous les prévenus du monde, va balader les enquêteurs, essayer de gagner du temps, de protéger ses traitants auxquels le lie une véritable amitié, peut-être de sauver sa peau).

Jugé et condamné à 12 ans d’emprisonnement, il quitte la prison de Lefortovo pour Irkoutsk, en Sibérie. Sa trahison n’aurait été découverte par le KGB qu’un an plus tard, en avril 1983, après l’expulsion par la France de 47 ” diplomates ” russes choisis parmi les agents de Moscou dénoncés par Vetrov. Selon la coutume, il aurait reçu une balle dans la nuque, dans les couloirs de la prison. Ici aussi, il y a plusieurs variantes.

 

Comment cette affaire a-t-elle été vécue par les différentes parties?

En France :

Il est indéniable que cette affaire a permis au Président Mitterand, informé depuis sa nomination à l’Élysée du travail de cette taupe au profit de son pays, de marquer un point vis à vis du Président Reagan, lors du sommet d’Ottawa (17-20 juillet). Était ainsi annulé le froid engendré dans les relations entre les deux pays créé par l’entrée de ministres communistes au gouvernement.

Plus tard, on ne sait trop sous quelle influence, certains conseillers du Président auraient commencés à voir dans cette affaire (ou au moins dans l’insistance du patron de la DST à obtenir de nouvelles expulsions sans doute justifiées , mais peu politiques) une machination américaine visant à l’intoxiquer…

On a reproché à la DST d’avoir exagéré l’importance de la manipulation, pour justifier son existence, sérieusement remise en question après mai 1981. La DGSE ne fut mise au courant de l’affaire qu’en 1983 ou 1984; dans ce service certains, sans en rien savoir, n’ont voulu y voir qu’une opération de pénétration des soviétiques.

En tous cas, la DST a dévoilé une partie des agents soviétiques impliqués et a neutralisé le dispositif de recherche de l’URSS. Il en a été ainsi dans les autres pays d’Europe.

Quelle manœuvre d’intoxication, quel grand objectif supérieur auraient pu pousser l’URSS à sacrifier ainsi ses réseaux ?

 

Les Etats-Unis :

Mais c’est indéniablement le Président Reagan qui va utiliser au mieux cette affaire. Il ne va plus jouer aux échecs, mais impose une partie de poker.

Bien sûr des agents seront arrêtés. Mais il va comprendre que tout cela lui fournit l’information permettant d’asphyxier l’URSS, de la mettre KO debout en la lançant dans une course technologique à l’armement , qu’elle ne pourra pas suivre – ce sera la première version de la Guerre des étoiles, le grand bluff qui a réussi, allant jusqu’à fausser les essais d’interception de missiles pour affoler l’adversaire.

Ce sera toute une grande manip, réussie, tendant à lancer la recherche technologique soviétique sur de fausses pistes…Mais cela dépasse le cadre de notre étude.

Il y a eu des doutes aussi: le dossier Farewell contraignait les Américains à changer les codes de guidage de leurs missiles de croisière que les Soviétiques avaient percés à jour . Ce qui , bien sûr a pu être interprété comme l’un des objectifs de la “manipulation d’intoxication ” qu’auraient pu mener les Soviétiques.

Que penser des nombreuses critiques de l’affaire, mettant en cause la main mise américaine, etc.
Que penser des pages de Gilles Ménage consacrée à cette affaire? Des personnalités proches du pouvoir ont-elles pu réellement se couper ainsi des réalités et du bon sens.

Non, les Américains n’ont pas été impliqués dans la manipulation à Moscou; cela aurait été à l’encontre de la simplicité voulue dans celle-ci.
Oui, ils ont fourni la technologie de l’appareil photo; oui, au début, ils étaient seuls à pouvoir développer; mais le problème a été vite réglé.
Oui encore, une majorité de renseignements concernait les États-unis; on a vu comment la majorité des objectifs soviétiques étaient américains.

A priori, non, ils n’ont pas manigancé cette intoxication en fournissant par un (faux?) colonel du KGB , à Moscou, de fausses informations, de faux documents portant la vraie signature de Brejnev à un amateur français.

Faut-il ajouter que c’est dès cette époque que les Soviétiques recrutaient au sein de la CIA et du FBI des agents efficaces qui ont entre autres permis l’arrestation et l’exécution d’une dizaine d’agents recrutés par les Américains à Moscou.

 

En URSS :

Il est normal que les responsables du KGB aient voulu expliquer le succès de l’entreprise ou de la traîtrise de Vetrov par l’aide considérable apportée par les Américains à Moscou même; ils ne pouvaient comparer cela qu’aux gros dispositifs qu’ils mettaient en place par exemple à Paris pour couvrir des contacts importants et balader toutes les forces de la DST.

Il est normal qu’ils aient voulu salir sa mémoire. Il est quasi réglementaire qu’il ait été abattu d’une balle dans la tête; c’était la tradition et cela devait servir d’exemple aux éventuels candidats.

Mais on peut affirmer que Vetrov a amené la direction soviétique sur la voie de la perestroïka, à la chute du Mur de Berlin , à la fin de la guerre froide…

Il y a eu un effet Farewell, au sein même des services soviétiques et post soviétiques.

Cette affaire aurait eu un retentissement psychologique considérable sur les membres du KGB. Cela n’a bien sûr pas été un élément fondamental de la Perestroïka, mais elle a révélé le malaise profond et les contradictions qui ont provoqué l’implosion du système.

Cette affaire, et la façon dont Vetrov a fait face aux interrogatoires, a eu un effet corrosif sur la façade du KGB.

Des officiers ont admiré en secret son courage et sa détermination à lutter contre le népotisme.

En 1988, le mécontentement a commencé à se manifester ouvertement, avec un premier incident lors de l’ouverture de la réunion qui devait élire le Bureau du 1er Directorat.

Trois brillants officiers traitants ont contesté la présence sur l’estrade, à côté du général Bobkov, alors vice-président du service, d’un ” pistonné “, ancien du directorat, où il n’avait jamais brillé ni par sa compétence, ni par son efficacité.

Prise au dépourvu, la direction n’avait pu que battre en retraite.

La brèche ainsi ouverte n’a cessé de s’élargir tandis que le régime se délitait, pour aboutir l’année suivante à la signature, par plus de 200 officiers du KGB de Sverdlovsk, d’une lettre ouverte à leur direction.

_____________

Alors, l’affaire Farewell a-t-elle été l’une des plus grandes affaires d’espionnage du XXe siècle, comme l’aurait affirmé le Président Reagan; a-t-elle été une grange manipulation, menée par les Soviétiques, les Américains ?

Un jour, on saura, et on s’étonnera de la simplicité de toute cette affaire très humaine: bon sens, patriotisme, amitié. Et il faudra rendre hommage à Vladimir Ippolitovitch Vetrov du rôle qu’il a accepté de jouer, quelques soient ses véritables motivations, et qui a contribué à l’évolution du monde.

 

(1) Sergeï Kostine: ” Bonjour Farewell. La vérité sur la taupe française du KGB, Paris, Laffont, 1997 “, p. 104.

(2) Le GKNT (Comité d’État pour la science et la technique), l’Académie des sciences et le ministère du Commerce extérieur participent au recueil du renseignement et fournissent les couvertures




Bibliographie sur l’affaire Richard Sorge

( parutions dans les années 1950 )

Ai wo subete Ningen Zoruge. (H. Ishii, Masu Shobo, Tokyo, 1951).

La conspiration de Shanghaï. (Ch. Willoughby, Plon, 1953).

Docteur Sorge, l’espion de Tokyo. (H.O. Meissner, Presses de la Cité, Paris, 1954).

( parutions dans les années 1960 )

Sorge, l’espion du siècle. (H. Kirst, J’ai Lu, 1960).

Gendai-shi Shiryo, Zoruge Jiken. (T. Obi, Tokyo, 1962).

An Instance of Treason. (C. Johnson, Stanford University Press, Stanford, 1964).

L’affaire Richard Sorge. (S. Boudkevitch, La Vie Internationale, 1965).

Camarade Sorge. (N. Chatel et A. Guérin, Julliard, Paris, 1965).

Sorge obarjestajac Stoljica. (M. Maric, Epoha, Zagreb 1965).

Tovarishch Zorge. (I.A. Dementyeva, Sovetskaya Rossiya, Moscow, 1965).

Le cas Sorge. (F. Deakin et G.R. Storry, Laffont, Paris, 1967).

Le vrai Sorge. (S. Goliakov et V. Poniozovsky, Fayard, Paris, 1967).

Sorgefunkt aus Tokyo. (J. Mader & H. Pehnert, Deutscher Militärverlag, Berlin 1968).

( parutions dans les années 1970 )

Richard Zorge. (M.V. Kolesnikova, Molodeja gvardija, Moscou, 1971).

Il était 9 espions. (F. Maclean, Tallandier, Paris, 1979).

( parutions dans les années 1980 )

L’espion qui sauva Moscou. (R. Guillain, Seuil, Paris, 1981).

Dr. Sorge Reports. (J. Mader, Military Publications, East Belin, 1984).

Le réseau Sorge. (G. Prange, Pygmalion, Paris, 1987).

The Case of Richard Sorge. (J. Mendelsohn, Garland, New York, 1987).

( parution dans les années 1990 )

Stalin’s spy : Richard Sorge. (R. Whymant, Tauris, London 1996).

( parution dans les années 2000 )

Richard Sorge. (P. Copernik, Acropole, 2000).




Bibliographie sur l’affaire Colonel Redl

( parution dans les années 1950 )

Les services secrets démasqués. (T. Busch, La Paix, Paris, 1954).

( parution dans les années 1960 )

Suicide sur commande. (R. Asprey, Fayard, Paris, 1966).

( parutions dans les années 1970 )

Aventuriers de l’histoire. Les espions. (R. Gheysens, Elsevier, Bruxelles, 1973).

Il était 9 espions. (F. Maclean, Tallandier, Paris, 1979).

( parutions dans les années 1980 )

Der Fall Redl, mit unveröffenlichten Geheimdoukenten zur folgenschwersten Spionage. (G. Markus, Amalthea Verlag, Vienna, 1984).

( parutions dans les années 1990 )

Comment j’ai appris que Redl était un espion. (E.E. Kisch, Cent Pages, Paris, 1990).

La chute du colonel Redl. (E.E. Kisch, Desjonquères, Paris, 1992).




Bibliographie sur l’affaire Jean-Moulin

( parutions dans les années 1940 )

Souvenirs. (Passy, Solar, Paris, 1947).

Peut-on dire la vérité sur la Résistance? (Carte, Le Chêne, Paris, 1947).

( parutions dans les années 1950 )

Plaidoyer pour René Hardy. (M. Garçon, Fayard, Paris, 1950).

Missions secrètes en France. (Passy, Plon, Paris, 1951).

Quatre dans l’ombre. (E. Piquet-Wicks, Air du Temps, Paris, 1957).

( parutions dans les années 1960 )

Jean Moulin l’unificateur. (H. Michel, Hachette, Paris, 1960).

Lyon capitale 1940-1944. (H. Amoretti, France-Empire, Paris, 1964).

Jean Moulin. (L. Moulin, Presses de la Cité, Paris, 1969).

( parutions dans les années 1970 )

Le temps des passions. (F.L. Closon, Presses de la Cité, Paris, 1974).

J’étais la femme de Jean Moulin. (M. Storck-Cerruty, Horvath, Roanne, 1976).

Histoire de la Résistance en France. (H. Noguères, Laffont, Paris, 1976).

L’énigme Jean Moulin. (H. Frenay, Laffont, Paris, 1977).

De Gaulle et le Conseil national de la Résistance. (J. Debü-Bridel, France-Empire, Paris, 1978).

Les Neuf sages de la Résistance. (D. de Bellescize, Plon, Paris, 1979).

( parutions dans les années 1980 )

Jean Moulin, une vie. (H. Calef, Plon, Paris, 1980).

Jean Moulin et le Conseil national de la Résistance. (D. Cordier, CNRS, Paris, 1983).

Ils partirent dans l’ivresse. (L. Aubrac, Seuil, Paris, 1984).

Derniers mots. (R. Hardy, Fayard, Paris, 1984).

Procès d’après-guerre. (J.-M. Théolleyre, La Découverte, Paris, 1985).

Jean Moulin, l’inconnu du Panthéon. (D. Cordier, Lattès, Paris, 1989).

( parutions dans les années 1990 )

L’affaire Jean Moulin. La contre-enquête. (Ch. Benfredj, Albin Michel, Paris, 1990).

La mort d’un inconnu. (B. Friang, Crémille, Genève, 1990).

Le grand recrutement. (Th. Wolton, Grasset, Paris, 1993).

Le Trait empoisonné. Réflexions sur l’affaire Jean Moulin. (P. Vidal-Naquet, La Découverte, Paris, 1993).

Jean Moulin, mon ami. (P. Meunier, L’Armançon, Paris, 1993).

Lyon 1940-44. (G. Chauvy, Payot, Paris, 1993).

Jean Moulin et la Résistance. (Collectif, CNRS, Paris, 1994).

Le général Delestraint, premier chef de l’Armée secrète. (Fr.-Y. Guillin, Plon, Paris, 1995).

Fallait-il laisser mourir Jean Moulin? (M. Cuny et F. Petitdemange, Lyon, 1995).

La France Libre. (J-L Crémieux-Brilhac, Gallimard, Paris, 1996).

Aubrac, les faits, la calomnie. (F. Delpha, Le Temps des cerises, Paris, 1997).

Aubrac, Lyon 1943. (G. Chauvy, Albin Michel, Paris, 1997).

Vies et morts de Jean Moulin. (P. Péan, Fayard, Paris, 1998).

Les secrets de l’affaire Jean Moulin. (J. Baynac, Seuil, Paris, 1998).

La diabolique de Caluire. (P. Péan, Fayard , Paris, 1999).

Le guet-apens de Caluire. (P. Dreyfus, Stock, Paris, 1999).

Jean Moulin, la République des catacombes. (D. Cordier, Gallimard, Paris, 1999).

Jean Moulin 1899-1943. (Collectif, Paris musées, Paris, 1999).

( parutions dans les années 2000 )

Jean Moulin face à l’histoire. (J-P. Azéma, Flammarion, Paris, 2000).

The Death of Jean Moulin. Biography of a Ghost. (P. Marnham, John Murray, London, 2000).

Action de Jean Moulin à Nice et dans les Alpes-Maritimes, 1941-1943. (Documents Témoignages Recherches, n° 3, Musée de la Résistance, Nice, septembre 2000).

Jean Moulin, dit Romanin, artiste, résistant, marchand de tableaux. (A. Paire, Actes Sud, 2000).

Jean Moulin et son temps. (J. Sagnes, Presses Universitaires de Perpignan, Perpignan, 2000).

Nous étions faits pour être libres. (C. Bouchinet-Serreulles, Grasset, Paris, 2001).

Jean Moulin, le plus célèbre des Héraultais. (Collectif, Montpellier, 2001).

Jean Moulin, 1899-1943. The French Resistance and the Republic. (A. Clinton, Palgrave, New York, 2002).

Dessins et aquarelles de Jean Moulin. (J. Lugand, Editions de Paris, Paris, 2005).

A vingt ans avec Jean Moulin. (J.-L. Théobald, Cêtre, 2005).

Présumé Jean Moulin. (J. Baynac, Grasset, Paris, 2007).




Bibliographie sur l’affaire Mata-Hari

( parution dans les années 1890 )

Malaiopolynesiche Forschungen… (R. Brandstetter, Eisenring, Luzern, 1898).

( parutions dans les années 1920 )

Les espionnes à Paris 1914-1918. (E. Massard, Albin Michel, Paris, 1922).

Portrait graphologique de Mata-Hari. (E. de Rougemont, Paris, 1923).

L’éternelle question Mata-Hari. (C. Pitollet, sans lieu, 1925).

Souvenirs d’un médecin des prisons de Paris. (L. Bizard, Grasset, Paris, 1925).

Le mystère de la vie et de la mort de Mata-Hari. (E. Gomez Carillo, Fasquelle, Paris, 1926).

Mata-Hari. La princesse de l’Aurore a-t-elle été fusillée innocente? (H. Grey, Patria, Anvers, 1927).

Le Pavillon des fantômes. (G. Astruc, Grasset, Paris, 1929).

( parutions dans les années 1930 )

La vraie Mata-Hari. (Ch.S. Heymans, Prométhée, 1930).

Mata-Hari, courtesan and spy. (Th. Coulson, Harper Brothers, 1930).

Mata-Hari, danseuse, courtisane et espionne. (P. Menard, sans lieu, 1932).

Les chasseurs d’espions. Comment j’ai fait arrêter Mata-Hari. (G.Ladoux, Le Masque, Paris, 1932).

Les Grands Espions. (H.R. Berndorff, Montaigne, Paris, 1932).

Mata-Hari. (A. Bernède, Tallandier, Paris, 1932).

La dernière aventure de Mata-Hari. (Labor, Bruxelles, 1932).

Les énigmes de la guerre. (P. Allard, Portiques, Paris, 1933).

Dans l’air et dans la boue. (J. Violan, Librairie des Champs Elysées, Paris, 1933).

Die Schöne Simi Simon, die Mata-Hari der syrischen Front, nach amtlichen Aufzeichnungen über die jüdisch Spionage… (C. Rifat Bey, Bodung-Verlag, Erfurt, 1934).

La guerre des espions. (P. Allard, Flammarion, Paris, 1935).

L’aveu définitif de l’Allemagne sur Mata-Hari. (Ch.S. Heymans, L’Etoile, Paris, 1936).

Lady Doctor, Woman Spy. (B. Newman, Hutchinson, 1937).

( parutions dans les années 1950 )

Les plus grandes espionnes du siècle. (K. Singer, Gallimard, Paris, 1952).

Souvenirs. (P. Boucheron, Albin Michel, Paris, 1953).

Mata-Hari. (E. Locard, La Flamme d’or, Lyon, 1954).

Inquest on Mata-Hari. (B. Newman, Robert Hale, London, 1956).

Un drame d’espionnage en 1917. (P. Guimard, in « Du premier Jazz au dernier Tzar » de G. Guilleminault, Paris, 1959).

Mata-Hari, espionne et danseuse nue. (M. Saint-Servan, Gallimard, Paris, 1959).

( parutions dans les années 1960 )

Souvenirs indiscrets. (N. Barney, Flammarion, Paris, 1960).

Mata-Hari ou la danse macabre. (S. Waagenaar, Fayard, Paris, 1965).

Mata-Hari. Pavane pour une espionne. (R. Masson, Presses de la Cité, Paris, 1965).

Mata-Hari, le roman d’une espionne. (K. Singer, Marabout, Verviers, 1965).

Mata-Hari, la vraie. (R. de Isabens, France-Empire, Paris, 1965).

Les Grandes Enigmes de la Grande Guerre. (E. Bergheaud, Saint-Clair, 1966).

Dossiers secrets de l’histoire. (A. Decaux, Perrin, Paris, 1966).

( parutions dans les années 1970 )

Mata-Hari. Mademoiselle Docteur. (P. Gourdeaux, Minerva, Genève, 1970 ; J’ai lu, Paris, 1970).

Mata-Hari. (R. Millar, Heron Books, Genève, 1970).

Mata-Hari. (G. de Bellet, Collection la Vie amoureuse, Paris, 1970).

Le Immortali. (X, Mondadori, Milano, 1970).

Mata-Hari, ou la romance interrompue. (F. Lacassin, Magazine littéraire, n° 43, 1970).

L’ennemie de Mata-Hari. (M. Leblanc, France-Empire, Paris, 1974).

Mata-Hari. (D. Hemmert, Rombaldi, Paris, 1974).

Mata-Hari. (R. Sorgi, Atlanta, 1975).

Mes cahiers bleus. (L. de Pougy, Plon, Paris, 1977).

Eye of dawn. (E. Ostrovsky, Prior, London, 1978).

Il était 9 espions. (F. Maclean, Tallandier, Paris, 1979).

( parutions dans les années 1980 )

Paris, c’était hier. (J. Flanner, Mazarine, Paris, 1981).

Mata-Hari. (F. Kupferman, Complexe, Paris, 1982).

Mata-Hari, the True Story. (R.W. Howe, Dodd Mead, New York, 1986).

The Spy who Never Was. (J. Keay, Michael Joseph, London, 1987).

( parutions dans les années 1990 )

The Fatal Lover. Mata Hari and the Myth of Women in Espionage. (J. Wheelwright, Collins & Brown, London, 1992).

L’affaire Mata-Hari. (L. Schirman, Tallandier, Paris, 1994).

Mata-Hari. (A. Bragance, Belfond, Paris, 1995).

L’affaire Mata-Hari. (L. Dumarcet, De Vecchi, Paris, 1999).

( parutions dans les années 2000 )

Mata-Hari, la sacrifiée. (J-M. Loubier, Acropole, Paris, 2000).

L’affaire Mata-Hari, autopsie d’une machination. (L. Schirmann, Italiques, Paris, 2001).

Mata-Hari, dossier secret du Conseil de guerre. (Sous la direction de J.-P. Turberue, Italiques, Paris, 2001).

The Red Dancer. The Life and Times of Mata-Hari. (R. Skinner, Ecco, 2003).

Mata-Hari, sa véritable histoire. (Ph. Colas, Plon, Paris, 2003).

Female Intelligence. Women in the First World War. (T.M.Proctor, New York University Press, 2003).

Les amants de Mata-Hari. (A. Vialatte, Le Dilettante, Paris, 2005).

Mata-Hari. (F. Diaz-Plaja, 2005).

The Diary of Mata-Hari. (Mata Hari, The New Traveller’s Companion, Olympiapress, 2005).

Mata-Hari. Songes et mensonges. (F. Kupferman, Complexe, Bruxelles, 2005).

Mata-Hari. (L.C. Buraya, Edimat Libros, 2006).




Bibliographie sur l’affaire Markovic

( parutions dans les années 1970 )

Exécution d’un homme politique. (Ph. Alexandre, Grasset, Paris, 1973).

Dossier B…comme barbouzes. (P. Chairoff, Alain Moreau, Paris, 1975).

La vérité sur l’affaire Marcovitch. (C. Clément, Lanore, 1976).

La conjuration. (F. Marcantoni, Orban, Paris, 1976).

Dossier E…comme espionnage. (N.F. Fournier et E. Legrand, Alain Moreau, Paris, 1978).

( parutions dans les années 1980 )

Pour rétablir une vérité. (G. Pompidou, Flammarion, Paris, 1982).

Aux ordres du S.A.C. (G. Lecavelier, Albin Michel, Paris, 1982).

Mais qui a tué Markovic? (F. Marcantoni, Favre, Paris, 1985).

La Piscine. Les services secrets français 1944-1984. (R. Faligot et P. Krop, Seuil, Paris, 1985).

Des assassins au service de l’Etat. Rebondissements dans l’affaire Markovic. (T. Avramski, La Pensée universelle, Paris, 1985).

( parutions dans les années 1990 )

Georges Pompidou. (F. Abadie et J.-P. Corcelette, Balland, Paris, 1994).

Georges Pompidou, 1911-1974. (E. Roussel, Lattès, Paris, 1994).

Le Général en Mai. Journal de l’Elysée II, 1968-1969. (J. Foccart, Fayard, Paris, 1998).

Mémoires secrets. (Monsieur X, Denoël, Paris, 1998).

DST. Police secrète. (R. Faligot et P. Krop, Flammarion, Paris, 1999).

( parutions dans les années 2000 )

Marchiani. L’agent politique. (E. Lemasson, Seuil, Paris, 2000).

Un homme d’honneur. (F. Marcantoni, Balland, Paris, 2001).

Histoire du S.A.C. La part d’ombre du gaullisme. (F. Audigier, Stock, Paris, 2003).

Cadavres sous influence. (Ch. Deloire, Lattès, Paris, 2003).

Histoire secrète de la Ve République. (R. Faligot et J. Guisnel, La Découverte, Paris, 2006).

L’indic et le commissaire. (L. Aymé-Blanc, Plon, Paris, 2006).

Une sale affaire. Markovic, Marcantoni, Delon, Pompidou et les autres. (J.-P. Méfret, Pygmalion, Paris, 2007).

Les Enigmes de la Ve République. (Ph. Valode, First, Paris, 2007).