Extrait du Bulletin : A propos du débarquement allié en Normandie
Certains de nos camarades se sont étonnés que la totalité des forces allemandes n’ait pas été alertée dès le 5 juin 1944 en raison de l’imminence de l’attaque alliée sur les plages de Normandie.
Le commandement de la Wehrmacht avait été informé par l’Abwehr de l’ordre diffusé par la B.B.C. aux Forces Françaises de l’Intérieur (F.F.I.) de procéder sans délai au sabotage systématique des voies de communication, ce qui impliquait l’annonce de l’imminence du débarquement.
Nous résumons ci-après l’état de nos connaissances sur cet aspect important de la phase essentielle de notre Libération.
1) RAPPEL DE DEUX DONNEES CAPITALES
a) Depuis le début de 1944, les Services Spéciaux alliés (y compris nos services) appliquent le plan général d’intoxication Bodyguard qui doit aboutir, notamment par la mise en œuvre du plan annexe Fortitude, à persuader l’ennemi que le débarquement de Normandie est une vaste entreprise de dissuasion; la « menace principale » pour la Wehrmacht doit être l’attaque au nord de la Seine par le Pas-de-Calais.
Une menace secondaire est soutenue en Méditerranée. On sait (notamment par le décryptement des messages Enigma) que ce plan d’intoxication est une réussite totale jusqu’au début de juillet 1944 et qu’il incita le haut commandement allemand à maintenir ses forces dispersées.
b) Depuis la fin de 1943, l’Abwehr est au courant des conditions dans lesquelles les F.F.I. et les F.F.C. seront informées des projets de débarque ment alliés par la B.B.C. Le 24 octobre 1943 l’O.K.W. a répercuté sur le front de l’Ouest ces indications recueillies par l’Abwehr grâce à sa pénétration dans les organisations de Résistance en France, ses écoutes radios et ses décryptements.
Ainsi l’ennemi sait que l’information des résistants doit se faire en deux temps avec la diffusion des vers de Verlaine
— 1er temps : « Les sanglots longs des violons de l’automne »
— 2e temps : « Bercent mon cœur d’une langueur monotone ».
La diffusion du 1er temps signalera l’approche du débarquement, sans en donner ni lieux ni date. La diffusion du 2e temps précédera de très peu le déclenchement des opérations et donnera l’ordre de sabotage dans toute la France.
Depuis le mois de mai 1944 la B.B.C. a diffusé plusieurs fois le premier vers de Verlaine. Les Allemands l’ont capté. Ils savent à quoi s’en tenir. Le Commandement allemand en France (P.C. à Saint-Germain) a alerté par précaution ses armées au Nord et au Sud de la Seine. Rien ne s’étant produit fin mai, Von Rundstedt lève l’alerte et précise qu’elle ne sera éventuellement renouvelée que sur son ordre.
2) DEROULEMENT DES EVENEMENTS
a) Le 5 juin 1944 à partir de 21 heures, la B.B.C. diffuse à plusieurs reprises le 2e temps (2e vers de Verlaine) soit l’ordre de sabotage. Il est intercepté par les écoutes de la station de l’Abwehr de la région de Nord ainsi que par les services spécialisés de la 15e Armée allemande stationnée au Nord de la Seine jusqu’au Pays-Bas. Ces services répercutent leurs interceptions sur le P.C. de Saint-germain qui donne l’ordre d’alerte maximum à cette 15e armée. Il est 22 h 30. A 23 h 15, toutes les défenses côtières de la 15e armée sont en place.
b) C’est la 15e Armée allemande qui défend les côtes de Normandie et de Bretagne. Son chef, Rommel, est en Allemagne depuis le 4 mai 1944. Les principaux chefs de ses grandes unités sont le 5 juin 1944 depuis 9 heures, à Rennes, pour participer à un Kriegspiel. Le Général Speidel, Chef d’E.M. de Rommel est au P.C. de cette 7e Armée à la Roche-Guyon (sur la Seine à l’ouest de Mantes). A 23 heures il reçoit une communication téléphonique de la 7e Armée signalant qu’à la suit…
Memorial – biographies Pej-Pez
Louis
Pseudonymes: CARTON, MARTIN
Né le 21 décembre 1901 à Toulouse (Haute-Garonne) de père inconnu et de Marie, Valérie Pélissier Epouse: Alice, Angèle, Désirée Duranton Profession: officier d’active Décédé le 8 (?) juin 1944 à Saint Céré (Lot)
Réseau: S.S.M.F./T.R. , groupe MorhangeAgent P2
Un de ses compagnons de Résistance, le Lieutenant colonel Guisset, écrit dans une courte biographie:
“Louis Pélissier est un enfant de Toulouse où il naquit au début de ce siècle. Jeune appelé de la classe 1921, il devient sous-lieutenant de réserve. Trouvant dans le métier militaire sa véritable vocation, il contracte un réengagement comme sous-officier; admis dans un excellent rang à l’École militaire d’infanterie de Saint Maixent, il en sort à 24 ans avec le grade de sous-lieutenant d’active. Affecté au 95e régiment d’infanterie à Bourges, son chef de corps voit déjà en lui un officier d’avenir. Il servira ensuite en Algérie, puis au 149e régiment d’infanterie de Forteresse, corps auquel il appartient lorsque la guerre de 1939 éclate.
Ses différents chefs l’ont apprécié et on relève dans ses notes les termes suivants pris au hasard: “Officier d’élite”, “Excellent commandant de compagnie”, “Remarquable instructeur”, “Beau soldat très calme, très maître de soi, plein d’allant et d’initiative”, “Officier très complet, militaire dans l’âme”, “Chef au tempérament ardent, appelé à être en campagne un chef de tout premier ordre”.
Au début de la guerre, le capitaine Pélissier commande dans le secteur de Longuyon, une compagnie d’ouvrage. Bientôt le commandement du bataillon lui est remis et, lorsque le 10 mai 1940 la vague allemande vient battre la ligne Longuyon-Longwy, il repousse de violentes attaques et par son exemple maintient toutes ses unités à leur poste de combat.”
Dans la citation accompagnant sa Croix de Guerre, les faits sont précisés: “Une attaque ennemie ayant échoué le 15 mai 1940 à proximité de nos réseaux barbelés, a spontanément traversé ceux-ci pour capturer des fantassins ennemis blessés qui auraient pu regagner leurs lignes. A été grièvement blessé lui-même, montrant ainsi à ses soldats un magnifique courage et un mépris absolu du danger.” (Louis Pélissier a été atteint d’une balle dans le dos.)
“A l’issue de sa convalescence, poursuit le lieutenant colonel Guisset, il est affecté au 23e régiment d’infanterie qui, après avoir été le régiment de Coblence, d’Haguenau et du Bas-Rhin, vient d’être reconstitué à Toulouse. En novembre 1942, la zone libre est envahie par les Allemands et l’armée de l’armistice est dissoute. Placé en congé d’armistice,officiellement reconverti dans les assurances, Pélissier entre dans la Résistance et devient un des principaux chefs de l’Armée Secrète ou A.S.
Sous les pseudonymes de Carton, de Martin, qui sont les plus connus, il organise les formations militaires de l’A.S. et travaille en relation étroite avec François Verdier, alias Forain. Il crée des unités, assure leur encadrement, veille à leur entraînement, à leur ravitaillement, etc. Il s’occupe de constituer des dépôts d’armes et de munitions. Ainsi, le garage Pêcheur (un réfugié alsacien), avenue Lespinet, à T…
Extrait du Bulletin : Pourquoi et comment est née la Sécurité Militaire
par le Colonel Paul PAILLOLE
J’entends et lis, à propos de la Sécurité Militaire, tant d’inexactitudes, parfois aussi tant d’inepties, que, dans l’intérêt de la vérité et pour l’honneur de mes camarades qui en firent un grand service national, je me dois de retracer une fois encore, les raisons et les circonstances de sa création.
C’était en juillet 1942.
Depuis plusieurs semaines, sur la demande des autorités allemandes, Laval exigeait la dissolution des Bureaux des Menées Antinationales (B.M.A.) et le ” limogeage ” de leurs chefs : Rivet et d’Alès en tête.
Ce nettoyage des Services Spéciaux de l’Armée de l’Armistice s’effectuait dans le cadre d’une opération plus générale de lutte contre les organisations de Résistance Militaire. Du Vigier, Chef du 3ème Bureau et père des G.A.D. (Groupes d’Auto-Défense), Baril, Chef du 2ème Bureau, et bien d’autres, disparaissaient de l’État-Major de l’Armée de Terre ; Ronin, malgré l’habile protection du général Bergeret, devait mettre en veilleuse son S.R. Air. Seul le S.R. Marine sortait à peu près indemne de la vague épuratrice. Il est vrai qu’à cette époque, ce n’étaient pas les aviateurs mais les marins qui occupaient les postes de confiance…
En juin et juillet 1940, j’avais créé le Service de ContreEspionnage clandestin, camouflé, avec l’aide du Génie Rural, dans l’entreprise des Travaux Ruraux (T.R.). Notre action contre les puissances de l’Axe et la Trahison s’était poursuivie et développée avec une vigoureuse efficacité grâce à la protection des B.M.A. et à leur rôle décisif dans l’appareil répressif militaire.
A n’en pas douter, c’était ce rôle répressif et la confortable ” couverture ” que les B.M.A. nous offraient qui gênait les Allemands et que Laval n’entendait pas tolérer.
Rivet me fit appeler.
Avec d’Alès et lui, nous examinâmes les conséquences de cette décision et les mesures à prendre pour en atténuer les effets maléfiques.
Certes, les B.M.A., héritiers des B.C.R. (1) , avaient une existence précaire depuis que l’Autorité Militaire avait été, en février 1941, déchargée des Pouvoirs de Police. Elle n’avait plus, pour justifier le maintien de ces organismes, que de mauvais prétextes ; les vrais, encore que soupçonnés par les autorités de fait, demeuraient inavouables.
Si, dans cette conjoncture, l’Armée de l’Armistice, en tant que telle, pouvait à la rigueur (comme l’Armée du temps de Paix), se passer des Services de Contre-Espionnage Spécialisés, nos réseaux militaires clandestins de recherches ne pouvaient sans dommage être privés de leur meilleure protection. Quant au C.E. clandestin (T.R.) il ne pouvait renoncer à l’exploitation judiciaire de son travail sur le territoire national. L’un des principes essentiels de notre lutte était précisément de maintenir en France, face aux puissances occupantes, la répression impitoyable de la trahison à leur profit. On sait que les Tribunaux Militaires de la zone sud condamnèrent ainsi plusieurs centaines d’agents de l’Axe dont quarante-deux à la peine de mort.
Faute de pouvoir directement ” embrayer ” sur la Justice Militaire pour assurer cette action répressive, force était à T.R. de disposer d’un intermédiaire sûr au sein même de l’Armée.
Enfin, élément capital, je savais l’inéluctable et proche action alliée en A.F.N. Il fallait que cette opération décisive soit effectuée avec un maximum de sécurité en matière de C.E. et que les Alliés trouvent dans les territoires libérés, un service organisé capable de remplir les missions de protection qu’exigeraient les circonstances et d’ôter tout prétexte, sinon l’envie, a…
Memorial – biographies Ua-Vz
Henri,Pierre, Adolphe
Né le 22 février 1901 à Toulon (Var) Epouse: Alice, Marie… Profession: officier de marine Décédé le 3 avril 1945 à Wattenstedt (Allemagne)
Réseaux: S.S.M.F./T.R., S.R. MarineAgent P1 (1er février 1943), P2 (18 janvier 1944)
Capitaine de frégate, Henri Vaillant devient agent permanent du S.R. Marine à partir de février 1943. Il a alors quarante deux ans, est père de trois enfants.
Arrêté le 18 janvier 1944, il est déporté en Allemagne le 27 mai 1944, et meurt à Wattenstedt le 3 avril 1945.
Déclaré “Mort pour la France”, il recevra la Médaille de la Résistance.
Références Archives du Bureau “Résistance”; Bulletin de l’A.A.S.S.D.N. n°157, p.13
Bernard, Pierre, Fernand
Pseudonymes: Bernard GUY, FLANDRIN
Né le 26 juin 1922 à Caen (Calvados) de Gaston Vanier et de Thérèse Bidet Célibataire Etudiant Décédé le 23 août 1944 à Chenoise (Seine et Marne)
Réseaux:S.S.M.F./T.R., S.R. Kléber, S.R. Air (Samson) Agent P2
Bernard Vanier est étudiant, il a 21 ans lorsqu’il s’engage pour une mission dans le S.R. Air, comme agent P2, à partir du 1er mars 1944.
Dans “Le S.R. Air”, Jean Bezy raconte les circonstances de sa mort.
La couverture du territoire était à ce moment “très dense jusqu’à l’Aisne et la Champagne, plus irrégulière au-delà et, devant l’avance alliée, Aubry songea à établir un poste plus en arrière dans la région de Nancy… Les pertes furent sérieuses et l’avance alliée fut tellement rapide que les éléments mis en place eurent à peine le temps de récolter quelques informations utiles…
C’est le capitaine de corvette Gauthier qui reçut le commandement du groupe. Il disposait d’un échelon précurseur composé d’Aubert, lieutenant de pompiers de Rouen, et d’un jeune agent de liaison, Vanier…
Les deux membres du groupe précurseur furent arrêtés par les Allemands, jugés sur place et fusillés le 23 août à Chenoise.”
Déclaré “Mort pour la France”, Bernard Vanier recevra la Médaille militaire et la Médaille de la Résistance.
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Citation: “Agent de liaison de mars à août 1944. Arrêté le 23 août 1944 avec son chef à Chenoise et fusillé le jour même.”
Références: Archives du Bureau “Résistance”; “Mémoires d’un agent secret de la France Libre”, tome 2, de Rémy, p.240 (Ed. France Empire); “Le S.R. Air” de Jean Bezy, p.199 (Ed. France Empire, 1979)
Extrait du Bulletin : Les services spéciaux français en Indochine (2)
Par le colonel Jean Deuve
ancien chef de groupement franco-lao « Yseult »
Qui mieux que nombre des membres de notre Association pourrait apporter le témoignage d’événements vécus ou le fruit de leurs recherches: cette rubrique leur est ouverte sans exclure évidemment les signatures qui voudront bien nous confier leurs travaux.
LE RÉTABLISSEMENT DE L’AUTORITÉ FRANÇAISE AU LAOS
La situation au 1er août 1945
Au 1er août 1945, vivent dans les profondes forêts du Laos 200 Européens et 300 autochtones, ressortissant de la « Force 136 » britannique des Indes (Service Secret d’Action) et de la représentation locale de la Direction Générale des Etudes et Recherches (Colonel Roos), basée à Calcutta.
Ces groupes sont formés des membres du Service d’Action Secrète (S.A.S.) intégrés dans la ” Force 136 ” britannique, de membres de la D.G.E.R. venant de France récemment, de personnel, européen et autochtone, civil et militaire, d’anciens de l’armée ou de l’administration d’Indochine, échappés aux Japonais, enfin, de volontaires lao.
En dehors du Laos, et à l’exception d’un petit groupe de marins et de coloniaux qui, basés en Chine, se livrent à un harcèlement naval du trafic côtier nippon, il n’y a aucune résistance dans les autres pays d’Indochine.
Ces groupes du Laos ont survécu aux campagnes d’anéantissement japonaises et, malgré les difficultés de la vie en jungle en saison des pluies, d’un ravitaillement souvent aléatoire, de l’incessante pression des troupes nipponnes, grâce aussi à la complicité générale des populations lao, remplissent les missions qui leur ont été confiées: – maintenir une présence française – renseigner le gouvernement français et le South East Asia Command – préparer la reprise de l’action pour octobre, à la fin de la saison des pluies.
Les pays qui constituaient la Fédération Indochinoise (Empire d’Annam et du Tonkin, colonie de Cochinchine, Royaumes du Laos et du Cambodge) ont été déclarés indépendants par les Japonais, mais cette indépendance ne s’est pas concrétisée. Les gouvernements se sont contentés de survivre, de gérer leurs besoins essentiels et de faire, plus ou moins, fonctionner leurs services publics.
Il n’existe aucun mouvement d’indépendance populaire, sauf au nord-Tonkin, où le Parti Communiste indochinois, de ses bases de Chine, a lancé une ” Ligue pour l’Indépendance du Vietnam ” (Vietnam Doc Lap Dong Minh, dit Vietminh). Cette ligue a profité de la naïveté américaine pour obtenir des armes sous le fallacieux prétexte de combattre les Japonais.
L’articulation générale de la résistance au Laos comprend des groupements, des sous-groupements et des groupes:
– Au nord, le groupement Imfeld (S.A.S.), implanté entre Louang-Prabang et la frontière de Chine, comprend trois sous-groupements Mollo (S.A.S.), Rottier (Indochine) et Baudouard (Indochine). En tout, il compte 52 Français et cinq postes radios E.R.
– Plus à l’est, Guilliod, avec ses groupes Petit et Heymonet, tient le massif du Phou Loï, à 100 kilomètres au nord de Xieng-Khouang. Le groupe Mutin (D.G.E.R.) séjourne à côté. En tout: 34 Français et 3 postes radios E.R. Zone d’action: Samneua.
– Au sud-est, Bichelot (D.G.E.R.), tout près de Xieng-Khouang, dispose de deux postes. Il tient la région Méo. Le groupement Fabre (S.A.S.) avec deux sous groupements, le sien et le sous-groupement Deuve (S.A.S.) qui va devenir groupement et qui comporte les groupes Picot (S.A.S.), Lemal (Indochine) et Etchart (D.G.E.R.).
– Fabre est au nord-est de Paksane, en instance de mouvement vers Vientiane, la capitale du Laos. Il commande 26 Français et dispose d’un seul poste. Deuve, avec un poste, tie…
Bibliographie : Ouvrages présentés – Commentaires IV
Encyclopédies :
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