Bibliographie sur l’affaire Darlan

( parutions dans les années 1940 )

Alger et ses complots. (M. Aboulker, Documents Nuit et Jour, Paris, 1945).

Expédients provisoires. Le coup d’Alger. (P. Gosset et R. Gosset, Fasquelle, Paris, 1945).

Le 8 novembre 1942. (G. Esquer, Charlot, Paris, 1946).

Du débarquement africain au meurtre de Darlan. (A. Kammerer, Flammarion, Paris, 1949).

La grande énigme de la guerre : Darlan. (Vice-Amiral Docteur, La Couronne, Paris, 1949).

( parutions dans les années 1950 )

D’Alger à Paris. (J. Soustelle, Laffont, Paris, 1950).

L’Histoire des mes « trahisons ». (G. Auphan, Plon, Paris, 1951).

La querelle des généraux. (Chamine, Albin Michel, Paris, 1952).

L’amiral Darlan parle. (A. Darlan, Amiot-Dumont, Paris, 1953).

( parutions dans les années 1960 )

Un diplomate parmi les guerriers. (R. Murphy, Laffont, Paris, 1965).

Les grandes énigmes de la Seconde Guerre mondiale. (B. Michal, Saint-Clair, Paris, 1965).

Le meurtre de l’amiral. (P. Tompkins, Albin Michel, Paris, 1966).

( parutions dans les années 1970 )

Tout commence à Alger. 1940-1944. (P. Ordioni, Stock, Paris, 1972).

Nous avons tué Darlan. (M. Faivre, La Table Ronde, Paris, 1975).

Julien, ou la route à l’envers. (Ph. Ragueneau, Albin Michel, Paris, 1976).

Les rivaux de Charles de Gaulle. (A. Laurens, Laffont, Paris, 1977).

L’assassinat de Darlan. (A. Decaux, Perrin, Paris, 1979).

De Munich à la Libération. (J-P. Azéma, Seuil, Paris, 1979).

( parutions dans les années 1980 )

Deux crimes d’Alger. (A. Fabre-Luce, Julliard, Paris, 1980).

Le chemin du Palais d’Eté, Alger 1942. (M. Faivre, Regirex-France, Paris, 1982).

Admiral Darlan, de Gaulle und das royalistische komplot in Algeria 1942. (E. Krautkramer, Vierteljahrshefte für Zeitgeschichte, Berlin, 1984).

Les derniers jours de Darlan. (J. Moreau, Pygmalion, Paris, 1985).

Le secret de Darlan. 1940-1942. Le complot, le meurtre. (P. Ordionni, Albatros, Paris, 1986).

Darlan. (H. Couteau-Bégarie, Fayard, Paris, 1989).

Les Anglais ont-ils assassiné Darlan ? (Revue L’Histoire, n° 121, avril 1989).

( parutions dans les années 1990 )

Qui a donné l’ordre d’assassiner Darlan? (Revue Historia, n° 529, 1991).

L’assassinat de l’amiral Darlan. (A.-J. Voituriez, L’Esprit du temps, Bordeaux, 1992).

Qui a tué Darlan? (J-B. d’Astier de la Vigerie, Atlanthrope, 1992).

La jeunesse et la résistance. (A. Gandy, Presses de la Cité, Paris, 1992).

Darlan, un amiral entre deux blocs. (R.O. Paxton, Vingtième Siècle, n° 36, 1992).

Le mystérieux docteur Martin 1895-1969. (P. Péan, Fayard, Paris, 1993).

L’assassinat de Darlan. (A. de Chantérac, Perrin, Paris, 1995).

La fracture. De Londres 1941 à Sétif 1945. (P. Ordionni, Nouvelles Editions Latines, Paris, 1995).

Journal de guerre. Londres-Alger, avril 1943-juillet 1944. (H. Queuille, Plon, Paris, 1995).

L’affaire Darlan. (L. Richard, sujet de thèse, Institut d’Etudes Politiques de Lyon, septembre 1998).

La Synarchie. Le mythe du complot permanent. (O. Dard, Perrin, Paris, 1998).

Les assassins qui ont voulu changer l’histoire. (P. Accoce, Plon, Paris, 1999).

Les ténébreuses affaires du comte de Paris. (J. d’Orléans, Albin Michel, Paris, 1999).

( parutions dans les années 2000 )

Opération « Torch ». (M. Junot, Fallois, Paris, 2001).

Darlan. (G.E. Melton, Pygmalion, Paris, 2002).

Aux Services de la République. Du BCRA à la DGSE. (C. Faure, Fayard, Paris, 2004 ; pp. 119-129).




Bibliographie sur l’affaire Ben Barka

( parutions dans les années 1960 )

J’accuse Lemarchand. (A. Tislenkoff, Saint-Just, Paris, 1966).

L’affaire Ben Barka. (Cahier du Témoignage chrétien, n° 45, 1966).

L’affaire Ben Barka. (D. Sarne, La Table Ronde, Paris, 1966).

La ténébreuse affaire Ben Barka. (J.P. Marec, Presses Noires, 1966).

La Lutte tricontinentale. (A-P. Lentin, Maspéro, Paris, 1966).

El-Mehdi Ben Barka, mon frère. (A. Ben Barka, Laffont, Paris, 1966).

Une philosophie sur l’affaire Ben Barka. (T. Mali , Imprimerie Hettiger, Lyon, 1966).

L’affaire Ben Barka. (Le Canard Enchaîné, n° spécial, juin 1966).

L’affaire Ben Barka. (Le Crapouillot, n° spécial, 1966).

Ben Barka chez les juges. (F. Caviglioli, La Table Ronde, Paris, 1967).

On a tué Ben Barka. (R. Muratet, Plon, Paris, 1967).

( parutions dans les années 1970 )

Accusé, taisez-vous! (L. Souchon, La Table Ronde, Paris, 1970).

Réquisitoire contre un despote. (M. Diouri, Albatros, 1972).

Echec au roi. Du coup d’Etat de Shirat au suicide d’Oufkir. (F. Pédron, La Table Ronde, Paris, 1972).

La mort de Mehdi Ben Barka : un dossier à rouvrir. (Cahier du Témoignage chrétien, n° 54, 1973).

L’affaire Ben Barka. (L. Dufresse, Vérité, Paris, 1973).

Oufkir. (C. Clément, Jean Dullis, 1974).

Une république pour un roi. (P. July, Fayard, Paris, 1974).

Les assassins de Ben Barka : dix ans d’enquête. (D. Guérin, Authier, Paris, 1975).

( parutions dans les années 1980 )

SDECE, Service 7. (Ph. Bernert, Presses de la Cité, Paris, 1980).

La Tricontinentale et les secrets du mondialisme. (Y. Moncomble, Faits et Documents, 1980).

Ben Barka, ses assassins : seize ans d’enquête. (D. Guérin, Plon, 1981).

Ben Barka. Vingt ans après. (Actes du colloque du 26 ocobre 1985 à Paris, Arcantère, Paris, 1986).

De Gaulle. (J. Lacouture, Seuil, Paris, 1986 ; vol.III).

Israël ultra-secret. (J. Derogy et H.Carmel, Laffont, Paris, 1989).

( parutions dans les années 1990 )

Notre ami le roi. (G. Perrault, Gallimard, Paris, 1990).

Les mystères de l’affaire Ben Barka. (J-C. Kerbouch, La Crémille, Paris, 1990).

L’affaire Ben Barka. (B. Violet, Fayard, Paris, 1991).

Les secrets de l’espionnage français. (P. Krop, Payot, Paris, 1995 ; pp. 595-602).

Ben Barka. (Z. Daoud et M. Mounjib, Michalon, Paris, 1996).

Affaires d’Etat. (F. Gerber, Albin Michel, Paris, 1997).

Mehdi Ben Barka. De l’indépendance marocaine à la Tricontinentale. (R. Gallissot, Karthala, Paris, 1997).

Ils ont tué Ben Barka. (J. Derogy et F. Ploquin, Fayard, Paris, 1999).

( parutions dans les années 2000 )

Confession d’un espion. (A. Lopez, Fayard, Paris, 2000).

De l’antigang à la criminelle. (Commissaire Leclerc, Plon, Paris, 2000).

Silence, on tue. (P. Krop, Flammarion, Paris, 2001; pp. 229-269).

Oufkir. Un destin marocain. (S. Smith, Pluriel, 2002).

Le Secret. Ben Barka et le Maroc, un ancien agent secret des services spéciaux parle. (A. Boukhari, Michel Lafon, Paris, 2002).

Cadavres sous influence. (Ch. Deloire, Lattès, Paris, 2003 ; pp. 165-170).

Aux Services de la République. Du BCRA à la DGSE. (C. Faure, Fayard, Paris, 2004 ; pp. 341-363).

« Barbouze » du Général. (P. Lemarchand, Le Cherche midi, Paris, 2005).

L’indic et le commissaire. (L. Aimé-Blanc, Plon, Paris, 2006).

Les Enigmes de la Ve République. (Ph. Valode, First, Paris, 2007; pp. 45-67).




Les services secrets du général de Gaulle : Le BCRA, 1940-1944

Quelles furent les véritables relations du général de Gaulle avec le Bureau Central de Renseignement et d’Action? Quels furent le rôle exact et l’influence de ce service pendant la Seconde Guerre mondiale? Le B.C.R.A mérite-t-il la légende noire qui l’accompagne?

Pour une poignée de Français, la guerre ne s’arrête pas avec l’armistice de 1940. Mais la continuer est un pari audacieux quand manquent les moyens humains, financiers et matériels. Tout ou presque est à inventer. C’est dans cet esprit qu’à Londres le colonel Passy organise le Bureau central de renseignement et d’action (BCRA). Son objectif est triple: recueillir des renseignements sur ce qui se passe en France, soutenir les résistants de l’intérieur dans leur combat, puis imposer à ceux-ci une tutelle souvent fort mal acceptée.

Grâce à des fonds d’archives exceptionnelles – 600 cartons du BCRA, celles du SOE britannique et de l’OSS américaine –, Sébastien Albertelli retrace l’aventure de ces personnages hors du commun : le colonel Passy, le colonel Rémy, Jean Moulin, Pierre Brossolette, Roger Wybot (futur patron de la DST), André Manuel, Pierre Fourcaud ou Honoré d’Estienne d’Orves. Il détaille les relations compliquées et fluctuantes entre le général de Gaulle et les services secrets, étudie les rapports tumultueux du BCRA avec les Anglais ou les Américains et démonte la légende noire qui s’est tissée autour du BCRA.

Son travail minutieux, qui fourmille d’informations inédites, permet de comprendre comment la toile d’araignée des services spéciaux français a mené la lutte contre les Allemands et Vichy.

La thèse dont ce livre est issu a reçu le Prix Philippe Viannay – Défense de la France, décerné par la Fondation de la Résistance. Sébastien Albertelli, agrégé et docteur en histoire, a participé au Dictionnaire de la Résistance et au Dictionnaire De Gaulle.




Hommage au Colonel René Tramier (1894-1945)

A la mémoire du Colonel d’Artillerie René TRAMIER…

Mon destin a croisé celui du Colonel Tramier. Commandant la Subdivision Militaire d’Annecy, rue de l’Intendance, en janvier 1944, où après diverses péripéties, sous couvert d’un emploi de planton, j’attendais avec son accord le moment opportun de rejoindre le maquis des Glières, alors en cours de structuration.

Ce projet devait être irrémédiablement compromis le 28 janvier 1944.

A cette date, le bâtiment de la Subdivision Militaire était inopinément investi, à l’aube, part la Wehrmacht, occupante de la caserne du 27e BCA voisine du bâtiment de l’Intendance.

Je fus moi-même arrêté ce jour-là sous l’inculpation d’attentat contre les troupes d’occupation. Le Colonel Tramier fut arrêté le 7 février 1944 par la Gestapo.

C’est grâce à son intervention que je dois d’avoir eu la vie sauve. Lui­même est mort en déportation.

C’est à sa mémoire que je souhaite rendre hommage en retraçant sa car­rière militaire que j’ai pu reconstituer grâce au Service Historique de l’Armée de terre.

R.G. GRIVEL-DELILLAZ
Membre de l’ASSDN

Biographie

Né le 22 janvier 1894 à Briançon, René, Emile, Victor Tramier s’engage le 12 avril 1912 pour trois ans, au titre du 48e Régiment d’Artillerie de Campagne.

C’est avec son Régiment qu’il prend part à la guerre contre l’Allemagne, qui est déclarée le 4 août 1914.

Il était alors Maréchal des Logis.

Engagé sur tous les fronts, il y fait la preuve des plus belles qualités ” de cou­rage et d’énergie “, qualités qui lui valurent sa nomination au grade de Sous­Lieutenant le 3 février 1917, ainsi que trois citations, en 1915, 1916 et 1918

Voici le texte de la dernière de ces citations, datée du 15 juillet 1918

” Excellent officier, modèle de bravoure et de calme. Dans la nuit du 14 au 15 juillet 1918, sa batterie étant violemment bombardée, a su, par son attitude et son courage, maintenir tout son personnel aux postes de combat, assurant ainsi la continuité parfaite du tir “.

Nommé Lieutenant le 3 février 1919, il est affecté à cette date au 32e RA, puis, détaché comme instructeur à l’École d’Application de l’Artillerie, du le7 octobre 1923 au 2 octobre 1926, date à laquelle il est muté au 19e RAD.

Nommé Capitaine le 25 septembre 1927, il est promu Chef d’Escadron le 24 mars 1936 et affecté au 93e RA.

Le 2 septembre 1939 (à la veille de la déclaration de guerre), il prend le com­mandement du Se groupe du 293e RAM.

Le 9 octobre 1939, il est mis à la disposition du Général, commandant l’Inspection Générale de l’Artillerie, pour assurer les cours d’artillerie au camp de Mailly.

Le 14 février 1940, il rejoint le 10 le RAL. Affecté dans un premier temps au les groupe, il prend le commandement du Régiment le 14 mars 1940.

Le texte de la citation à l’ordre de l’Armée en date du 9 juin 1941, signée par le Général Huntziger, Commandant en Chef des Forces Terrestres, Secrétaire d’État à la Guerre, rend témoignage du comportement exemplaire du Chef d’Escadron René Tramier, à la tête de son Régiment jusqu’au 25 juin 1940, date de la signature de l’Armistice

” Officier supérieur, courageux et énergique. A obtenu de son régiment un rendement remarquable dans la région des boucles de l’Escaut en mai 1940, puis sur la Somme et sur la Nonette en juin. S’est dépensé en particulier sans comp­ter, au cours de la bataille de la Somme, contribuant largement, grâce à l’esprit de sacrifice de son 2e groupe, à arrêter pendant 48 heures la progression de l’en­nemi, lui détruisant de nombreux engins blindés. Pris sous le feu de l’aviation de bombardement et encerclé par des chars ennemis, dans son poste de commande­ment de Fresnay-les-Roye, pendant toute la journée du 5 juin, a continué à diri­ger par radio, avec maîtrise, l’action de ses groupes, ne se repliant que sur ordre, au cours de la nuit du 5 au 6 juin. Engagé à nouveau à plusieurs reprises, pendant la retraite, dans des circonstances périlleuses, a parfaitement rempli les missions qui lui étaient confiées. A réussi à ramener au complet le matériel de deux de ses groupes “.

Il était titulaire de la Croix de Guerre depuis le 29 juin 1940.

Le 10 juin 1940, il est affecté à l’État-major du département de la Corrèze, à Brive.

Le 15 novembre 1940, l’Armée d’Armistice est créée, ” forte en métropole de 350 000 hommes dont 12 640 artilleurs servant presque uniquement le canon de 75, modèle 1897 ” (source Henri Amouroux, dans son ouvrage La grande his­toire des Français sous l’Occupation).

Promu au grade de Lieutenant-Colonel le 2 avril 1941, René Tramier est affecté au 24e RA à Tarbes.

Rayé des contrôles du Régiment le 2 juin 1941, il bénéficie d’une permission renouvelable du ler décembre 1942 au 28 février 1943.

 

Placé en congé d’armistice à la date du ler mars 1943, il est promu au grade de Colonel le 28 septembre 1943.

Rappelé à l’activité le ler octobre 1943, il est nommé au commandement de la Subdivision Militaire d’Annecy.

C’est dans ce poste qu’il est arrêté, ainsi que son Chef d’État-major, le Commandant Pierre Rolandey, le 28 janvier 1944, lors de leur prise de service, dans les locaux de la Subdivision Militaire, rue de l’Intendance.

Tous deux sont relâchés, sous la condition d’avoir à se présenter au siège de la Gestapo annécienne le 7 février 1944. C’est à cette date qu’ils furent mis en état d’arrestation.

Dès lors, leur destin était définitivement scellé.

Ce fut en effet, pour eux, le Fort Montluc à Lyon, la prison de Fresnes, les camps de Buchenwald, Dora et. Ellrich (le bagne des bagnes), où mourut le Colonel Tramier le 7 janvier 1945.

Quant au Commandant Rolandey, il fait partie d’un convoi qui, devant l’avance des armées alliées, évacue les malades du camp d’Ellrich, à destination du camp de Nordhausen.

On apprendra, lors du procès de Nuremberg, que les ” SS ” avaient achevé, avant d’arriver au camp de Nordhausen, les déportés du convoi les plus faibles.

On pense que c’est ainsi qu’est mort Pierre Rolandey, dysentérique, parvenu au bout de ses forces, le 5 mars 1945.

J’ai su par la suite, par son fils, que le Commandant Rolandey était membre d’un réseau de renseignements de l’AS (le réseau Bruno-Kléber) et qu’il avait été victime d’une dénonciation, ce qui avait motivé l’intervention des troupes alle­mandes, le 28 janvier 1944.

Je suppose que le Colonel Tramier, qui était son supérieur hiérarchique, n’était pas sans connaître les activités de son subordonné, activités auxquelles sans doute lui-même était mêlé, comme d’ailleurs l’ensemble du personnel de la Subdivision, ce qui, aux yeux des Allemands, étant amplement justifié pour moti­ver également son arrestation.

Tel fut le destin du Colonel d’Artillerie René Tramier, engagé pour trois ans, en 1912, à l’âge de 18 ans au 48e RAC, héros des deux derniers conflits mon­diaux, qui ont ensanglanté le XXe siècle. Colonel en 1943, il meurt en déporta­tion le 7 janvier 1945, à l’âge de 51 ans.

Titulaire des Croix de Guerre 14/18 et 39/45, il avait été fait Chevalier de la Légion d’honneur le 29 décembre 1932 et promu au grade d’Officier, le 15 mai 1944.




Les Services speciaux francais 1940-1942- Général Rivet

Voici donc le vieux S.R, rétabli dans la zone exiguë où le confinent les conditions d’un armistice inexorable.

Numériquement amoindri par la démobilisation des réserves, il dispose sensiblement de son effectif du temps de paix. Sa qualité est intacte. Son aire de travail, affectée par le débordement germanique à l’Ouest, le met en prise dicte avec l’adversaire : la ligne de démarcation n’est pas un obstacle.

L’étiquette trompeuse de Bureau M.A. l’abrite provisoirement des curiosités du dehors. Le large éventail de son implantation et une dissimulation réalisée au maximum lui permettent de poursuivre sans interruption ses oeuvres de la veille.

La suppression du S.R. ancienne manière, qui surviendra le 5 Août, restera sans résonance dans le public. La guerre du renseignement, la guerre contre l’Allemand et contre ceux, dociles ou traîtres qui le serviront, continue.




Des 1941, le 2eme bureau prédit la défaite de l’Allemagne

Nous avons reproduit dans le bulletin n°15 les passages les plus caractéristiques de la première “Note pour le Commandement” où, après avoir fait un bilan lumineux des forces qui s’affrontaient dans le conflit germano-russe, le Colonel BARIL concluait qu’en dépit de succès initiaux que remporterait l’Armée allemande à l’époque de sa puissance, Hitler serait hors d’état de venir à bout de la résistance russe et, par conséquent, d’échapper au terme fatal d’une victoire alliée.

La deuxième “Note pour le Commandement”, dont nous extrayons ci-dessous les passages essentiels, établit que la première phase de l’offensive allemande se solde en définitive par un échec, et fournit la condition première de l’affaiblissement de l’Allemagne en présence de la croissance accélérée des moyens dans le camp Anglo-Saxon. BARIL devient affirmatif : mis à part un miracle impossible, l’Allemagne est condamnée à terme, le désastre point à l’horizon.




Les vue prophetiques du 2eme bureau de l’armee d’armistice

Préfacés par notre Président d’Honneur, le Général L. RIVET, nous versons, au dossier de l’Histoire deux documents authentiques, oeuvres du Général BARIL, chef du 2ème Bureau de 1940 à 1942. Un rapport du 27 Juin 1941 envisageant les conséquences et les incidences du conflit germano-russe sur la conduite de la politique française, Une note du 4 Janvier 1942 sur la situation militaire et les perspectives qu’elle comporte. En publiant les extraits essentiels de ces documents, nous entendons rendre à l’Armée de l’Armistice et à son État-Major l’hommage dû à son patriotisme; trop de mensonges ont été et sont encore répandus sur son compte pour que de tels témoignages de son véritable état d’esprit restent plus longtemps ignorés. Nous voulons rappeler des faits qui pèsent aujourd’hui lourdement sur le sort du monde et dont la connaissance objective demeure indispensable pour juger sainement des graves problèmes internationaux que notre Pays doit résoudre.




Le plan d’invasion allemande de 1940 etait connu du SR francais

Parmi les événements qui ont, semble-t-il, ” surpris ” les Français. il en est un qui demeure toujours d’actualité par ses tragiques et innombrables conséquences, c’est l’invasion éclair de la France par l’Armée allemande au printemps 1940. Bien des fois nous avons prouvé que le Commandement (et le Gouvernement) français avaient été prévenus par les Services Spéciaux de cette éventualité.

Par le Colonel DOUDOT

Sur ordre du Colonel PAILLOLE, j’avais passé le mois de janvier 1940 en Hollande avec la mission d’y réorganiser nos réseaux CE.

Un de mes amis néerlandais (ma femme, belge d’origine hollandaise, avait de nombreux parents dans ce pays), me communiquait bénévolement tous les mois, depuis longtemps avant la guerre, les originaux des circulaires secrètes de la Gestapo (listes d’agents français et alliés arrêtés ou recherchés en Allemagne et aussi des renseignements militaires et des photographies (les ouvrages de la ligne Siegfried de la région d’Aix-la-Chapelle)

D’accord avec ma direction, je rédigeais des extraits de ces listes à l’intention des S.R. et C.E. belges.

Le 14 février 1940, j’étais en mission de liaison de ce genre à Bruxelles où j’apprenais l’aventure de l’avion allemand qui s’était posé par mégarde, le 11 février, sur la neige dans la ligne défensive belge près de Hasselt ; les occupants, deux officiers supérieurs allemands, transportaient un original du plan d’opérations allemand pour le front de l’Ouest (invasion du 10 mai 1940).

Voici ce qui s’était passé.

Un officier supérieur allemand avait été chargé de porter à la Kommandantur militaire de Cologne le plan d’opérations (Aufmarschplan) de l’armée allemande sur le front Ouest. A son passage à Munster en Westphalie il rencontra un de ses camarades de la première guerre mondiale, major de l’aviation, qui le supplia d’interrompre son voyage et de fêter convenablement leur rencontre.

Le dîner, très gai, se prolongea outre mesure et l’officier manqua sa correspondance de train de Cologne. Pour rattraper le retard le major aviateur lui proposa de le conduire le lendemain matin (tôt) avec un petit avion.

Le temps devint mauvais dans la matinée et la visibilité minime ; l’avion se perdit dans la nature. En survolant Maastricht (Limbourg hollandais), le pilote crut reconnaître la cathédrale de Cologne. En réalité il faut beaucoup d’imagination pour confondre la célèbre cathédrale allemande et ses deux clochers avec celle de Maastricht beaucoup moins haute.

Le pilote se posa alors un peu plus au Sud, en plein dans la ligne de défense belge.

Les occupants de l’avion furent arrêtés.

Conduits au poste de gendarmerie, les officiers allemands n’eurent pas l’occasion de faire disparaître le dossier secret. L’un d’eux jeta subitement tout le dossier dans le fourneau rouge de chaleur. Mais un gendarme belge eut le courage de retirer tout le paquet, se brûlant sérieusement la main. Les documents étaient déjà consumés sur les bords.

L’E.M. belge fut en mesure de déchiffrer toutes les phrases des textes.

Un de mes amis, bien placé à l’E.M. belge, me communiqua dans les grandes lignes le contenu des documents secrets allemands.

Etant donné que quelque temps auparavant le Roi des Belges avait prononcé un grand discours sur la neutralité de la Belgique – il y avait en 1940 presque autant de troupes belges à la frontière française qu’à la frontière allemande – mon ami n’osa pas me remettre le texte intégral du plan allemand.

Le même soir mes chefs étaient en possession de mon rapport détaillé. La réaction à la réception de ces renseignements fut peu encourageante.

En France, on estimait que le Gouvernement belge était en difficultés politiques et avait ” monté ” ou ” gonflé ” cette affaire pour en tirer profit.

Le Commandement pensa comme l’E.M. belge, au moins au début de l’affaire, qu’il s’agissait d’une intoxication bien présentée par le commandement allemand. L’erreur de navigation du pilote allemand trouva peu de crédit, surtout en raison du transport du plan d’opérations en question.

En Allemagne, Hitler croyant à une trahison, furieux, et surtout en colère contre l’Abwehr et son chef, l’Amiral Canaris (décapité après l’attentat contre le Führer de juillet 1944), voulut faire ” liquider ” les deux officiers en question.

L’instruction ouverte par la justice et la police, n’apporta pas la preuve d’un acte de trahison prémédité, mais conclut seulement à une négligence grave.

Les documents étaient authentiques et constituaient une nouvelle version du plan Schlieffen.

Le Général von Manstein fut chargé d’élaborer un nouveau plan d’opérations. Par manque de temps et devant l’incrédulité des alliés dont l’E.M. allemand eut rapidement conscience, ce nouveau plan ne se distingua guère de l’ancien.

Deux mois plus tard, l’armée allemande envahissait la Hollande, la Belgique et la France.

L’Offensive Rundstedt de 1944 était également connue à l’avance.

En haut lieu on ne crut donc pas à l’authenticité du plan d’opérations de 1940, pas plus que le Commandement U.S.A. ne crut à l’authenticité du rapport d’un déserteur allemand qui se présenta le 20 octobre 1941 à l’armée soviétique.

J’étais alors officier de liaison auprès d’une ” Task-Force ” interalliée (SCI) à Spa, chargée de saisir avec les premières troupes les documents de la Gestapo à Aix-la-Chapelle.

Je vois encore maintenant en esprit ce rapport du déserteur allemand qui était bien informé.

Il prédisait l’offensive de von Rundstedt ; il venait de l’Eifel où, sur le Nürburgring étaient concentrées les unités qui devaient participer à cette offensive.

Le déserteur appartenait à l’une de ces unités. Il révéla les objectifs prévus au jour le jour par le Commandement allemand, les axes de marche, l’effort principal sur Bastogne, en vue de la percée du front allié en direction de la Meuse et d’Anvers dans le but de couper les armées du Nord (Belgique et surtout Hollande), des troupes du Sud (Luxembourg et France).

Il fournit toutes les précisions sur les unités allemandes qui devaient prendre part à cette offensive. Le seul détail qu’il ignorait était la date de l’offensive. Elle fut en réalité déclenchée vers la mi-décembre 1944.

Vers Noël je me rendis de Tilburg (Brabant hollandais) en mission à Luxembourg et au lieu de prendre la route directe je dus passer par Rocroi-Longuyon.

A l’aide d’une copie du rapport du déserteur j’étais en mesure de vérifier journellement la progression des troupes allemandes et l’exactitude des renseignements fournis par lui.

Le Commandement américain n’avait nullement renforcé ses troupes face à l’Eifel le long des frontières luxembourgeoises et belges, secteur gardé par quelques postes isolés, lorsque l’armée von Rundstedt passa à l’attaque. Ndlr : – Comme pour l’affaire de 1940, ” on n’y croyait pas”… Ainsi est illustrée une fois de plus cette fâcheuse tendance des Commandements et Gouvernements d’accorder plus de crédit à ce qui entre dans leurs vues qu’à la réalité lorsqu’elle est présentée par les Services Spéciaux officiels sous un jour qui ne correspond ni aux plans établis ni aux hypothèses scientifiquement échafaudées…




Juin 1940- Le C.E. poursuivra la lutte contre « L’AXE » depuis L’A.F.N.

Nous avons maintes fois souligné l’efficacité des mesures prises par nos Services pour assurer, quoiqu’il advienne du sort des armes, la poursuite de leur mission contre l’Axe. L’une des premières mesures consistait à mettre hors d’atteinte de l’ennemi le personnel et les archives indispensables à la lutte contre l’ennemi.Le 20 juin 1940, soit deux jours avant l’armistice de Rethondes, le Commandant PAILLOLE demandait au Chef du B.C.R. (Bureau Central de Renseignements, ancêtre des Bureaux de Sécurité Militaire) de Marseille de mettre en route par bateau, à destination d’Alger, un spécialiste des affaires allemandes, le Capitaine Joseph DOUDOT, le plus remarqué de nos techniciens du C.E. Il devait convoyer le double des archives du C.E. français (fichiers et dossiers) constitué à Marseille depuis le 1° septembre 1939 sur l’ordre, extraordinaire de lucidité, du Colonel SCHLESSER Chef du 2 Bureau (S.C.R.).




Fiction et réalité sur les services spéciaux

Rien n’est pernicieux aux hommes autant que l’habitude d’entendre émettre sans cesse, sur le mode léger, des idées et des traits sur les choses sérieuses. Ils finissent par les accepter pour leur divertissement parce que, trop souvent, leur ignorance de ces choses les rend incapables de prendre leur défense et de s’opposer à leur discrédit.

Ainsi naissent et se propagent les idées fausses. Quand une institution a été par ce procédé compromise, il suffit pour mettre le comble à sa défaveur et pour passionner les esprits, d’un incident bénin ou malheureux, qui la cite devant l’opinion. Les SERVICES SPECIAUX DE LA DÉFENSE NATIONALE ont eu récemment ce sort infortuné (1962).