Intégration. Au 1er janvier 2025, l’espace Schengen intègre deux nouveaux pays : la Bulgarie et la Roumanie.

Les frontières de Schengen s’agrandissent puisque deux pays intègrent le programme au 1er janvier 2025 : la Roumanie et la Bulgarie. Pour les touristes, c’est l’assurance de pouvoir voyager plus facilement et d’en découvrir les richesses artistiques. Mais cela place également les frontières de Schengen au niveau de la mer Noire, espace crucial des circulations et des trafics illicites. Schengen aura également une frontière commune avec la Moldavie et étend sa frontière avec l’Ukraine, Odessa n’étant qu’à 540 km de Constanta, la station balnéaire roumaine des rives de la mer Noire. Schengen étant réputé pour laisser passer les trafics et les migrants illégaux, une telle extension de l’espace européen peut donc légitimement inquiéter. Plus que jamais, la mer Noire est l’un des épicentres de la conflictualité en Europe. Un enjeu crucial pour les années à venir.

Pour lire l’article dans son intégralité, rendez-vous sur le site de la revue Conflits en cliquant ICI

Revue Conflits avec AFP
30/12/2024




Géopolitique. Entre Turquie et Azerbaïdjan, le corridor de Zangezur : un enjeu géopolitique ignoré en Europe

Le corridor de Zan­gezur est un espace crucial à l’échelle de toute l’Eurasie. C’est par lui que doivent transiter les routes de l’énergie reliant le Moyen-Orient à l’Europe. Il attise de nombreuses convoitises mais demeure sous-estimé en Europe.

« Il jouait du piano debout, c’est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup » chantait France Gall.

De même le corridor de Zangezur entre Ar­ménie et Azerbaïdjan, dont nul ou presque, dans l’Union européenne et ses princi­paux pays-membres, ne sait grand-chose.

Pourtant, ce corridor veut dire autant pour l’avenir de la cruciale charnière interconti­nentale Asie-Europe débouchant sur la mer Noire, que la guerre Russie-Ukraine, sur la­quelle toute l’Europe, tout le monde atlan­tique, s’obnubilent à présent.

S’il est achevé, ce corridor de Zangezur reliera Kars en Turquie orientale à Bakou en Azerbaïdjan, passant par une bande de territoire arménien, le long de la frontière de l’Iran, à travers la province azérie-exclave du Nakhitchevan, que ce corridor arménien sépare justement du pays lui-même.

Corridor de Dantzig dans l’entre-deux-guerres mondiale… Corridor de Zangezur à présent… Toujours, des terres stratégiques. Un résultat inévitable : une situation de conflit émerge et s’aggrave. Dans le cas présent, d’autant plus que les enjeux sont majeurs :

Pour R. T. Erdogan, ouvrir ce corridor est un impératif du panturquisme ; aller droit par l’autoroute et le train, sans obstacle (chrétien, en plus), d’Ankara à Bakou, c’est l’accès direct aux « Stans » d’Asie centrale, tous turcophones (sauf le Tadjikistan) ; l’émergence d’un « Turkestan » demain rassemblé, des limites de l’Europe à celles de la Chine

Pour l’Azerbaïdjan, perspective immense, ce corridor réalisé l’installe au carrefour des deux cruciales connexions économiques eurasiatiques : Nord-Sud et Est-Ouest. À terme, la voie ferrée directe + autoroute Kars-Bakou en ouvre une autre, plus stratégique encore, unissant la Russie à l’Inde ; bien plus courte, donc moins cher, que toute autre à travers l’Asie cen­trale. La circulation directe des conteneurs Russie-Azerbaïdjan ; de là jusqu’à Mum­bai (Bom­bay) via l’océan Indien est le rêve des pays en cause.

La Chine aussi surveille la situation : que Zangezur s’ouvre, raccourcirait et accélèrerait ses « Routes de la Soie ».

Obstacle majeur cependant, l’Iran, que le corridor de Zangezur couperait de l’Arménie. Quelle importance, diront les âmes simples. L’Azerbaïdjan, antique terre zoroastrienne (Azer = feu en Perse) – Azerbaïdjan, pays du feu et ses temples où brûle l’éternelle flamme du naphte de son sous-sol ? Pays musulman, à 60% chi’ite ? Un allié évident pour l’Iran ? Non justement : l’Azerbaïdjan est pleinement dans l’orbite turque ; et de toujours, le chi’isme perse vit dans la révérence du christianisme arménien. Pour les chi’ites perses, sans exagé­rer, les Armé­niens chrétiens sont un peuple-Christ aussi révéré que les Juifs pour les protes­tants américains.

Or là, déchirement pour Téhéran : le dernier tronçon du corridor Mourmansk – Moscou – Bakou – Mumbai, doit traverser tout l’Iran, de la Caspienne à l’océan Indien, jusqu’à son port de Chabahar. La voie ferrée Iran-Azerbaïdjan (Qazvin-Rasht-Astara) est la clé du corridor international de transport Nord-Sud (INSTC), raccordant Téhéran à l’immense grille commerciale de l’UEE (Union Économique eurasienne), suscitant maints bienfaits économiques, dont des exportations massives vers l’Asie centrale et la Russie.

Là cependant sont les soucis et espoirs de demain. Aujourd’hui, la guerre menace. Depuis novembre, l’état-major de Bakou et ses drones « Bayraktar-TB2 » turcs reprennent la surveillance des positions arméniennes, au-dessus du Karabagh, au long des fron­tières arménienne et iranienne ; survolant bien sûr le corridor de Zangezur et le Nakhitche­van.

Des intérêts économiques immenses. Un étroit corridor au fin fond d’une Arménie fragili­sée. Un Azerbaïdjan qui renforce sans cesse un arsenal turc, que son pétrole lui permet d’acheter. Des chefs d’État comme V. Poutine et R.T. Erdogan, adeptes de la géopoli­tique au long cours. L’OTAN et l’UE happées par l’Ukraine et désormais, par la Syrie. Une conju­gai­son bien tentante, quand même.

Xavier RAUFER
Revue CONFLITS
16/12/2024

Légende et source de la carte : L’Arménie et l’Azerbaïdjan (c) Wikipédia




Un héros silencieux (poème)

Nous partageons un poème de Jean-Baptiste TOMACHEVSKY, membre du conseil départemental pour les anciens combattants et victimes de guerre – 2ème collège (Opex) ONACVG de la Moselle, vice-président du Souvenir Français (Lorquin 57) et ancien combattant

Gardien des silences, veilleur des nuits,
Sous le poids du devoir, solitaire tu te tiens,
Un fusil en main, un cœur en émoi,
Face à l’innocence qui brûle dans leurs mains.

Deux bougies, deux âmes, reflet d’espoir,
Dans ce monde troublé où la paix vacille,
Un enfant lève les yeux, brûlant d’histoire,
Cherchant dans tes traits l’écho d’un exil.

Tu es l’ombre, le rempart, l’invisible lumière,
Pour eux, tu es plus qu’un soldat, tu es un homme,
Un héros silencieux sous ta lourde armure,
Qui protège leur avenir quand la nuit se fait sombre.

Que les flammes vacillantes guident ton chemin,
Que leurs regards d’enfants te rappellent demain.
Car dans chaque souffle, dans chaque silence,
C’est pour eux que tu portes l’uniforme en cadence.

Jean-Baptiste TOMACHEVSKY




Gaza : la difficile évaluation des pertes humaines

Les conflits actuels, notamment entre Israël et Gaza, sont marqués par des pertes humaines difficiles à quantifier précisément, souvent sources de désinformation et de polémiques. Les chiffres des victimes, contestés par les différentes parties, restent sujets à spéculation, malgré les efforts des organisations internationales pour établir une évaluation crédible.

Commentaire AASSDN : Les pertes humaines des pays engagés dans les conflits actuels sont sources de désinformation compte tenu de l’importance médiatique et stratégique qu’elles revêtent .
Entre la Russie et l’Ukraine, il est très difficile de connaitre avec précision le nombre de morts, de blessés, de disparus et de prisonniers de chacune des armées.
A Gaza , sur ce territoire de 350 km2 peuplé de 2 millions d’habitants, combien de soldats israéliens ont été tués et blessés ? Seul Israël le sait avec certitude; mais combien de Gazaouis et comment distinguer les pertes des forces combattantes du Hamas des victimes civiles dites « collatérales » au sein de la population civile ? Israël conteste les chiffres donnés par le Hamas, mais n’autorise pas des organismes internationaux à venir les vérifier.
A ce jour on peut sans doute estimer à plusieurs centaines de milliers le nombre de soldats morts dans le conflit russo-ukrainien et à plusieurs dizaines de milliers le nombre de civils tués à Gaza.

Le nombre de morts à Gaza est source d’incertitude, de spéculation et de débats houleux. Depuis qu’Israël a déchaîné sa machine de guerre sur le territoire d’où le groupe militant Hamas a lancé sa frappe meurtrière du 7 octobre 2023, nous nous appuyons sur les données fournies par le ministère de la Santé de Gaza, dont le travail de comptage des morts lors des précédents cycles de conflit est considéré comme précis, bien qu’il ne fasse pas de distinction entre combattants et civils. La plupart des organisations humanitaires, les Nations Unies elles-mêmes et les gouvernements amis d’Israël, y compris l’administration Biden, ont largement accepté les données rendues publiques comme la meilleure mesure de ce qui s’est déroulé au cours des 14 derniers mois.

Les responsables israéliens et leurs partisans à l’étranger se moquent des chiffres des victimes signalés à Gaza comme étant le produit gonflé des propagandistes du Hamas. Ils accusent le Hamas de s’être implanté dans les quartiers densément peuplés de Gaza. Mais la dévastation indéniable de Gaza et les centaines d’événements documentés faisant de nombreuses victimes racontent une histoire différente – une histoire que de nombreux groupes de surveillance et organisations de défense des droits de l’homme tentent d’étoffer plus en détail. (…)

Source photo : Pixabay




Les nouveaux brouilleurs de la Force spatiale américaine

La Force spatiale américaine est sur le point de déployer son premier lot d’un nouveau brouilleur de communications par satellite au sol dans les mois à venir – conçu pour perturber les signaux des engins spatiaux ennemis.

Le Space Operations Command vient d’approuver les terminaux modulaires distants pour une mise en service initiale, a déclaré un porte-parole à Defense News mercredi, ajoutant que les brouilleurs seront entre les mains d’utilisateurs militaires sous peu.

La Force spatiale prévoit de déployer 11 systèmes dans le cadre de la première version, donnant aux unités une chance d’utiliser le système avant qu’il ne soit accepté pour les opérations. Le programme dispose d’un financement pour en construire environ 160, et le service prévoit en avoir besoin jusqu’à 200 dans les années à venir.

Courtney ALBON*  
Elle est la journaliste spécialisée dans l’espace et les technologies émergentes pour C4ISRNET. Elle couvre l’armée américaine depuis 2012, en se concentrant sur l’armée de l’air et la force spatiale. Elle a fait des reportages sur certains des défis les plus importants du ministère de la Défense en matière d’acquisition, de budget et de politique




Vidéo : “La France en faillite : scandale d’État”

Dans cette nouvelle émission, Alain Juillet et Claude Médori reçoivent Marc Touati, économiste reconnu, pour analyser la situation actuelle de l’économie française.

Au moment où la France traverse une crise politique sans précédent sous la Ve République, Alain Juillet et Marc Touati dressent un tableau sans concession des finances françaises et de son économie.

La France est-elle proche du défaut de paiement, de la banqueroute ? Attention, danger !

Titre : “La France en faillite : scandale d’État”
Durée : 00:42:04
Date de mise en ligne : 06/12/2024
Invité : Marc Touati
Publiée sur le compte YouTube : Open Box TV




Rapport : Pour une meilleure gouvernance de l’OSINT 

Rapport Synopia
(novembre 2024) 

En novembre 2024, Synopia, grâce au travail de son groupe d’experts de haut niveau, a publié son 2e rapport sur l’OSINT (Open Source Intelligence). Nous en présentons ici un résumé.

Commentaire AASSDN  : Le Think tank Synopia qui prend une place croissante dans la réflexion sociétale et stratégique vient de publier son deuxième rapport sur l’Osint.  En quelques années le renseignement par sources ouvertes a quitté les rives des spécialistes du cyber et devenir essentiel pour les Administrations, les Services et les Entreprises. Au-delà de la technique et des outils il est réconfortant de voir que l’analyste, l’homme croisant expérience et intuition, est le maillon clé à condition qu’il ne se laisse pas submerger par l’émotion, les a priori et les idéologies. 

Le problème est que, contrairement à beaucoup d’acteurs étrangers de tous ordres, tous n’ont pas mesuré l’utilité de ce moyen révolutionnaire qui permet de comprendre et d’anticiper. Il suffit de lire ou d’écouter les médias pour comprendre que la majorité des journalistes l’ignorent, que nos Services ont toujours du mal à intégrer une approche qui remet en cause leurs méthodes traditionnelles, et que la plupart de nos responsables politiques ne savent pas comment utiliser cet apport essentiel pour comprendre le monde réel. 

La guerre est devenue hybride, et nous n’avons pas d’amis. Dans le monde de l’information il faut savoir se battre contre les actions de toutes origines qu’elles soient d’influence de désinformation ou subversives. 

L’OSINT, dont l’importance a été mise en lumière avec le conflit russo-ukrainien, consiste à utiliser une multitude d’informations accessibles en ligne pour en extraire des renseignements sur des individus, des groupes, des produits, des entreprises et des organisations militaires.

Ce processus nécessite de disposer d’analystes qualifiés, maîtrisant les techniques d’exploration de données et dotés d’un esprit critique pour évaluer avec précision la fiabilité et la pertinence de ces données. Mais l’OSINT nécessite surtout de disposer de capteurs et des logiciels qui aident les analystes à collecter, traiter et analyser plus efficacement les données de source ouverte.

Sur le plan étatique, une vraie prise en compte de l’OSINT s’est opérée ces dernières années au sein des services de renseignement et des administrations. Cependant, c’est au sein des entreprises privées qu’ont eu lieu les évolutions les plus importantes. En effet, au niveau commercial et entrepreneurial, l’OSINT est devenue un instrument essentiel de l’aide à la décision, en particulier dans le domaine de la veille concurrentielle.

En revanche, au niveau des services de l’État, l’OSINT demeure encore un complément d’information délicat à intégrer dans la manouvre du renseignement et parfois regardé avec méfiance, souvent par manque de formation, ou par « culture ». 

La plupart du temps utilisé de façon défensive dans notre pays, l’information en source ouverte constitue cependant un puissant levier de la guerre informationnelle au travers de ses capacités d’influence, de manipulation des esprits (cognitif) et de fabrication de narratifs ou de contre-narratifs.

De nombreux pays alliés ont bien compris la menace asymétrique qu’il constituait et ont développé des programmes de coopération internationale, notamment pour lutter contre le terrorisme. Mais il reste beaucoup à faire pour tirer le meilleur profit de l’OSINT, en France comme en Europe. Le travail mené pendant deux ans par Synopia a permis de mettre en lumière la multiplicité des usages de l’OSINT, la diversité des sources d’information et la rapidité stupéfiante des évolutions technologiques.

L’application du principe de l’OSINT aux données web peut être représentée par une chaîne de valeur en six composantes, chacune assumée par des acteurs différents : 

  • Moteur de recherche web
  • Veille web
  • Alerte temps réel sur le web
  • Protection du risque humain sur le web
  • Influence ou contre-influence web
  • Stratégie fondée sur des données web

Chaque composante peut ensuite être comprise selon trois grandes étapes de traitement des données : le questionnement, la collecte et l’analyse.

Des attributs transverses peuvent être associés aux solutions d’OSINT : 

  • Renseignement défensif et/ou offensif
  • Renseignement d’origine ou d’intérêt cyber
  • Enjeu de discrétion
  • Enjeu de souveraineté numérique

En parallèle des enjeux techniques et opérationnels, deux autres domaines sont apparus comme essentiels :  

  • La formation

Il existe de multiples formations OSINT, qui consistent en l’apprentissage de techniques pour collecter et analyser les informations publiques, et effectuer une veille stratégique. Certaines formations apprennent également à se prémunir des conséquences d’une analyse trop parcellaire, partisane ou incorrectement sourcée pour une entreprise ou une institution. L’OSINT est enseigné aussi bien de manière offensive que défensive.

Notre rapport dresse un inventaire des principales formations en OSINT.

  • Le cadre juridique

Les aspects juridiques, en perpétuelle évolution, sont à appréhender avec rigueur si l’on veut rester dans le cadre légal mais aussi éthique. Les outils de l’OSINT et l’information à laquelle ils donnent accès doivent respecter les contraintes légales et réglementaires applicables, notamment concernant la protection de la vie privée, la gestion des données, l’utilisation d’avatars et l’extra-territorialité. Là encore, la formation des utilisateurs et des destinataires de l’OSINT est nécessaire, de même que le recours aux spécialistes de ces enjeux très pointus (avocats, juristes et professeurs de droit). Le rapport Synopia traite ainsi des différents moyens envisageables qui permettraient d’optimiser l’utilisation de l’OSINT et Synopia recommande qu’une impulsion politique forte structure la filière de l’OSINT, afin de permette à l’État de mieux s’adapter aux évolutions technologiques, voire de les anticiper, et de mieux intégrer les innovations technologiques dans les processus décisionnels, en prenant garde à bien en garder le contrôle. Il en va de sa souveraineté. Le rapport souligne aussi l’importance de préserver la liberté d’action des différentes entités pour leur permettre de s’adapter à ce domaine si évolutif.

Synopia
20, rue Georges Bizet
F-75116 Paris
www.synopia.fr




Vers une stratégie durable pour la maintenance des équipements militaires

Pour s’adapter aux bouleversements géopolitiques, la France a dévoilé une nouvelle feuille de route pour son industrie de défense. L’augmentation de la production, la refonte des normes et le développement de pôles d’excellence régionaux sont au cœur de cette stratégie. 

Commentaire AASSDN : L’industrie de Défense française s’articule autour de 9 grands groupes (Thalès, Dassault, Safran, Naval Group, Airbus, KNDS1, MBDA, TechnicAtome, Arquus), reliés à environ 4 000 sous-traitants (ETI,  PME, TPE, laboratoires et centres de recherche). Ce réseau d’entreprises est un atout majeur pour assurer à la France sa souveraineté dans le domaine de la Défense . En outre, ce réseau lui fournit  des outils lui permettant de nouer des partenariats stratégiques avec des pays qui souhaitent ne pas être totalement dépendants de tel ou telle grande puissance (Etats-Unis ou Chine notamment ) tout en disposant de matériels de la meilleure qualité.

Par ailleurs, c’est un atout pour notre économie tant par les exportations qu’elle réalise (la France est 2e ou 3e exportateur mondial selon les années) que par le fait que l’essentiel des armements est produit en France.
Notons que les centres de recherche et les processus de fabrication de certains équipements de haute technologie, sont particulièrement visés par les Services de nos compétiteurs. C’est pourquoi la France se doit de maintenir, voire renforcer son excellence scientifique et d’assurer la meilleure protection contre les ingérences étrangères.

1 En 2015, les sociétés Nexter et Krauss Maffei Wegmann (KMW), respectivement systémier intégrateur du Leclerc et du Leopard, se sont regroupées au sein de KNDS afin de devenir le leader européen de la défense terrestre.




La France face à ses défis ultramarins : le cas stratégique de la Nouvelle-Calédonie

Pour le député loyaliste, la « faiblesse de la France » à l’égard des indépendantistes est la cause de l’impasse politique en Nouvelle-Calédonie. L’attitude « paternaliste » encourage les revendications et un discours au « biais victimaire ». Faute de vision et d’ambition, la France fragilise sa position sur l’archipel au bénéfice d’autres puissances, comme la Chine.

Commentaire AASSDN : Il est regrettable que les gouvernements successifs depuis des décennies n’aient pas défini et mis en œuvre une stratégie claire et de long terme dans laquelle les Outre-mer seraient considérés comme des composantes indispensables à une nouvelle puissance française.
Cette puissance reposerait notamment sur la position stratégique de ces DROM-COM, et sur leurs ressources naturelles, celles de leurs terres et de leur ZEE.
Rappelons que la superficie de la France n’est pas de 550 000km² comme on a coutume de le dire, mais de 670 000 km² de terre (et de plus de 11 000 000 km² de ZEE).

Revue Conflits :
Vous-même avez une histoire particulière. Vous êtes originaire de ce qu’on appelle la « Brousse » de Nouvelle-Calédonie, et parmi vos ancêtres figurent aussi bien des communards déportés que des membres de la haute société française et nouméenne. Vous avez aussi du sang belge, anglais et bosniaque dans vos veines, et vous parlez avec ce qu’on appelle parfois l’accent caldoche. À 17 000 km de Paris à vol d’oiseau, qu’est-ce que cela signifie pour vous d’être « Français » ? Est-ce différent d’un « Français de métropole » ?

Nicolas Metzdorf : Mon histoire n’est pas forcément unique, car beaucoup de Calédoniens d’origine européenne sont comme moi. Ils ont des ancêtres qui viennent d’horizons divers, liés à l’évangélisation, avant même la prise de possession de la Nouvelle-Calédonie. Par exemple, un de mes ancêtres était pasteur et est arrivé en 1843, alors que la prise de l’île n’a eu lieu officiellement qu’en 1853. Dans la lignée des « Caldoches » (les Européens nés en Nouvelle-Calédonie), on trouve des évangélistes, des bagnards, des pionniers, des aventuriers, des baleiniers. Et du côté de ma mère, il y a un ancêtre plus récent : mon grand-père, qui a fui le régime de Tito en Yougoslavie parce qu’il était monarchiste. Il s’est exilé en Australie et a rencontré ma grand-mère calédonienne, qui y était en vacances. Mais, en Nouvelle-Calédonie, je ne suis pas du tout une originalité.

La différence pour nous, Français du Pacifique, c’est que nous devons nous battre pour rester Français. En métropole, les gens naissent Français, vivent Français et meurent Français, c’est presque une évidence. Mais nous, nous devons lutter pour que nos enfants, et même pour que nous-mêmes, restions Français. Cela nous donne un rapport à la France qui est peut-être plus fort. J’ose dire plus fort, car pour nous, la France, c’est un peu un idéal, un « graal » pour lequel nous nous battons. La France représente pour nous une grande puissance qui nous protège et qui porte des valeurs suprêmes. Quand on n’a pas à se battre pour être Français, on ne se rend pas compte de ce que cela signifie. C’est là notre différence avec les métropolitains.

Aujourd’hui, avec l’axe Indo-pacifique, la Nouvelle-Calédonie a une importance géostratégique importante. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

Je suis fatigué d’entendre ça et de voir que rien ne se fait. On entend partout, surtout en métropole, que la Nouvelle-Calédonie a une position géostratégique clé. C’est devenu un discours en boucle, mais concrètement, que se passe-t-il ? Rien. Nous avons un quart des ressources mondiales de nickel, que nous vendons aux Chinois, et aucun minerai calédonien, donc français et européen, n’arrive en Europe, alors que le nickel est crucial pour les batteries de voitures électriques. Nous avons une zone économique exclusive de 1,3 million de kilomètres carrés, mais il y a seulement 16 bateaux de pêche calédoniens, et la France ne fait rien pour exploiter cette zone, ni pour la pêche ni pour les ressources sous-marines. Pire, le chef d’état-major des armées a même affirmé récemment en commission que la France n’était pas taillée pour protéger la Nouvelle-Calédonie en cas de conflit[1]. On a voté trois fois pour rester Français, et on nous dit qu’on ne sera pas défendu. Sommes-nous des Français de troisième catégorie ? Alors, on nous parle sans cesse de cette importance géostratégique, mais il n’y a aucune action concrète.

Vous touchez un problème qui concerne l’ensemble des territoires outre-mer, la France ne sait pas quoi en faire.

Oui, je le pense. La relation est malsaine : la France veut garder ses Outre-mer, mais sans ambition pour eux. Elle voit ces territoires comme un coût, sans valeur ajoutée. En retour, les Ultramarins se sentent comme des mendiants, car ils n’ont pas les moyens de développer leurs territoires, faute d’une vision stratégique de l’État. Tant qu’il n’existe pas d’ambition française pour les territoires ultramarins, on restera dans cette relation de mendicité malsaine. On parle souvent de la France comme deuxième puissance maritime mondiale, mais sans stratégie, cela ne veut rien dire.

La France manque de cohérence. Nous avons eu sept ministres des Outre-mer en sept ans ! Cela prouve qu’il n’y a pas de stratégie à long terme. Quand on voit la France présente sur les trois grands océans, sur tous les fuseaux horaires du monde, avec des territoires dotés de ressources incroyables, il est frustrant de constater ce manque de vision. Par exemple, la Polynésie française est plus grande que l’Europe en superficie maritime, la Nouvelle-Calédonie est aussi vaste que la Belgique, avec un quart des ressources mondiales de nickel, la Guyane est grande comme le Portugal. La France a des joyaux qu’elle n’utilise pas. Et si la France ne prend pas conscience de la valeur de ses territoires, d’autres puissances viendront les exploiter.

La France se concentre beaucoup sur la construction européenne et sur son rôle continental. Pensez-vous qu’elle devrait privilégier son action avec les Outre-mer avant de se focaliser sur l’Europe ?

Le problème d’être présent sur tous les fuseaux horaires est qu’il faut être puissant économiquement et militairement. Je pense que la France aujourd’hui n’est plus assez puissante, donc elle doute et se referme sur elle-même. Il y a un fantasme de la grandeur passée, mais elle a perdu son ambition.

Pour en venir à la question identitaire, en Nouvelle-Calédonie, la population est souvent perçue en métropole comme divisée entre les Blancs loyalistes et les Kanak indépendantistes. Pourquoi est-ce plus complexe que cela ? Quelles sont les implications politiques ?

C’est plus compliqué, car la Nouvelle-Calédonie est très diverse. La communauté Kanak représente environ 45 voire 50 % de la population, mais il y a aussi 27 % d’Européens (recensement de 2019), 10 % de Polynésiens, 6 ou 7 % d’Asiatiques et des métis. Le clivage n’est donc pas simplement entre kanak et Blancs. Les indépendantistes représentent surtout les Kanak, car le projet indépendantiste est un projet identitaire, un projet « kanako-kanak ». Les autres communautés, voyant dans l’indépendance une perte de beaucoup de choses, se réfugient dans les valeurs universalistes de la France. Cependant, même parmi les Kanak, il y a des divergences. Certains indépendantistes sont radicaux et plutôt pro-chinois, ce sont eux à l’origine des problèmes, ce qui rend difficile le dialogue, tandis que d’autres sont modérés et ouverts à la discussion.

Vous parliez des ingérences étrangères. Les indépendantistes radicaux sont-ils manipulés ?

Les indépendantistes radicaux ne sont pas manipulés, ce serait une erreur de les sous-estimer. Ils sont parfaitement conscients de leurs actions et recherchent activement des soutiens extérieurs pour renforcer leur cause. Ce ne sont pas des acteurs passifs. Ils agissent avec une stratégie claire et une organisation bien structurée. Il ne faut pas les voir avec un regard paternaliste ou condescendant, car ce sont des personnes intelligentes et déterminées, prêtes à tout pour atteindre leur objectif : que la France quitte la Nouvelle-Calédonie.

On a pu le constater lors des récentes émeutes. Ce n’était pas une simple manifestation de colère spontanée ; tout était planifié avec une logistique précise et une hiérarchie établie. Ils ont même mis en place des tactiques pour contourner les contrôles de police, ce qui montre leur niveau d’organisation. On n’est pas dans des émeutes de banlieue classiques, c’est un mouvement très structuré et orienté vers un but politique bien défini.

Les dernières émeutes de mai ont clairement montré que les 35 ans de concessions (si on inclut les accords de Matignon) n’ont abouti sur rien. Quelles sont les raisons de l’échec ?

Les raisons de l’échec, c’est avant tout la faiblesse de la France. Elle croit qu’en étant gentille avec tout le monde, elle obtiendra des résultats. Je ne dis pas qu’il faut être sévère pour le plaisir, mais il faut l’être avec ceux qui refusent la démocratie, ceux qui rejettent les valeurs humanistes et universelles. Et bien sûr, il faut être constructif avec ceux qui défendent ces valeurs.

On l’a bien vu : les gendarmes ont été pris pour cible avec des armes lourdes, plus de 350 fois, il y a eu plus de 100 gendarmes et policiers blessés, et deux gendarmes tués. Et là, on va négocier avec le parti politique qui a provoqué cette violence ? Oui, il faut discuter, regarder l’histoire de la Nouvelle-Calédonie sous tous ses aspects, mais il est essentiel de refuser de dialoguer avec ceux qui utilisent la violence pour faire avancer leur cause.

Je pense que c’est un problème d’ADN pour la France : elle a une approche repentante, qui finit par lui faire du mal. On perd le bon sens dans la gestion de ce dossier. En agissant ainsi, nous encourageons un certain biais victimaire. Il y a une forme de néocolonialisme dans cette approche française, où on pense à tort qu’il faut être paternaliste, où l’on dit : « Oh, les pauvres… » Alors qu’en réalité, ce sont des gens intelligents, instruits, souvent formés en métropole, qui sont tout à fait capables.

Ce n’est pas une question de leur donner des concessions pour les apaiser. Il faut traiter d’égal à égal. Quand on est ferme avec les indépendantistes, on impose une forme de respect.

Depuis 35 ans, les blessures du passé sont reconnues, des concessions sont faites. Pourquoi la haine continue ?

Je pense qu’il y a eu, en Nouvelle-Calédonie, un fait colonial. Je ne suis pas de ceux qui le nient. La colonisation a eu ses côtés positifs, mais aussi ses aspects négatifs. Après les événements de 1988, il y avait effectivement des justifications à la lutte kanak : ils n’avaient pas accès aux pouvoirs ni aux responsabilités économiques. C’était vrai, et c’est pour cela qu’il y a eu, pendant quarante ans, un rééquilibrage économique, politique et sociologique.

Mais aujourd’hui, une jeune génération kanak radicalisée a idéalisé le combat des années 1984-88, et fait de kanaky le rêve ultime. On assiste à une forme de fondamentalisme indépendantiste. Ce qui, au départ, était une lutte que l’on pouvait comprendre s’est transformé en une haine de l’autre et de la France. Ils refusent de reconnaître les efforts et le rééquilibrage qui ont pourtant été mis en place.

Malgré le fait que le gouvernement de Nouvelle-Calédonie soit dirigé par les indépendantistes, que deux provinces sur trois et 26 communes sur 33 soient aux mains des indépendantistes, qu’il existe un Sénat coutumier et que la fiscalité de Nouméa, majoritairement non-indépendantiste, finance des projets pour tout le territoire, cette jeune génération continue de voir la Nouvelle-Calédonie comme un système colonial oppressif pour les kanak. En fait, ils préfèrent maintenir ce discours de victime, car cela les arrange politiquement.

Pour rentrer un peu plus en profondeur dans le sujet et questionner les paradoxes, les indépendantistes comme les autonomistes voudraient techniquement être différenciés de la France, mais réclament plus d’action de l’État. Certains reprochent une sorte « d’égoïsme » calédonien, où on rejette l’appartenance à la France tout en profitant de ses financements, de ses forces de sécurité, de sa puissance diplomatique, etc. ?

Il y a une ambiguïté chez les indépendantistes, mais pas chez les autonomistes. Les autonomistes demandent seulement à l’État de gérer ses fonctions régaliennes, comme la défense et la justice, tandis que la Nouvelle-Calédonie assume ses propres compétences, comme la santé et l’éducation. Nous restons français tout en étant autonomes, un peu comme des États américains.

Les indépendantistes, eux, veulent l’indépendance totale tout en réclamant des fonds de l’État, qu’ils justifient par le passé colonial.

Sur le droit de vote, n’êtes-vous pas vous-même un peu ambigu ? Vous ne voulez pas que le dernier venu de la métropole puisse voter, mais vous réclamez le droit de vote pour des gens qui sont arrivés après les Kanak… N’est-ce pas là un argument que vous donnez à vos adversaires ?

Je soutiens fondamentalement une ouverture du corps électoral à six mois. Mais à la suite des négociations, on s’est accordé sur trois ans maximum. Mais en tant que rapporteur du texte sur le dégel du corps électoral, je n’ai pas le choix de présenter la limite de dix ans, j’y suis obligé, même si je suis en désaccord. D’ailleurs je l’ai bien dit. C’est l’État qui a décidé ça, par faiblesse. Plutôt que de dire « C’est six mois ou rien », ils ont cherché un soi-disant juste milieu en fixant dix ans glissants. Mais finalement, ce compromis ne satisfait personne, surtout pas les indépendantistes radicaux, qui continuent d’exiger plus.

Quelles seraient les solutions de sortie de crise selon vous ?

La solution de sortie, c’est de respecter les trois référendums : la Nouvelle-Calédonie est française, et toute discussion de statut doit partir de ce principe. Je suis autonomiste, car à 17 000 km, il est logique de vouloir se gérer soi-même. Mais le passeport reste français, la nationalité aussi, et le statut de la Nouvelle-Calédonie fait partie de la Constitution. Tant que les Calédoniens restent Français, on peut tout discuter.

Cependant, si la France n’est pas assez forte pour imposer ce choix, nous ne nous laisserons pas oublier ni mépriser, comme les pieds-noirs. Nous avons appris de l’histoire.

Vous disiez dans une récente vidéo (ITW NC) qu’un accord avait presque été conclu, mais qu’il a échoué. Pourquoi ? Dans les négociations, quels sont les sujets sur lesquels aucun compromis n’est possible, et les points sur lesquels on peut se retrouver ?

Les négociations ont échoué à cause des indépendantistes radicaux. Ils refusent que les Français, même après un certain temps de résidence, puissent voter, et ils exigent un nouveau référendum sur l’indépendance dans trois ans. Les modérés, eux, n’ont pas voulu signer sans l’accord des radicaux, ce qui a tout bloqué.

Les indépendantistes sont très habiles en négociation : ils ne bougent pas d’un pouce. Ils forment un bloc rigide, qui reste inflexible en attendant que la France fasse des concessions. Chaque fois que l’État cherche à les amadouer, ils tiennent leur ligne et récoltent davantage.

Ce bloc indépendantiste est parfaitement homogène dans sa vision. Leur identité kanak est liée à leur revendication d’indépendance ; pour eux, on ne peut être pleinement Kanak sans indépendance. Ils ne se définissent pas par des idéologies de droite ou de gauche, mais par leur appartenance ethnique.

Propos de Nicolas METZDORF (*)
recueillis par Guy-Alexandre LE ROUX
Revue Conflits

(*) Nicolas Metzdorf est né le 20 mai 1988 à Nouméa (Nouvelle-Calédonie). Ingénieur agronome de formation, fondateur du parti Générations NC en 2019, il a été élu maire de La Foa en 2020, député de la 2ᵉ circonscription de Nouvelle-Calédonie en 2022, puis de la 1ʳᵉ en 2024. Loyaliste, il défend une vision pro-française qui s’incarne dans l’autonomie et s’oppose à l’indépendance de l’archipel. 

[1] Audition du CEMA, Assemblée nationale, 25 septembre 2024.




L’ESA signe avec Hemeria pour sa première mission de nanosatellite de météorologie spatiale

Commentaire AASSDN : Un beau succès pour l’industrie spatiale française dans le domaine des nanosatellites.
Notons en outre que sur un plan opérationnel, la prévision des conditions météo est essentielle dans le recueil du renseignement et dans les décisions d’engagement des forces.

L’Agence spatiale européenne a signé avec Hemeria un contrat d’une valeur de 9,8 millions d’euros pour la conception, la construction et l’exploitation de Swing, la première mission de nanosatellite de météorologie spatiale de l’ESA.

Swing vise à démontrer la capacité des nanosatellites à recueillir des données de météorologie spatiale et à accompagner la dynamique de commercialisation dans l’ère du nouvel espace.

Le 20 novembre 2024, l’Agence spatiale européenne a signé avec Hemeria (France) un contrat pour développer la première mission de nanosatellite de météorologie spatiale de l’Agence : Swing (Space Weather Ionosphere Nanosat Generation). Le satellite observera l’ionosphère, une couche de l’atmosphère qui influe sur les services de communication et de navigation, et fournira des données pour des applications opérationnelles de météorologie spatiale.

« A titre individuel, les nanosatellites offrent une opportunité innovante de mettre en œuvre des missions spatiales peu couteuses et spécifiques. En tant que constellation, ils peuvent constituer un élément efficace du système européen de surveillance de la météorologie spatiale. Avec Swing, nous allons démontrer la pertinence des nanosatellites en tant qu’éléments d’un système de météorologie spatiale, et en tant que moyen d’amener l’industrie à participer à la surveillance de la météorologie spatiale », explique Juha-Pekka Luntama, chef du bureau de météorologie spatiale du Programme de sécurité spatiale de l’ESA. 

« Comprendre le comportement de l’ionosphère est essentiel afin de mettre en place des services de navigation et de communication fiables. Les particules chargées électriquement qu’elle contient peuvent avoir des conséquences critiques sur les services GNSS de haute précision en provoquant des erreurs de positionnement ou de synchronisation. Les données de Swing permettront de mieux comprendre les effets de la météorologie spatiale et de fournir des prévisions précises sur l’état de l’ionosphère », déclare Melanie Heil, coordinatrice du segment spatial au Bureau de météorologie spatiale de l’ESA et responsable du projet Swing. 

« Les phénomènes météorologiques spatiaux constituent un risque majeur pour nos infrastructures sur Terre et dans l’espace », note Holger Krag, responsable du Programme de sécurité spatiale de l’ESA. « Le développement d’une capacité de météo spatiale capable de fournir des informations exploitables aux opérateurs européens d’infrastructures critiques est l’un des principaux objectifs du programme. » 

« Hemeria est ravi d’accompagner la première mission de météorologie spatiale de l’Agence spatiale européenne. Je suis également heureux de constater que notre évolution vers les services de données soit ainsi saluée, en cohérence avec l’émergence rapide de notre division “Intelligence et Data”, qui fournira donc les données spatiales à l’ESA », déclare Nicolas Multan, PDG d’Hemeria. 

Swing, le satellite et ses instruments

Swing adoptera une orbite héliosynchrone (SSO), un type particulier d’orbite polaire qui permet au satellite de toujours visiter un même endroit à la même heure locale. À une altitude comprise entre 500 et 600 km, le nanosat effectuera des mesures in situ de l’ionosphère et suivra son évolution dans le temps. 

Le satellite sera conçu par Hemeria sur la base de sa plate-forme de nanosatellites HP-IOT. La charge utile sera composée des quatre instruments suivants : 

– DREAM – Moniteur de rayonnement – CNES, Steel Electronique (France); 
– XFM-NS – Moniteur de rayons X – Isaware (Finlande) ; 
– mNLP – Sonde de Langmuir – EIDEL (Norvège) ; 
– Aquila – Instrument GNSS RO – Syntony (France). 

Les données de la mission seront intégrées dans des modèles numériques de météorologie spatiale qui fourniront des prévisions météorologiques ionosphériques précises à la communauté des utilisateurs. Les données de la mission Swing seront également précieuses pour la recherche scientifique sur la haute atmosphère. 

Le satellite sera construit par Hemeria en tant que maître d’œuvre, ce qui comprend l’acquisition des instruments, le développement, l’intégration, les essais, la campagne de lancement, la mise en service dans l’espace de la plate-forme du satellite ainsi que les opérations du satellite. Le satellite sera assemblé dans les installations d’Hemeria à Toulouse.  Le centre d’opérations de la mission, qui fournira à l’ESA les données de météorologie spatiale traitées, est sous-traité à Planetek (Italie). 

Le lancement de Swing est prévu pour 2026 et le début du service de données pour 2027. 

ESA
20 novembre 2024

Légende de la photo : Hemeria est maître d’œuvre du satellite Swing de l’ESA