Ramatuelle : un spectacle devant le Mémorial de l’AASSDN en souvenir des héros de l’ombre

A l’occasion du 80e anniversaire du Débarquement de Provence, un spectacle sera donné au village de Ramatuelle, afin de mettre en valeur le sacrifice des Martyrs dont les noms figurent en lettres d’or sur le muret d’enceinte du Mémorial national de l’AASSDN.

Une pièce de théâtre créée par la Présidente du Cercle du littoral , d’une durée de 45 mn , met en valeur, le sacrifice de 7 agents figurant sur le livre d’or du Mémorial. Le scénario s’articule de la manière suivante,  dans une gare fictive dénommée “Terminus -Paradis ” les 7 agents qui viennent de rendre l’âme, se rencontrent et racontent leur vie , leur engagement,  leurs péripéties tragiques, sublimes et anecdotiques durant leurs actions clandestines entre 1940 et 1944 avant de rejoindre le Paradis…

Leurs récits s’inspirent du livre d’or du Memorial de l’AASSDN. Mr le Maire de Ramatuelle en a été informé ainsi que son adjointe à la culture, la présidente du  Comité local du Souvenir français également. 

Une présentation officielle, en costume d’époque se tiendra le Mercredi 12 juin 2024 au Memorial de l’AASSDN. Il est prévu également, le 15 Août  2024 une représentation sur la place du village. 

Ci-dessus : les 7 acteurs, la metteur en scène et la présidente du Cercle du littoral devant le mémorial de l’AASSDN.
A droite : l’Affiche du spectacle

Par Alain Henri Bonnaure, Délégué AASSDN au Memorial national de l’AASSDN. 




Les «Sussex», ces agents secrets qui ont permis le débarquement en Normandie

Ce sont des hommes de l’ombre dont on entend trop peu parler. Pourtant, ils ont, en grande partie, préparé le terrain au Débarquement du 6 juin 1944. Précurseurs du renseignement et des techniques d’espionnage, les agents Sussex ont fait office « d’éclaireurs », embarqués au cœur d’une des opérations les plus secrètes de la Seconde guerre mondiale.

Absents dans les manuels d’histoire et des cérémonies de commémoration, ces 120 agents étaient parachutés en civil derrière les lignes allemandes en France occupée, sur initiative du général Eisenhower. Par définition, ces agents avaient une fâcheuse habitude d’être trop discrets.






Plan Jedburgh : Les Français premiers acteurs de la Libération en France

Le plan Jedburgh, initié en juillet 1942 par le Special Operations Executive (SOE) et l’Office of Strategic Services (OSS), visait à soutenir la Résistance dans les territoires occupés pour faciliter l’avancée des troupes alliées après le débarquement. Cette collaboration anglo-américaine, enrichie par la participation des résistants français, belges et hollandais, comprenait la formation et le déploiement de 100 équipes d’opérations spéciales. Recrutées et entraînées dans le secret, ces équipes furent parachutées pour mener des missions de sabotage et de soutien aux maquis. Le bilan de cette opération secrète, bien que marqué par des pertes, témoigne de son impact crucial dans la lutte contre l’occupant nazi.

Commentaire AASSDN : Comme chaque année mais plus encore cette année, les médias et la classe politique mettront en avant le rôle essentiel joué par les Alliés dans cette opération qui avait pour objectif de vaincre le nazisme après que Hitler ait déclaré la guerre aux Etats-Unis le 11 décembre 1941 soit 4 jours après Pearl Harbour.
La libération de la France démarra par les 2 débarquements de Normandie essentiellement anglo-saxon et canadien (6 juin 1944) et de Provence (15 août 1944) essentiellement franco-américain. Si ces débarquements furent des succès, ce fut d’abord grâce aux innombrables renseignements très précis et actualisés transmis à Londres (vers la France Libre et l’Intelligence service) pendant des mois sur les troupes allemandes (infrastructures, dispositifs et matériels) par les grands réseaux de Renseignement de la Résistance (Confrérie Notre-Dame et Alliance notamment) mais aussi par des équipes de deux ou trois « commandos » souvent dirigées par des Français, entrainées en Grande Bretagne, puis parachutées en France occupée (Plan Jedburgh et opération Sussex).
L’AASSDN tient particulièrement à rappeler le sacrifice de ces combattants de l’ombre, agissant dans la clandestinité et tenus au secret qui ont accepté de sacrifier leur vie pour la liberté de leur pays.
c’étaient des garçons et des filles de 17 ou 25 ans, des patriotes ardents et de vrais guerriers qui n’ont pas eu la notoriété donnée par Hollywood au « soldat Ryan » et à ceux du « jour le plus long ». Mais faut-il rappeler que le premier mort du débarquement fut un parachutiste français largué en Bretagne.
Enfin et quelles que soient les conflits actuels, n’oublions pas de 2 soldats allemands sur 3 furent tués par l’armée rouge aux côtés de laquelle l’escadrille française Normandie Niémen combattit et se couvrit de gloire. Elle fut la seule unité alliée à combattre sur le front oriental.

Naissance du plan Jedburgh

L’idée du plan Jedburgh est née en juillet 1942 au SOE (Special Operations Executive). L’OSS (Office of Strategic Services), se rapproche de lui dès avant le débarquement en Afrique du Nord pour analyser la possibilité d’envoyer du personnel en zone occupée afin de faciliter la progression des troupes après le débarquement, car le potentiel de la Résistance et l’expérience des réseaux anglais sont des atouts majeurs. Mais le plan stagne. Ainsi, afin de faire réagir le commandement, le SOE monte la manœuvre Spartan du 3 au 11 mars 1943. Les Américains y sont observateurs. L’exercice est si positif qu’un mémorandum est rédigé par les deux services 5 jours après. Il définit le rôle, les moyens de commandement et de contrôle ; un effectif de 70 équipes de 3 hommes dont 1 originaire du pays ; les fonctions au sein des maquis et les moyens de communication. On prévoit de larguer les équipes en uniforme pour leur assurer la protection des conventions en vigueur, cependant les habits civils sont admis.

En avril, le nombre des équipes est porté à 100 dont 30 fournies par les pays envahis (France, Belgique et Hollande) car on prévoit de lourdes pertes

Recrutement et entraînement

La création du Comité National de la Résistance en mai 1943 facilite le rapprochement entre la France et les Alliés. En juillet, la France est invitée à recruter pour le plan. De Gaulle accepte, et le commandant Saint Jacques du bureau central de renseignement et d’action (BCRA), fait le tour des régiments d’Afrique du Nord. Les critères sont bien établis. Il ne s’agit pas seulement de recruter des baroudeurs mais des hommes ayant du cran, intelligents, aptes à jauger une situation politique locale et à s’imposer aux chefs des maquis et aux autorités civiles en place. 

Si les Alliés fournissent leur quota sans difficulté, ce n’est pas le cas de la France. Saint Jacques puise la majorité des effectifs dans les unités non prévues pour la campagne d’Italie. Sa tâche est ardue suite aux réticences des colonels chefs de corps. Le quota n’est atteint qu’en avril 1944 alors que les cours ont débuté début février. Pour assurer la discrétion du plan Jedburgh, les Britanniques créent un nouveau camp d’instruction afin d’être sûrs qu’il reste inconnu de l’ennemi. Le château de Milton Hall, à Peterborough, est réquisitionné. Au lieu de STS (Special Training School), ce centre prend l’appellation de ME 65 (Military Establisment 65).

Bien qu’installés dans un superbe cadre, les rapports entre les nationalités manquent de cordialité. Les Britanniques découvrent leurs cousins d’Amérique différents de ce qu’ils imaginaient et parfois plus étrangers que les Français eux-mêmes. Ces derniers, qui ont vécu 3 années de propagande de Vichy et l’affaire de Mers-El-Kébir, gardent leurs distances à l’égard des Anglais. De plus, ils sont exclus de la direction de l’école que se partagent les Alliés, et font face à des instructeurs qui prétendent leur apprendre à combattre alors qu’ils ont connu la campagne de 40 et celle de Tunisie… C’est en fait la guérilla qu’ils vont apprendre. Les cours  s’enchaînent à un rythme soutenu et abordent tous les sujets utiles aux futures missions :  parachutisme ; armement allié et ennemi ; tir instinctif ; mise en œuvre d’explosifs ; radio et chiffrement  ; organisation de zone de parachutage et guidage d’avion ; marches commandos et close-combat avec le major Sykes.

L’ambiance est morose et la rigidité du directeur du centre, le colonel Spooner, n’arrange rien. En avril, il est remplacé par le Colonel Musgrave. Tout s’améliore. Des permissions sont  accordées. Il crée une osmose entre les stagiaires en formant avant l’heure les « teams » par libre choix des officiers qui choisissent ensuite leur radio. Puis, il organise un concours de dessin destiné à créer un insigne commun à tous. C’est Victor Gough qui gagne en créant les ailes « SF ». En mai et juin, 25 équipes partent pour Alger, le rayon d’action des avions ne pouvant assurer leur largage dans le sud de la France depuis l’Angleterre.

Les missions

A partir du 6 juin, Tempsford et Harrington sont les bases d’envol depuis l’Angleterre. En Algérie, ce sont celles de Maison Blanche et Blida. 

Les missions se regroupent en 5 zones d’actions : la Bretagne ; la vallée de la Loire ; l’axe Châteauroux-Toulouse ; les Alpes et le sud-est ; enfin le nord-est. En juin, le but principal de retarder les renforts allemands vers la Normandie est atteint. Les mois suivants, la mission de protection des flancs des armées de libération progressant depuis la Normandie et la Provence est une réussite.

L’utilisation du potentiel Jedburgh se répartit ainsi : en juin, 13 teams sont largués dans le sud, le centre et  la Bretagne. En juillet, 11 autres suivent vers la Bretagne et le centre-ouest. En août, suite au débarquement de Provence, l’aide aux maquis s’intensifie. 53 teams sont parachutés  vers le sud-ouest et les Alpes. En septembre, 10 teams renforcent l’est. Sur le front Atlantique, 4 autres sont déposés par mer. En novembre, un dernier team est positionné en Alsace face à la menace allemande. Chaque équipe saute avec une douzaine de containers d’armes ce qui permet aux Jedburghs d’instruire les maquis en attendant les parachutages demandés par radio. Le commandement des maquis n’est pas automatique et se fait en fonction des circonstances, mais la supervision reste la règle. 

Le bilan

Au total, 92 équipes Jedburghs sont envoyées en France dont 1 proche de la Belgique. En Hollande, 8 teams sont parachutés, dont 6 en appui à l’opération Market Garden.

285 hommes ont été Jedburghs en France (103 Français, 89 Britanniques, 83 Américains, 8 Hollandais, 1 Belge et 1 Canadien). Les prévisions de 40% de perte n’ont heureusement pas été atteintes. On déplore cependant 19 tués (13 au feu, 4 exécutés après capture et 2 sauts mortels); 25 blessés (18 au feu et 7 au saut); 4 prisonniers.

Bertrand SOUQUET
Historien, fils de Jefdburgh

Stagiaires Jed en salle de formation de télégraphie sans fil (W/T)
Entrainement aux barres parallèles dans la cour de Milton Hall

Team Daniel : Entraînement au stand de tir
Team IVOR : saut nuit du 6 au 7 aout 1944 à Beddes, 6 km de Chateaumeillant, Indre. Balisage par Jed team Hamish.
de G à D : T Sgt lewis GODDARD (US) W/T code name “Oregon “, atterrissage hors DZ, se tue a l’atterrissage, parachute en torche, KIA
Captain Brit John Howard COX, team leader, code name “Monmouth “, atterrissage hors DZ, tombe dans un trou et se fait une entorse
Ltn Fr Robert COLIN code name “Selune“, IF “LE DANTEC”, atterrissage hors DZ, tombe dans un trou, une balle de son pistolet lui traverse la jambe




Hommage de l’AASSDN aux morts de Diên Biên Phu

Allocution du président de l’AASSDN prononcé lors dépôt de gerbe au Monument aux morts de Diên Biên Phu à Saint Cyr Coëtquidan le 17 Mai 2024

Mesdames, messieurs, mes chers camarades

Merci au général de Courrèges commandant l’Académie militaire de Saint Cyr Coëtquidan de nous avoir permis de nous retrouver ici aujourd’hui pour ce moment de recueillement.

Le 7 mai 1954, après 55 jours d’une bataille, qui fut pour les unités Parachutistes ce que Camerone est aux Légionnaires et Bazeilles aux Coloniaux, tombait Dien Bien Phu. Cette cuvette où le commandement voulait refaire le succès de Na San contre les troupes du général Giap fut le tombeau de 2 293 des nôtres. Ce triste bilan fut amplifié par les 7 801 morts sur la route puis dans les camps d’internement, soit un ratio d’extermination supérieur à celui des principaux camps de concentration nazis.

Qui peut oublier ce combat pour la gloire et pour l’honneur des bataillons de Bigeard, Tourret, Bréchignac, et tant d’autres qui firent l’impossible pour renverser une situation désespérée dès le départ et ne hissèrent jamais le drapeau blanc. Si le commandement avait écouté les rapports du Groupement de commandos mixtes aéroportés (GCMA) dont les maquis jalonnaient les déplacements des Viets, ils auraient su que Giap amenait par les pistes de jungle les canons de 105 de la victoire. Permettez-moi ici d’avoir une pensée pour le capitaine Hebert et ses partisans thaï du 8è commando du GCMA, le maquis Colibri, qui fut sacrifié pour permettre le début réussi de l’opération Castor et laissèrent leur vie sur un chemin sans croix.

Dans cette bataille qui clôtura le sort de l’Indochine, on n’a pas assez tenu compte des renseignements venus de ceux travaillant sur les arrières ennemis qui permettaient de comprendre ce qui allait se passer. On ne les a pas fait intervenir suffisamment pour insécuriser les routes d’approvisionnement. Enfin on n’a donné que le 27 avril l’ordre aux 1 500 partisans des maquis Malo, Servan et Podeur du capitaine Sassi de se rapprocher suffisamment du camp retranché pour servir de recueil quand il est devenu évident que la seule solution pour échapper à l’inéluctable serait de tenter des sorties. Le 7 mai, la colonne Crèvecoeur venue du Laos était encore à 40 km de la cuvette et Sassi encore à 100 km lors de son repli le 11 mai. Moins d’une centaine d’hommes réussirent à échapper.

C’est la différence avec le débarquement du 6 juin 1944 où les alliés demandèrent aux services spéciaux de se mettre en action pour informer sur l’ennemi et gêner ses opérations.  Du BCRA de Passy au 2è bureau de Paillole et Rivet à ceux de l’intelligence service (IS) anglais, comme Alliance de Marie Madeleine Fourcade et les réseaux Gilbert du colonel Groussard, ou de l’office of strategic services (OSS) américaine comme Roy de l’abbé Lapouge, ou encore les équipes alliées de Sussex, tout le monde apporta sa contribution à la victoire. Ici permettez-moi d’avoir une pensée particulière pour les 10 « merlinettes » chères au général Mermet et les 39 agentes anglaises parachutées en France, de Violette Szabo assassinée près de Limoges à Phyllis Latour qui vient de s’éteindre en octobre 2023.

Chacun se souvient de la phrase à la radio Londres qui déclencha leur action : « Les sanglots longs des violons de l’automne blessent mon cœur d’une langueur monotone ». Depuis Sun Tzu nous savons que le renseignement est une des clés de la victoire mais, au Tonkin, certains l’avaient oublié.

Ceci n’a pas empêché nombre de nos combattants sur cette terre lointaine de rentrer dans l’histoire. Faisant partie de ceux ayant eu la chance d’avoir servi sous les ordres ou travaillé avec des anciens de Diên Biên Phu comme Bigeard, Trapp, Flamen, ou Pouget j’ai appris d’eux que l’on se bat pour une certaine idée de la France, par devoir, pour l’honneur, et avec panache quelles que soient les circonstances.  

Quels que soient les services d’où nous venons, soyons toujours digne d’eux qui nous ont montré le chemin.

Alain JUILLET
Président de l’AASSDN




1944 : De jeunes héros de l’ombre morts pour libérer la France

A l’occasion de la commémoration du 80e anniversaire des combats pour la Libération de la France, l’AASSDN vous propose de visionner deux petits films d’une dizaine de minutes retraçant l’engagement de jeunes français dans les services Spéciaux (SR et BCRA), qui agissaient depuis 1940 en lien avec les réseaux de Résistance.

Jacques Voyer (BCRA)



Paulette Duhalde (SR)



Films réalisés par l’ASAF (production) en partenariat avec l’AASSDN (scénarios)




1944 : René Duchez dérobe des plans du Mur de l’Atlantique

René Duchez (1903-1948) est un résistant français, connu pour avoir dérobé les plans du mur de l’Atlantique à la Gestapo.

Originaire de Lorraine, Duchez intègre le groupe de résistance Centurie, à Caen. Ce groupe est membre du réseau Organisation civile et militaire. L’activité des quarante membres du groupe consiste en la collecte de renseignements sur le mur de l’Atlantique en construction. Dans ce but, Duchez se fait embaucher comme peintre en bâtiment à la kommandantur de Caen en mai 1942. Le 8 mai, il dérobe les plans des fortifications allemandes de la côte normande entre Cherbourg et Honfleur. Ces plans sont transmis au colonel Rémy qui les conduit en Grande-Bretagne. Selon Rémy, le vol de ces plans contribua au choix de la Normandie comme lieu du débarquement de juin 1944.

Ecoutez le Podcast de France Culture

Odette Duchez, raconte ensuite comment son mari, René Duchez, déroba les plans du mur de l’Atlantique à la Gestapo. Elle était elle-même chef du renseignement du réseau Centurie et fut déportée à Ravensbrück.

Enfin l’émission nous fait revivre le débarquement et les dernières journées qui l’ont précédé dont “la semaine rouge” à Rouen, du 30 mai au 6 juin 1944.

Photo portrait :  Patrimoine Normand




1941-1942 : Des copies des plans de la Wehrmacht détournées par Henri Brunet

Henri Brunet, un héros discret de la Résistance française, était un officier de réserve et chef d’entreprise. Mobilisé en 1939, il retourna à la vie civile à Caen après une maladie. Là, il fut contraint par les Allemands à reproduire des plans militaires. Brunet utilisa cette position pour fournir des renseignements aux Alliés, en copiant secrètement des documents importants. Malgré des soupçons allemands et une surveillance accrue, il continua son travail de renseignement. Finalement, il fut trahi, arrêté, et exécuté en 1943. Brunet est reconnu comme un martyr, honoré pour son courage et son engagement envers la France.




1944 : Paul Daum contribue à déjouer l’aviation de l’ennemi lors du débarquement de Provence

Paul Daum

Durant la Première Guerre mondiale, Paul Daum sert d’abord dans l’artillerie puis dans l’aviation, se distinguant par son courage, notamment en affrontant seul six avions ennemis en 1915. Il devient pilote, commande une escadrille, et est plusieurs fois cité pour bravoure. Durant la Seconde Guerre mondiale, il rejoint rapidement la Résistance, devenant sous-chef du Réseau Roy. Arrêté par la Gestapo en 1943, il est déporté et décède en captivité en 1944.

L’engagement de Paul Daum dans la Résistance et sa contribution à la collecte de renseignements ont eu un impact significatif sur le débarquement de Provence et les opérations militaires alliées en France durant la Seconde Guerre mondiale. Son travail et celui de ses camarades ont facilité les opérations militaires et ont contribué à la libération de la France. Le réseau Roy a fournit des renseignements cruciaux pour planifier cette opération majeure, en fournissant des détails sur les positions ennemies, les fortifications et les mouvements de troupes.




Nice, haut-lieu de la Résistance française

Allocution du général d’armée aérienne (CR) François Mermet, Président l’Amicale des Anciens des Services Spéciaux de la Défense Nationale, l’AASSDN, et ancien Directeur Général de la Sécurité extérieure, aux monuments aux morts de Nice, le 5 octobre 2022. Ce fut l’occasion de rappeler le rôle de Nice pendant toute la Deuxième Guerre Mondiale pour son soutien actif à la Résistance. Nice qui est une des rares villes de France à s’être libérée sans l’aide de troupes étrangères grâce au soulèvement de sa populationDans un discours prononcé le 9 avril 1945, place Masséna à Nice, le général de Gaulle, président du gouvernement provisoire de la République française, évoquera la libération de Nice en ces termes : « Nice, le 28 août 1944, par l’héroïque sacrifice de ses enfants, s’est libérée de l’occupant. (…) Nice libérée, Nice fière, Nice glorieuse ! ».[1] Nice, enfin, dont tant d’enfants se sont révélés des héros face à l’envahisseur. [NDLR]

https://www.youtube.com/embed/BmTzv2wJxgE

Monsieur le Préfet,

Monsieur le Maire, représenté par Madame Marie-Christine Fix.

Marins du SNA Casabianca, Aviateurs de l’escadron de transport Poitou et du CPA10, unités prestigieuses de nos forces spéciales avec qui nous avons l’honneur d’être en parrainage,

Monsieur le Délégué militaire départemental,

Monsieur le commandant du Groupement de gendarmerie départementale des Alpes-Maritimes,

Mesdames, Messieurs,

Chers amis.

Notre Amicale se retrouve, une nouvelle fois, dans cette superbe ville de Nice où nos grands anciens, conduits par le Colonel Paul Paillole, avaient tenu congrès en 1975.

Une même soif de vérité et de reconnaissance nous anime dès lors qu’il s’agit de célébrer la mémoire de nos Services de renseignement et de contre-espionnage. Bien avant la Seconde Guerre Mondiale, ils avaient fait leur travail en dénonçant avec précision les menaces allemandes et italiennes qui planaient.

Ils n’ont — hélas — pas été écoutés. Ni par le pouvoir politique, ni par le Haut commandement militaire de l’époque.  

Une semaine avant la foudroyante invasion allemande de l’été 1940, le colonel Rivet et le commandant Paillole, prévoyant la dissolution de leur service dans les clauses de l’armistice, ont préféré saborder leur service pour entrer en résistance en choisissant la clandestinité. Évacuant de Paris leurs personnels et leurs si précieuses archives, ils se sont regroupés à Bon-Encontre, près d’Agen, où ils feront le serment de continuer le combat jusqu’à la Libération du pays.

En 1954, dans le tome I de ses mémoires, le général de Gaulle écrit : « Les premiers actes de résistance venaient des militaires, les services de renseignement continuaient d’appliquer dans l’ombre des mesures de contre-espionnage et par intervalle transmettaient aux anglais des informations ».

Outre la fourniture de renseignements sur l’ordre de bataille et les infrastructures de l’armée allemande, ils permirent 1300 arrestations, 264 condamnations et 42 exécutions d’agents et de collaborateurs.

Après le débarquement des alliés au Maroc et en Algérie, les opérations de reconquête en Afrique du nord et en Méditerranée, furent réussies grâce aux actions des services du commandant Paillole : le Brigadier général Dudley Clarke, responsable britannique des opérations d’intoxication (deception) confiera : « Il nous eut été impossible de mener à bien notre tâche sans l’aide experte et si généreuse de vos services ».

Allocution du général d’armée aérienne (CR) François Mermet, Président de l’AASSDN à Nice

Les autorités au garde à vous pendant l’exécution de l’hymne national – Photo © Joël-François Dumont

Lors de notre Congrès à Bon-Encontre, en 2021, nous avons soulevé un coin du voile sur cet épisode fondateur de la Résistance. De nouveau, le 30 mai dernier, lors de la commémoration du 150ème anniversaire de la création de la Direction du Renseignement et de la Sécurité de la Défense, le nouveau ministre des Armées, M. Sébastien Lecornu, a évoqué ce Serment dans la cour d’honneur des Invalides en rendant un hommage solennel à l’action déterminante du général Rivet et des colonels Paillole, Sérot et Doudot.

Ce dernier, figure légendaire de notre contre-espionnage, infiltra et manipula, trois postes du service de renseignement de l’Abwehr sur le territoire allemand. Les Alliés lui attribuèrent, comme au commandant Paillole, leurs plus hautes distinctions : officier de la Legion of Merit américaine et chevalier de l’Ordre du British Empire.

C’est avec fierté que nous retrouvons à Nice cette flamme de la Résistance, dans cette ville où Jean Moulin organisa depuis sa galerie d’art la difficile mission dont l’avait chargée le général de Gaulle : rassembler et unir les différents mouvements de Résistance.

Qu’il me soit permis d’évoquer la mémoire de Niçois qui se sont rendus célèbres dans leur combat pour la libération de la France.

C’est un Niçois, le capitaine Gustave Bertrand, responsable de nos services à Berlin qui, en 1934, subtilisa aux Allemands les plans de la fameuse machine Enigma, dont le développement en coopération avec les services polonais, puis britanniques, permit dix ans plus tard, aux Britanniques de gagner la bataille d’Angleterre avant de donner aux Alliés une longueur d’avance pendant toute la guerre jusqu’à la victoire.

En 1940, c’est à Nice que Bertrand se réfugie avant d’exfiltrer son équipe vers Londres via l’Espagne. Nice était alors notre station de surveillance face à l’Italie. Nice devint, dès 1942, un poste important du réseau de contre-espionnage dit des « Travaux Ruraux », mis en place clandestinement dès la signature de l’armistice par le général Rivet et le commandant Paillole pour combattre les services secrets allemands et italiens.

Hommage au général Delfino pendant le passage de deux Rafale du Normandie-Niemen – Photo © JFD

C’est aussi à Nice que naquit le général d’armée aérienne Louis Delfino, pilote aux 16 victoires aériennes homologuées et dernier commandant du prestigieux régiment Normandie-Niemen engagé sur le front russe. La ville de Nice lui rend hommage tous les ans ainsi qu’aux 42 pilotes qui perdirent la vie au cours de cette épopée.

nice liberation affiche 27 mai 1945 1

En 1944, Nice est l’une des rares villes de France qui se libère par elle-même grâce à l’insurrection de sa population et aux mouvements de résistance peu de temps avant l’arrivée d’une division américaine.

Il y a quatre ans lors de notre Congrès à Annecy, nous avons célébré à la nécropole des Glières le sacrifice et le courage des Résistants et des maquisards, espagnols pour la plupart, encadrés par les chasseurs-alpins du 27e BCA commandés par le colonel Jean Valette d’Osia.

Leur soulèvement permettra la libération de la Haute-Savoie, le seul département à s’être libéré du joug nazi.

Connaissant les liens historiques qui unissent le duché de Savoie et le comté de Nice, comment pour le savoyard que je suis, ne pas associer dans un même éloge la Résistance du département de la Haute Savoie et de la ville de Nice ?

Nice, hélas, est devenue une ville martyre depuis l’attentat terroriste de masse du 14 juillet 2016 : 86 morts, un demi-millier de blessés ! Nos pensées se tournent vers les familles endeuillées, vers toutes celles et ceux qui restent meurtris dans leur chair et leur cœur. À travers notre association, la communauté du renseignement salue leur dignité ; elle fait ici le serment de ne jamais oublier les victimes innocentes du carnage de la Baie des Anges.

Gageons que « la victorieuse » comme le rappelle l’origine grecque de Nice, « Nikaïa », saura surmonter l’épreuve et donner l’exemple de son courage à la Nation au moment où la guerre surgit à nouveau en Europe.

Bernard Gonzalez, préfet des Alpes-Maritimes, dépose une gerbe aux monuments aux morts de Nice – Photo © JFD

Que soient enfin remerciés, toutes celles et tous ceux qui nous ont accueillis avec bienveillance pour réussir ce congrès, au premier rang desquels Monsieur Bernard Gonzalez, préfet des Alpes maritimes et Monsieur Christian Estrosi, maire de cette belle ville de Nice, sans oublier bien sûr cet hommage de notre armée de l’Air et de l’Espace avec le passage d’une patrouille de Rafale du Normandie-Niemen.

Général François Mermet, Président de l’AASSDN

[1] La libération de Nice a lieu le 28 août 1944 à la suite d’une insurrection armée décidée par la Résistance. Les insurgés ne sont qu’une centaine au début de la journée du 28 août, mais l’ampleur qu’a pris le soulèvement en fin de journée pousse l’occupant allemand à évacuer la ville. Les Alliés ne sont pas au courant de l’insurrection et n’aident donc pas les insurgés. Côté niçois, 31 résistants seront tués et 280 seront blessés (Source : La Bataille de Nice in Wikipedia).




Opuscule : Paul Paillole, Une vie au contre-espionnage par JC Petermann

Paul Paillole, saint-cyrien de la promotion «Maroc et Syrie» a été affecté au SR/SCR du 2ebureau de l’état-major de l’armée en 1935. Trois ans plus tard, il était nommé chef de la section allemande. L’armistice signé, dès juin 1940 il entre dans la clandestinité au sein de l’organisation mise en place par le colonel Rivet et crée et dirige le service des «travaux ruraux» (TR) couverture du service de contre-espionnage offensif. Recherché par les services allemands, l’invasion de la zone libre en novembre 1942 le contraint à s’évader via l’Espagne et à gagner Gibraltar, Londres puis Alger d’où il assure la direction de son service clandestin implanté en métropole. À ce titre, il organisera notamment les missions spéciales sous-marines entre Alger et la côte de Provence. Directeur de la sécurité militaire, il en adaptera les structures aux opérations franco-alliées jusqu’à la Libération.

Disposant de la confiance totale des alliés, il sera le premier officier français associé, sous le sceau du secret, à la préparation du débarquement de Normandie. Rentré en France, il quitte le service actif en novembre 1944 comme lieutenant-colonel. Il occupe alors d’importantes fonctions dans l’industrie et assure plusieurs mandats de maire de sa commune. Colonel de réserve et auditeur de l’IHEDN (Institut des hautes études de défense nationale), il suit avec attention les problèmes de défense.

En 1953, Paul Paillole fonde l’AASSDN dont l’un des objectifs est de conserver la mémoire des actions des services spéciaux pendant la Deuxième Guerre mondiale. Cette association qui a érigé à Ramatuelle le Mémorial des agents des services spéciaux morts pour la France, est habilitée à accorder l’accès aux archives du colonel Paillole.

Très attaché à la rigueur concernant l’histoire du renseignement et du contre-espionnage en France, il est l’auteur de nombreux articles et conférences et de trois ouvrages faisant référence: Service spéciaux 1935-1945 (Robert Laffont, 1975), Notre espion chez Hitler (Robert Laffont, 1995) et L’homme des services secrets (Julliard, 1995). Le colonel Paillole, décédé le 15 octobre 2002, était officier de la Légion d’honneur, Croix de guerre39-45 avec palme, officier de la Legion of Merit et du British Empire, médaillé de la Résistance, des évadés et de la résistance polonaise en France.

  • Document 1: Paul Paillole avant 1942
  • Document 2 : La machine ENIGMA
  • Document 3 : La clandestinité (1942-1944)
  • Document 4 : La création de l’AASSDN (1953)
  • Document 5 : L’adieu de Paul Paillole (2002)