De l’abondant courrier reçu, trois lettres, parmi tant d’autres, traduisent l’intérêt autant que l’émotion suscités à la fois par la lecture du livre que par les propos tenus lors de l’émission de télévision ” Bouillon de Culture “.

« … Une de mes filles a eu l’heureuse initiative de m’offrir votre dernier livre. Comme tout le monde, j’ai eu la surprise d’apprendre beaucoup sur une période que je pensais déjà connaître pour l’avoir vécue dans la clandestinité. Votre passage à la télévision nous a passionnés. Votre confiance, votre jeunesse, voici des confidences qui ne se trouvent pas dans des ouvrages sur la guerre… Les pages que je viens de lire m’ont rappelé mon émotion quand après la libération j’ai reçu mon ” décret de naturalisation ” vous avouerai-je que j’ai pleuré ! et j’avais 23 ans…

« … Revenant au début de cette lettre, permettez-moi de vous dire mes félicitations sincères car vous avez su mettre l’accent sur le rôle de notre Maison, ses méthodes de recherches, ses sources exceptionnelles de renseignements. Vous avez su montrer une machine au nom et au fonctionnement mystérieux qui ont laissé rêveurs bien des téléspectateurs. Vous avez surtout et avec fermeté souligné les atermoiements et le laisser-aller de nos vieux gouvernants face à des informations de premier ordre qui commandaient une action sans délai. Le 5 mai au soir, les Français ont compris les conséquences d’une incroyable négligence, les raisons de la défaite de juin 1940. Vous avez eu le courage de proclamer publiquement la Vérité et j’en ressens personnellement un honneur comme germaniste, puisque j’étais pendant près de dix ans chargé des correspondances ” sympathiques ” avec notre célèbre fournisseur (H.E.). Je tenais, mon Colonel, à vous dire ce qui précède ; je vous dis aussi que vous m’avez fait chaud au cœur et que je suis certain que vos paroles ont été entendues et qu’elles seront retenues. Puissent-elles également inciter les historiens et en faire état dans une page de notre longue Histoire !…

«… J’espère qu’il rencontrera un grand succès car sa ” densité ” historique le mérite. Bien sûr, le rétablissement de cette ” sacrée vérité ” pour laquelle vous vous êtes battu, sans défaillance, pendant nombre d’années. Encore et surtout ce témoignage direct, non édulcoré pour quelle que raison que ce soit et surtout pas commerciale. Une tranche d’histoire si importante mais si mal connue, vécue et non plus ou moins rafistolée. Enfin, pour montrer aux français que les services spéciaux ont une place dans la société. Ce livre est un livre à relire, l’exposé est serein mais sans concession. Vous ne vous souvenez sans doute pas de ma dernière correspondance qui remonte maintenant à plus de dix ans et dans laquelle je regrettais d’une part, le peu d’enthousiasme de nos compatriotes pour ce genre de témoignage et d’autre part, le nombre trop faible de témoignages de cet ordre. C’est avec de tels ouvrages que l’histoire, notre histoire, passionnera les Français un peu plus. Que cela serve de leçon à nos sauveurs quotidiens et aux grands méritants auto-proclamés (d’hier, d’aujourd’hui et de demain) ».

Des nombreux commentaires parus dans la presse, il a paru utile de retenir :

De ” Télé Obs “ sous la signature de Georges Buis, qui signale : …Il monte alors un prodigieux réseau fondé sur la “pénétration” du réseau ennemi: l’Abwehr. Il le sauve dans le désordre de l’exode de 40 et le camoufle en “Travaux ruraux “… et conclut ce long article, intitulé : Les Secrets d’un Cyrard : …Il aura été jusqu’au bout un Saint-Cyrien, c’est-à-dire un anti-James Bond, et aura toujours misé sur le dévouement, la qualité humaine et les dossiers bien tenus qui sont ” les clés du renseignement “…

Du ” Monde “ où Jacques Isnard rappelle : …Dès mars 1940, le service de Paul Paillole avertit le gouvernement et le commandement que la Wehrmacht réunit des informations sur l’axe Sedan-Abbeville, par où s’engouffra l’invasion allemande après la percée des Ardennes. Nul n’en tiendra compte. Avec trois jours d’avance, le même service annonce l’entrée en guerre de l’Italie: le ministère des affaires étrangères préfère s’en remettre aux télégrammes apaisants de son ambassadeur à Rome. D’une manière générale, note le Colonel Paillole, les autorités ont “un mépris souverain “ pour le renseignement, car, entre elles et lui, il y a ” une accumulation d’échelons hiérarchiques ” qui dénature le renseignement et ” stérilise sa crédibilité “…

De ” Monde & Vie “ où Pierre de Villemarest souligne notamment : …L’appareil secret créé par Paillole est suffisamment implanté et rodé pour désormais servir les Alliés… Au point que Paul Paillole est le seul Français qui ait participé aux préparatifs du débarquement en Normandie puis en Méditerranée, auprès du commandement anglo-américain. Même de Gaulle n’en savait ni les lieux, ni le jour, ni l’heure. Au contraire de Paillole qui, avec ses réseaux apprenait aux Alliés qui et quoi serait en face d’eux : Wehrmacht ou services proprement nazis, collaborateurs réels et non pas supposés, etc… Cet ouvrage gênera ceux qui depuis 1945 ont réduit à deux camps le combat: d’un côté les gaullistes et les communistes, de l’autre les “ kollabos ” ou les ” neutres “. Les professionnels du renseignement et du contre-espionnage ont été eux, oubliés alors qu’ils étaient les seuls à même, comme l’a fait remarquer l’amiral Pierre Lacoste durant l’émission, par leur formation et leur connaissance de certaines techniques, de pénétrer le dispositif ennemi…

Du ” Figaro “ où dans son commentaire, Éric Roussel cite abondamment cet ouvrage en réponse aux questions que se pose quiconque s’intéresse à la fois à l’histoire de la seconde guerre mondiale et au monde du renseignement. …Mais, au-delà des anecdotes dont il fourmille et qui contribuent à faire mieux connaître l’histoire, souvent sous-évaluée, des services secrets français, l’intérêt majeur de ce livre est de donner au lecteur une précieuse mise en perspective. Aujourd’hui, et des controverses récentes l’ont encore montré, on a tendance à croire que le contexte réel de l’Allemagne hitlérienne était bien connu en France — surtout après la défaite de 1940. Or ce livre atteste précisément le contraire. “Quand je suis entré dans la maison en 1935, je connaissais bien entendu la situation de l’Allemagne, celle de l’Italie; c’était le moment où les Italiens s’appropriaient l’Ethiopie. Les méthodes des fascistes comme celle des hitlériens ne nous échappaient pas. Nous en avions conscience mais on n’imaginait pas que tout cela pouvait un jour déboucher sur le chaos que nous avons connu en 1939. Nous n’avions pas idée de l’ampleur du danger “. Dès 1933, Paul Paillole, confronté à la réalité, prit conscience du péril constitué par le IIIe Reich. En vain, avec ses collègues il tenta d’attirer l’attention sur l’ampleur du réarmement allemand, au moment de Munich, il plaida en faveur d’une intervention. Après la guerre, Edouard Daladier lui en donna acte. Pour autant ce n’est que tardivement qu’il sut ce qui se passait dans les camps nazis. “Quand nous avons eu connaissance du décret Nuit et brouillard au début de 1942, nous avons bien compris que le régime imposé à nos camarades arrêtés, serait extrêmement sévère. Nous avons commencé à nous poser des questions, mais, malgré tout, sans imaginer l’outrance dans la sauvagerie et la brutalité qui nous fut révélée deux ans plus tard “. On ne soulignera jamais assez combien avait été analysé légèrement Mein Kampf et les premières dispositions raciales prises par les nazis dès leur arrivée au pouvoir…

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