Nous sommes venus dans les SERVICES SPECIAUX par idéal. Ceux qui en étaient dépourvu ne restaient pas, à moins que, gagnés par la contagion, ils découvrissent à leur tour le caractère exaltant de nos missions et la joie de lui sacrifier toute ambition. Il est vrai qu’aux extrémités de nos tentacules se trouvaient parfois des besogneux. Ils trouvaient dans des gains substantiels – et somme toute légitimes – la justification de l’aide qu’ils nous apportaient. Ce n’étaient ni les meilleurs, ni les plus sûrs. Il s’agissait de veiller en tous temps à la sûreté du Pays, à la sécurité de la Nation, de protéger son patrimoine ; cela à l’encontre des entreprises les plus insidieuses et les plus secrètes de nos adversaires extérieurs quels qu’ils fussent, quels que fussent leurs zélateurs. Travail discret, obstiné, difficile, exclusif. NOTRE CONSCIENCE ET NOTRE SENS NATIONAL ETAIENT SOUVENT NOS SEULS GUIDES. Au delà des intrigues, des régimes et de leurs fluctuations politiques, la force d’un ÉTAT, comme la sauvegarde d’une NATION, est de disposer en permanence d’une telle force insensible à tout autre intérêt que celui de la PATRIE.
L’Honneur d’un Gouvernement et son mérite sont de lui conférer puissance et invulnérabilité. Son devoir est de l’employer, l’écouter et l’entendre – dût son oreille quelquefois en souffrir.
Puissance et invulnérabilité découlent de considérations multiples qu’il n’est pas dans mon propos d’analyser ici.
Je veux souligner simplement l’importance du choix des hommes et de leur autorité morale.
Le choix doit porter sur les élites, toutes les élites, sans autres exclusives que celles des personnes attachées à la politique ou liées à des partis – à fortiori à des factions ou à des hommes.
Si l’invulnérabilité des SERVICES SPECIAUX, j’allais écrire leur indépendance – s’acquiert à ce prix, l’autorité morale qui en découle doit trouver un support dans l’estime et le respect dont les Pouvoirs Publics doivent les entourer.
Leurs efforts seraient vains si leurs objectifs étaient tributaires des régimes politiques, leur rendement dérisoire s’il devait s’inspirer du désir de plaire, leurs possibilités compromises et leur existence précaire si des parasites (officiels ou officieux) prétendaient se substituer, même partiellement, à eux, ou si des missions autres que les leurs leur étaient imposées.
Le rocambolesque n’est pas leur vocation, le roman n’est pas leur ” bible “, la délation et le crime ne sont pas de leur compétence. Contrairement à des légendes trop facilement établies, les SERVICES SPECIAUX et leurs cadres ne sont ni aptes à tout, ni capables de tout.
Ils doivent laisser à d’autres le privilège de commercialiser quelques prétendues connaissances en matière d’espionnage, comme ils doivent laisser à d’autres les missions qui ne sont pas les leurs.
Il faut de tout pour faire un monde : Mais il ne peut être question d’autoriser quiconque à spéculer sur leur crédit. ” Barbouzes ” ? Nous voulons bien ! Les soldats de Napoléon étaient fiers d’être les ” Grognards ” de l’Empire.
Mais ce serait la mort des Services Spéciaux que de les laisser confondre avec tant d’organes ténébreux, qui n’ont de commun avec eux qu’un sobriquet dérisoire