Récemment ouvert à la guerre secrète, ce grand musée situé Lambeth Road est exemplaire par la richesse de ses expositions et aussi par les réalisations qui facilitent sa visite… Les sièges ne manquent pas, une cafétéria est accueillante et ouvre sur de vastes jardins.
Une bibliothèque rassemble quantité d’ouvrages sur les grands conflits mondiaux et notamment sur la guerre secrète. L’œuvre la plus importante, la plus récente et sans nul doute la mieux documentée sur l’action des services spéciaux britanniques est celle du professeur F.-H. Hinsley “ British intelligence in the second world war “.
Le rez-de-chaussée présente les matériels de guerre, notamment ceux de la 2e guerre mondiale, britanniques, américains et allemands. Le nombre est impressionnant.
Au premier étage sont les expositions sur les deux dernières guerres mondiales.
Des vidéos très didactiques expliquent les développements des conflits, années par années..
a)- Seconde Guerre Mondiale. C’est l’exposition la plus riche. Elle comprend une exposition générale divisée par thèmes (bataille d’Angleterre – Blitz – guerre sur mer, dans le Pacifique, camps de déportation, etc…) et des expositions spécifiques telles que la vie à Londres, la défaite du Japon, les débarquements de Normandie, la célébration de la Victoire, etc… la guerre secrète.
b)- La Guerre Secrète occupe une grande partie du premier étage, son exposition est divisée en trois :
M.I.5, M.I.6 et S.O.E., les trois spécialités de l’I.S.
Chacun de ces 3 services secrets est détaillé : genèse, objectifs, fonctionnement, matériels, personnels… avec le curriculum vitae simplifié de leurs chefs successifs et des personnalités qui ont marqué leurs activités diverses.
Ainsi à titre d’exemple: M.I.6 (renseignements et CE extérieurs):
Directeurs : Menzies de 1939 à 1952 – Dick – White de 1953, etc… enfin Mac Coll de 1989 à 1992.
Personnalités : Dansey, directeur adjoint de M.I.6 de 1939 à 1945 – Denniston, chef du G.S.C.S. (Government Code and Cypher School) organisme du chiffre, transféré en 1939 à Bletchley Park où furent exploités notamment les secrets de la machine à chiffrer allemande Enigma par le savant Turing, cryptoanalyste exceptionnel et Winterbottham chargé de l’exploitation des renseignements.
A noter :
La machine Enigma est exposée et son fonctionnement expliqué. Le visiteur peut s’amuser à l’utiliser en tapant son nom. Les services français et polonais qui ont les premiers percé les secrets d’Enigma sont cités.
Opérations: Affaire Ciceron – Réseau “La Dame Blanche” en Belgique pendant la 1ère Guerre Mondiale – Affaire de Venlo en 1939 (enlèvement par le S.D. des agents M.I.6 Stephens, Beit, Klop) réseau Alliance en France (de 1941 à 1944) etc…
Traîtres: Philby – Burgess – Cairincross qui travaillait au G.S.C.S. de Bentley découvert en 1964 par M.I.5 (chargé du contre-espionnage à l’intérieur).
Autre exemple très développé, S.O.E., sa création en 1940 par Churchill, ses missions, ses moyens, son personnel d’encadrement : Dalton, Nelson et Selborne de 1942 à 1945, Buckmaster pour la France.
Parmi les agents S.O.E. cités : Dericourt (Opération Prosper), Khan (princesse Noor), Cammaerts, Odette Sanson déportée à Ravensbrück (travaillait avec Peter Churchill).
Des consoles d’ordinateurs, faciles d’utilisation, permettent d’obtenir sur tout ce qui est exposé (y compris sur les personnes) des informations détaillées, telles que curriculum vitae ou déroulement des principales missions secrètes.
Des petits films parlants relatent certaines actions ou diffusent des témoignages (on peut entendre Odette Sanson, une reconstitution du Blitz, les explosions des V1 et V2. Pendant quelques minutes, on peut se croire à Londres fin 1940 ou en 1944; les témoignages de soldats qui ont libéré les premiers camps de concentration en Allemagne, etc…).
Un film émouvant retrace la célébration de la victoire à Londres. On voit Churchill à Buckingham aux côtés de la famille royale, saluant la foule. On entend les cris, les applaudissements, les musiques.
L’exposition se termine par l’éternelle question: doit-on parler de la guerre secrète, de ses acteurs, de ses organisations, de ses actions, de ses résultats.
La réponse est positive.
Il faut que le public sache le rôle des services secrets, en comprenne la nécessité et l’importance et accepte de leur confier les moyens indispensables à leur efficacité.
La célèbre phrase de Churchill est citée en exergue, à la gloire des aviateurs et des services secrets britanniques : “Jamais dans l’histoire des conflits mondiaux autant d’êtres humains auront dû leur salut à si peu d’hommes “.
Remarques et conclusions:
– L’auteur de ce compte-rendu de visite a été frappé par le grand nombre de visiteurs des salles réservées à la guerre secrète. Beaucoup de jeunes de toutes conditions: certains étaient venus plusieurs fois pour approfondir diverses expositions, telles celles d’Enigma, ou de la formation des agents M.I.6 ou S.O.E.
– Exclusivement consacrée aux services secrets britanniques, il est à remarquer que l’exposition ne donne aucune indication sur les services secrets étrangers (alliés, ou ennemis, ou neutres), ni sur les organisations amies installées en Grande Bretagne pendant la 2e guerre mondiale.
– Rien sur le 2e Bureau et le B.C.R.A. du Général de Gaulle.