Né à Belfort en mars 1921, aîné de six enfants. Son père, Ancien Combattant de 14-18, Président des Combattants Volontaires et Officier de Réserve, est un grand ami du Commandant André Sérot de l’Armée de l’Air, affecté au poste SR de Belfort, fer de lance des Services Spéciaux contre l’Allemagne. Le 3 septembre 1939, la guerre commence. Il a 18 ans. Candidat à l’Ecole de l’Air, il s’engage pour la durée de la guerre comme élève pilote. En mai 1940, il est admis en stage d’Aspirant à Agen mais la défaite bouleverse sa destinée et le 20 juin il cherche à gagner l’Angleterre avec des pilotes polonais à Saint-Jean-de-Luz. Arrêté, il est interné à Argelès. Il s’évade pour retourner à Belfort où il apprend que son père, mobilisé sur sa demande, était mort au combat le 20 juin… Il gagne alors la Suisse et se met à la disposition du Commandant Pourchot, attaché militaire adjoint près l’Ambassade de France à Berne et représentant des Services Spéciaux militaires. Avec lui il créera le réseau de renseignement ” Bruno ” rattaché plus tard au SR Kléber.Il a tenté en vain, à huit reprises, de rejoindre l’Angleterre. Mais le Commandant Sérot l’a persuadé de poursuivre la lutte en France dans la clandestinité du Service de Renseignement. Dès juillet 1940, il se lance à corps perdu dans ce combat de l’ombre.Il constitue progressivement plusieurs réseaux très étoffés qui couvrent toute la France qu’il sillonnera à bicyclette pendant quatre ans, de Belfort à la Normandie ou à la Pointe de Bretagne et du Nord à la Provence. Il parcoure aussi la Belgique, les Pays-Bas et même une large partie du Reich. Sa mission prioritaire : identifier les unités allemandes afin de dresser en permanence l’ordre de bataille ennemi. Malgré sa jeunesse, mais grâce à ses qualités exceptionnelles, il va recueillir des renseignements d’importance capitale et, bravant tous les dangers, il deviendra au fil des mois le meilleur agent de ” Bruno ” et l’un des hommes clés des services alliés en Europe, en particulier de l’OSS.Échappant, souvent de justesse, aux contrôles et aux recherches des services allemands, il sera tout de même appréhendé douze fois, et plusieurs de ses agents seront, hélas, arrêtés et déportés.De 1940 à 1944, il organise environ 400 passages de la frontière suisse ou d’Alsace et de la ligne de démarcation, permettant ainsi l’évasion de près de 1.200 Français et alliés dont celle du Général Giraud. Il parviendra ainsi à confier au Commandant Pourchot à Berne le Drapeau de la Section des Combattants Volontaires de Belfort que présidait son père.Cette intense activité le ramène cependant toujours à Belfort, point nodal de la “toile ” qu’il a tissée.La citation pour sa nomination à titre exceptionnel au grade de Chevalier de la Légion d’honneur stipule notamment : ” A obtenu un rendement exceptionnel qui a contribué d’une façon déterminante à la préparation et au succès des débarquements alliés “.En septembre 1944, de Lattre approche de Belfort. Le Commandant Pourchot le met à la disposition du Service de Renseignement Opérationnel de la première Armée dirigé par le colonel Simoneau. C’est la mission ” Stuka ” pour laquelle il constitue un nouveau réseau spécifique.Ses renseignements permettent d’épargner la vie de nombreux soldats et influent sur l’issue de la bataille. Mais, trahi par un élément douteux, il est arrêté le 11 novembre 1944 à Belfort.Interrogé, torturé pendant près d’une semaine sans rien révéler, il est déporté le 18 novembre à la forteresse de Fribourg alors que la bataille de Belfort est déclenchée depuis le 15.Condamné à mort le 27, il parvient à s’évader à la faveur d’un bombardement. Au terme d’un périple de quatre mois en Allemagne, au cours duquel il sera repris et s’évadera de nouveau, il se présente, le 8 mars 1945, aux éléments avancés de la 9e armée américaine avec trois prisonniers, non sans avoir recueilli d’autres renseignements précieux, en particulier sur l’offensive des Ardennes. Une nouvelle Citation à l’ordre de l’Armée précise : ” doit être considéré de très loin comme le meilleur artisan de la préparation de l’offensive Vosges-Alsace, de l’avis de l’ennemi lui-même qui lui rendra cet hommage “. Ayant retrouvé le Colonel Sérot, il rejoint le Service de Renseignement Opérationnel de la Première Armée et repasse le Rhin le 31 mars 1945. La guerre se termine. Il y a consacré sa jeunesse, gagné trois citations à l’ordre de l’armée et la Légion d’honneur à titre exceptionnel. Lieutenant de Réserve, il est démobilisé en 1946. Après quelques années de vie civile durant lesquelles il sera le liquidateur national du SR français en Suisse et du réseau Kléber-Bruno, il est volontaire en 1951 pour servir en Indochine.Capitaine de Réserve en situation d’activité, il est affecté sur les bases aériennes de Bien Hoa et de Tan Son Nhut où il cré et commande, avec des éléments vietminh ralliés, un commando de contre-espionnage et de contre-sabotage. Le concept des brigades de recherches el de contre-sabotage – les BRCS – est né, il donne à celle de Bien Hoa le nom de ” commando Colonel Sérot ” assassiné à Jérusalem le 17 septembre 1948. En septembre 1953, il est le chef de l’antenne aéroportée de renseignement opérationnel auprès du Général commandant en chef en Indochine, notamment pour l’opération ” Atlante “et Dien Bien Phu où, dès fin 1953, il appele l’attention du commandement sur le choix de la cuvette qui ne lui paraît pas judicieux, compte tenu des renseignements dont il dispose. Par la suite il organise une filière d’évasion pour les personnalités vietnamiennes pro-françaises qui souhaitent rester à nos côtés et, en septembre 1955, il est rappelé en France. En mars 1956, il participe à la création pour l’Algérie, sur décision du Général de Maricourt, des Commandos Parachutistes de l’Air, dont il assure, jusqu’en 1961, la conduite opérationnelle. Affecté à Paris comme directeur et inspecteur des Commandos Parachutistes de l’Air il demande, en janvier 1963, un congé pour convenance personnelle compte tenu de l’attitude officielle à l’égard des Commandos de l’Air. Il occupe ensuite, pendant dix ans, diverses fonctions au sein de l’Armée de l’Air, notamment à la direction du personnel militaire (DPMAA) et il devient conseiller ” Commando ” avant d’être appelé à la direction de la Sécurité Militaire comme Chef d’État-Major inter-armées, de 1974 à 1976. Son dernier commandement sera celui de la base aérienne de Chartres, de 1976 à 1978. Il sera alors nommé Général de Brigade Aérienne en 2e section.
Entre temps, il adhère à l’amicale des Anciens des Services Spéciaux de la Défense Nationale (A.A.S.S.D.N.) et en devient administrateur en 1978, puis Président National Adjoint.Il sera également un membre influent de plusieurs autres associations ou fédérations patriotiques. Grand’Croix de la Légion d’Honneur, Grand’Croix de l’Ordre National du Mérite, titulaire des Croix de Guerre 39-45 et des Théâtres d’Opérations Extérieures, de la Croix de la Valeur Militaire et de la Croix de la Vaillance Vietnamienne avec treize citations dont huit palmes ainsi que de la Médaille de la Résistance et de bien d’autres décorations. Blessé à cinq reprises.
Décédé le 6 mai 2006
Bio reprise au sein du discours d’adieu du Président de l’AASSDN le 12.05.06