Le témoignage de Pierre ORDIONI
Sous le titre « Tout commence à ALGER », notre camarade Pierre ORDIONI vient de publier en Novembre 1972, aux Editions STOCK, un ouvrage d’une importance exceptionnelle.
Il s’agit du témoignage capital d’un homme que ses fonctions successives de Directeur de Cabinet du Préfet d’Alger de 1940 à 1942 et de Chef de la Délégation de l’Algérie de Novembre 1942 à Juin 1943, ont placé au coeur même du drame qui se jouera en Afrique du Nord entre 1940 et 1944 et dont les prolongements seront la rébellion de SETIF en Mai 1945, et les événements tragiques de 1954 à 1962
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Bien des fois le témoignage se mue en réquisitoire, car homme d’honneur demeuré fidèle à une éthique basée sur le respect absolu des valeurs traditionnelles de l’Occident Chrétien, Pierre Ordioni s’insurge contre toutes les manifestations de bassesse, d’esprit de compromission, voire de « machiavélisme » dont l’époque terrible qu’il nous fait revivre a malheureusement été prodigue.
Officier de réserve, fait prisonnier avec les honneurs de la guerre lors des combats de Toul, le lieutenant ORDIONI n’a pas moisi en captivité. Après une évasion pittoresque qui l’a amené à Paris dans un train de permissionnaires allemands se rendant en touristes encadrés visiter notre Capitale conquise, il a décidé de rejoindre la Zone Libre.
A Vichy, présenté à M. PEYROUTON, Ministre de l’Intérieur, il s’est vu proposer le poste de Directeur de Cabinet de M. PAGES, Préfet d’Alger.
Avec lui, le lecteur découvre tout d’abord l’Algérie de l’époque du « proconsulat » du Général WEYGAND, l’oeuvre accomplie par ce grand soldat – incarnation même de cette éthique à laquelle se réfère Pierre ORDIONI, et l’espérance que cette oeuvre fait renaître au coeur de tous ceux qui brûlent de reprendre le combat. Au passage, l’auteur souligne l’action efficace du 2e Bureau dirigé par le Commandant NAVARRE et de nos Services pour assurer la sécurité de la renaissance en cours.
Pendant ce temps, à Vichy, les intrigues se poursuivent. La forte personnalité du Général WEYGAND, dont les Allemands exigent le départ d’Afrique du Nord, gêne certaines ambitions. C’est finalement le rappel du Général dans les conditions que nous connaissons. Pierre ORDIONI nous décrit à ce propos la consternation que cette mesure a provoquée à Alger parmi tous ceux qui avaient placé leurs espoirs dans l’ancien Généralissime. Certains espèrent que ce dernier ne s’inclinera pas devant les ordres de Vichy, mais son Chef de Cabinet, le Commandant GASSER, se charge de leur rappeler que le Général WEYGAND ne donnera jamais « l’exemple de la rébellion ». « Jamais il n’entraînera l’armée dans une aventure. Jamais il ne commettra un acte qui puisse rompre son unité, ni celle de la France ». Or, ainsi que le constate Pierre Ordioni :« N’est-ce pas, en vérité, pour toutes ces vertus que nous sommes tous si passionnément attachés à la personnalité du Général WEYGAND ? » Il est certain – et l’auteur le souligne avec force – que le rappel en France et la mise à la retraite du Général WEYGAND ont clos « un chapitre à peine ébauché de l’histoire de France, de l’histoire de notre Civilisation ».
Avec WEYGAND à Alger en Novembre 1942, on n’eut certainement pas assisté à l’effroyable gâchis moral, à l’indescriptible confusion intellectuelle qui constitueront la base douteuse du développement ultérieur de notre histoire. Malheureusement, il n’est pas en notre pouvoir de refaire l’histoire, cette histoire que la plume souvent féroce de Pierre ORDIONI nous fait revivre vue des coulisses. WEYGAND parti, les pouvoirs dont il disposait sont ventilés entre le Gouverneur CHATEL et les différentes autorités militaires et civiles. Depuis Décembr…