Une grande puissance peut en cacher une autre. Les Français qui ont découvert l’Inde à travers le visage de Lakshmi Mittal n’ont pas encore pris la mesure du bouleversement lié à l’émergence de ce pays sur la scène mondiale. Plus encore que la Chine, c’est l’Inde qui va changer la donne économique mondiale.
Et pour cause : elle mise d’emblée sur l’exportation de services à haute valeur ajoutée, qui étaient jusqu’alors l’exclusivité des pays développés.
Devenue le royaume des délocalisations high tech, l’Inde empiète sur ce qui était encore, il n’y a pas si longtemps, notre domaine réservé. Ce livre dévoile le secret du décollage indien : l’élitisme, profondément ancré dans la culture indienne et la religion hindouiste.
C’est cet élitisme multimillénaire qui permet à l’Inde de « produire » une petite minorité urbaine anglophone, global Indians aux compétences internationales, branchée sur la mondialisation et qui s’en saisit avec enthousiasme.
C’est ce même élitisme ancestral qui rend acceptables les nouvelles inégalités issues de l’enrichissement de ces nouveaux privilégiés. Alors que l’Inde décolle, la France stagne.
Et pour cause : les deux pays se situent aux deux pôles de la mondialisation. A la France, pays riche et égalitaire, s’oppose l’Inde, pays émergent et élitiste.
De la middle class indienne ultra-dynamique à nos classes moyennes déboussolées, l’auteur construit un va-et-vient très éclairant. Il en découle que les classes moyennes des pays développés ne sortiront pas forcément gagnantes de cette nouvelle concurrence.
Outre-Atlantique, on n’hésite pas à poser la question : sommes-nous toujours les gagnants du libre-échange ? En France, en revanche, ce débat reste tabou. C’est cet étrange silence que le livre entend briser. Oui, l’émergence de l’Inde change la donne. Oui, nos classes moyennes risquent de perdre au change…
Avis journalistique
Paru dans la Croix le: lundi 31/12/2007 – Sous-estime-t-on les conséquences du foudroyant essor de l’Inde ? Les pays occidentaux ne jouent-ils pas gros en y exportant leurs bureaux et laboratoires ?
Si l’outsourcing (externalisation d’activités) permet de diminuer le prix des produits et d’augmenter les profits à court terme, quels emplois restera-t-il, dans deux décennies, aux États-Unis ou en Europe ?
Ces questions nous assaillent après avoir refermé la fascinante (et effrayante) enquête d’Ève Charrin, journaliste spécialisée dans l’économie, qui a vécu deux ans à New Delhi.
Son ouvrage n’a pourtant rien d’un pamphlet antimondialisation. À mille lieues de l’Inde idéalisée des touristes, elle nous guide dans un pays en plein bouleversement et plus que jamais coupé en deux. Une petite élite, occidentalisée en apparence, profite à plein des emplois que les multinationales délocalisent en Inde.
Le système de castes, ancré dans les mentalités, légitime les inégalités et leur permet de s’offrir une armada de domestiques pour quelques roupies. Mais, pour 90 % de la population, rien n’a changé. Cocasse scène que celle des étudiants de Bombay, en jean et basket de marque, invités par des militants des droits de l’homme dalits (intouchables) à aller suivre la tournée des éboueurs dans un quartier populaire. Inconcevable pour eux de parler une autre langue que l’anglais, leur signe d’appartenance aux « îles » de prospérité du pays.
Cet ouvrage, fouillé et agréable à lire, laisse, il faut bien le dire, un goût amer à propos de ce pays. Mais il pose les questions, que se pose tout Occident…
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